Roméo et Julien (bxb) [terminée]

15. Julien

Julien se réveilla avec la toute première gueule de bois de son existence. Et la dernière, décida-t-il fermement en grognant. Il avait mal au cœur et la tête qui tournait. 

Son premier réflexe fut de saisir son téléphone pour voir si Roméo lui avait écrit. C’était bien évidemment le cas. 

Je ne me sens pas bien, se plaignit l’oméga en posant une main sur son front douloureux.

Après une seule bière, princesse ? s’étonna l’alpha. 

Julien repoussa le portable, un peu vexé. Ce n’était pas de sa faute s’il ne tenait pas l’alcool ! 

Poussant un profond soupir, le jeune homme s’allongea à nouveau sur son vaste lit. Il aurait aimé se réveiller à nouveau avec Roméo à ses côtés. Lorsqu’il enfouit non nez dans sa couverture, il eut l’impression que l’odeur de son alpha y était encore imprégnée. 

On frappa à sa porte. 

— Hm… oui ? marmonna-t-il d’une voix faible. 

Sa mère entra et s’avança vers lui.  Julien se redressa pour lui faire face et lui adressa un pâle sourire. 

— Mon chéri, tu as une tête épouvantable. Je pense vraiment que je devrais appeler le docteur Wolf. 

— Non ! 

Il ne pouvait pas être examiné par le médecin de la meute Zorn qui ne manquerait pas de remarquer la belle marque qui ornait désormais son cou. 
L’oméga vérifia instinctivement que le foulard qui ne le quittait plus était bien en place. 

— Ton mal de gorge ne s’arrange pas ? 

Julien secoua la tête, trop embarrassé pour mentir ouvertement à voix haute. Il ne lisait sur le visage de sa mère que de l’inquiétude et nulle trace de suspicion. Personne n’irait soupçonner de quoi que ce soit le petit oméga Zorn toujours si sage et obéissant… 

Sa mère secoua la tête d’un air réprobateur et entreprit de mettre de l’ordre sur le lit. 

— Tu dois te laver au plus vite. Patrick Reich est dans le salon et t’attend. 

Julien sentit son ventre se serrer de panique à l’idée de savoir son fiancé dans la maison. 

— Quoi ? Que me veut-il ? s'inquiéta-t-il. 

Sa mère lui tendit sa robe de chambre et ouvrit les rideaux en grand. Il cligna des yeux, ébloui. 

— Juste te saluer et te souhaiter une bonne année. C’est très gentil de sa part. Enfile donc l’ensemble que nous avons acheté ensemble l’autre jour. Tu es adorable avec. 

L’oméga fut soudain pris d’un haut de cœur et se précipita vers sa salle de bain. Il eut tout juste le temps d’atteindre la cuvette des toilettes avant de vomir le maigre contenu de son estomac. 

Il sentit sa mère le rejoindre. 

— Mon bébé ! Que t’arrive-t-il ? 

Julien se tordit les doigts. 

— Maman… , marmonna-t-il sans la regarder. Je… je ne suis pas certain d’avoir envie d’épouser Patrick Reich… 

Amandine Zorn lui caressa doucement les cheveux. 

— Mon chéri, soupira-t-elle. Je sais que Patrick est un homme plutôt froid au premier abord. Mais il a une excellente réputation et des revenus plus que suffisants pour t’assurer le train de vie dont tu es habitué. 

Julien continua d’éviter le regard de sa mère. L’alpha disposait peut-être d’une réputation entière, ce qui ne serait bientôt plus son cas. Il resterait sans doute dans les annales de la meute Zorn comme un oméga dévergondé qui s’était fait marquer par un Müllenheim le jour même de ses fiançailles.