Chapitre 2 : Quand les traditions résistent

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Point de vue de Rafaela

***

    J'suis en retard, j'suis en retard, j'suis en retaaaard !

    Putaaaaain ! Je claque la porte de ma chambre, mon pantalon toujours en bas de mes chevilles. Je manque de tomber à plusieurs reprises mais j'arrive enfin à l'attraper et à le remonter tout en me posant une seconde près des escaliers. Je les descends enfin, me concentrant sur ma ceinture que j'attache bien serrée. Je me précipite vers la cuisine, j'ouvre la porte et manque de peu d'assommer mamie Sophie.

    — Lo sieeeento ! je m'exclame en me jetant sur le comptoir devant moi.

    — Rafaela ? Mais qu'est-ce que tu fais encore là ? me demande-t-elle en attachant son tablier du lundi. Celui recouvert d'une centaine de petites fleurs jaunes.

    — J'suis en retaaaaard !

    J'attrape un tupperware dans le placard et ouvre alors le frigo rapidement. La seule chose que je peux emporter c'est une pomme. Une pomme. Oh mon Dieu, je vais mourir de faim. Je me retourne et miracle, il reste des biscuits de mamie, ceux à la cannelle. J'en attrape une dizaine que j'enfourne dans mon récipient avant de le refermer et de le jeter dans mon sac à dos. Je chope un énième gâteau que je viens, cette fois-ci, porter à ma bouche.

    — Ché à cauche de Woodch ! Ch'ai du attraper Pichfles dans la nuit, dis-je en essayant de parler la bouche pleine avant d'avaler. Je l'ai eu qu'à 6h ce matin, j'suis rentrée et j'me suis endormie au lieu d'aller prendre ma douche.

    Je tilte à ma phrase et lève alors le bras pour me renifler. Oh suuuuuuuper. 24h sans me laver, génial.

    — Attends, me dit alors ma grand-mère, comprenant ma détresse.

    — J'ai pas leeee temps !

    Et je me remets à « courir » vers la porte d'entrée.

    — Rafaela Ramos ! Ici ! m'ordonne-t-elle alors que je suis déjà en train d'enfiler mes bottes.

    Je la regarde et la vois approcher avec ce qui semble être un désodorisant pour la maison. J'hausse un sourcil et c'est alors que je comprends son délire.

    — Mamie non, j'vais puer les chiottes avec c'te merde ! je lui lance alors que j'aperçois déjà son petit bras se tendre vers moi. Je lève les miens pour me protéger de son attaque mais trop tard.

    Psssssschhhhhh. Psssssch, psssssch.

    Putain mais c'est qu'elle n'abuse pas en plus.

    — Noooooooon, je crie avant d'agiter les bras pour chasser l'odeur de pin déjà bien accrochée sur mes vêtements. Je crois bien en avoir même dans la bouche.

    — Tu me remercieras plus tard, me dit-elle alors, fièrement, avant de repartir en se dandinant jusque dans la cuisine.

    Je secoue la tête un sourire aux lèvres. Elle est incroyable. Mais maintenant, je pue.

Je finis enfin par enfiler ma dernière chaussure, sans en défaire les lacets bien sûr, ce qui me vaut une petite douleur au niveau du talon. Tant pis. Je mets ma grosse parka d'hiver et je sors enfin du chalet. Un dernier coup d'œil sur ma montre. Meeeeeerde. Vite ! Sans attendre j'ouvre la portière de mon Navara D40 rouge, mon petit bébé, mon petit bijou et jette mon sac sur le siège passager. Bien-sûr, j'attrape un dernier biscuit de mamie que je cale entre mes dents avant de démarrer. Je me concentre enfin sur mon volant. AAAAAARG MAIS. Évidemment le pare-brise est gelé. Ce n'est vraiment pas mon jour. Je sors, rentre comme une furie dans la maison, récupère une bouteille vide, que je remplis d'eau chaude, et ressors à toute vitesse.

Coup de foudre à BigforkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant