Roméo et Julien (bxb) [terminée]

7. Julien

L’alpha le fixait sans un mot, le visage dépourvu de toute expression. Ses cheveux blonds étaient ébouriffés par sa course et ses joues colorées par le froid. Il était beau. Bien plus encore que les acteurs de cinéma que Julien admirait en cachette. Roméo faisait partie de ces hommes que les femmes devaient s’arracher et l’oméga n’arrivait pas à croire qu’il puisse s’intéresser à quelqu’un d’aussi insignifiant que lui. 

Julien sentit sa gorge s’assécher et se dandina sur la table. Il voulait que Roméo l’embrasse. Il était rempli de méfiance et craignait de s’être fait manipuler. Mais cela lui était égal à côté de l’attraction que l’alpha exerçait à présent sur lui. Son buste pivotait instinctivement à chaque mouvement de l’alpha, comme si ce dernier était un astre et lui une malheureuse planète à jamais captive de sa gravité. Il était heureux que Roméo ait accepté de venir le rejoindre. Ils risquaient gros, tous les deux, s’ils se faisaient surprendre ensemble ainsi, au milieu de la nuit. Julien n’aimait habituellement pas se mettre en danger. Ce soir-là, cependant, le péril encouru ne faisait que renforcer son excitation. 

Roméo fit quelques pas en avant jusqu’à se retrouver à quelques centimètres de la table de ping pong. L’oméga respira son odeur et sentit son corps s’enflammer encore davantage. 

— Julien… 

C’était la première fois que l’alpha prononçait son prénom et Julien frémit de la tête aux pieds. 

— O… oui ? couina-t-il. 

Roméo l’embrassa et l’oméga perdit tout ce qui lui restait de raison. L’instant d’après, il se retrouva debout, collé contre l’alpha, les bras pendus à son cou, savourant le goût merveilleux de ses lèvres. 

Ils finirent par se lâcher à regret. Roméo l’observait avec intensité et l’oméga sentit tous ses doutes s’envoler. Non, l’alpha ne pouvait pas se jouer de lui. Il y avait dans son regard une passion sincère qui reflétait celle qui faisait chavirer le coeur de Julien. 

— Je crois que nous sommes des âmes sœurs, déclara soudain Roméo. 

Julien ouvrit la bouche, stupéfait. 

— Ce… ça n’existe que dans les histoires, les âmes sœurs, protesta-t-il, incrédule. 

L’alpha secoua la tête. 

— Non. C’est juste très rare. Comment expliques-tu autrement ce lien qui nous unie ? Quoi d’autre pourrait me pousser à être ici auprès de toi, en pleine nuit, dans la maison de mes ennemis ? Nous ne nous connaissons que depuis quelques heures, et pourtant j’ignore comment je pourrais vivre sans toi. Ton visage obsède chacune de mes pensées. Et lorsque je songe à ton fiancé… 

Les poings de l’alpha se serrèrent. Julien posa les doigts sur ses mains pour les décrisper. Il ne voulait pas se préoccuper de Patrick Reich. Pas ce soir. Ils n’étaient pas encore mariés. 

— Tu… tu as songé à moi en quittant la fête ? demanda-t-il, saisi de ravissement. 

— Tu n’as jamais quitté mon esprit, assura sérieusement Roméo. 

Julien se mordit la lèvre. 

— Je… j’ai aussi pensé à toi, reconnut-il. Un peu. 

Il ne voulait pas avouer qu’il n’avait fait que cela. Roméo, cependant, semblait lire en lui comme dans un livre ouvert. 

— Tu es adorable, princesse, murmura-t-il avec son petit sourire en coin. 

Roméo le serra contre lui et enfouit son nez dans son cou.