Roméo et Julien (bxb) [terminée]

21. Zorn et Müllenheim

— Julien ? 

Amandine Zorn frappa une nouvelle fois contre la porte, attendant en vain une réponse. 

Julien lui causait beaucoup de souci en ce moment. Son petit garçon semblait si angoissé et malheureux de son mariage à venir ! Patrick Reich n’était certes pas un homme très chaleureux. Mais il était honnête et fortuné. Et il habitait non loin de Strasbourg. Amandine ne voulait pas que son enfant aille s’établir trop loin d’elle. 

— Julien ? insista Mme Zorn. 

Elle n’hésita pas davantage et entra. 

— Mon bébé ? demanda-t-elle en regardant tout autour d’elle. 

Julien n’était pas en vue. La couverture sur son lit était légèrement froissé, comme s’il s’y était trouvé allongé peu de temps auparavant. L’un des oreillers était de travers et Amandine ne put s’empêcher de le soulever pour le remettre à sa place. Elle interrompit son geste en découvrant une petite enveloppe blanche portant son nom et celui de son mari. Mme Zorn s’empressa de la déchirer pour prendre connaissance de son contenu. 

Le cri d’Amandine s’entendit jusqu'à la rue. 

À plusieurs centaines de mètres de là, Xavier Müllenheim recevait un coup de fil qui le laissait pour le moins perplexe. 

— Et pour quelle raison mon fils aurait-il menacé cette personne avec une arme ? demanda-t-il froidement au policier. 

Ce dernier semblait extrêmement embarrassé d’avoir dû annoncer une telle nouvelle au chef de meute. 

— Je l’ignore, monsieur. 

M. Müllenheim raccrocha, contrarié. Qu’est-ce qui pouvait bien être passé par la tête de Roméo ? Est-ce son mariage à venir qui le mettait dans cet état ? 

Le chef de meute composa un autre numéro pour appeler son bras droit. Quelques minutes plus tard, cinq longues voitures aux armoiries de la meute se dirigeaient à vive allure vers le centre de Strasbourg. 

— Julien ! hurla Mme Zorn en pénétrant en trombe dans la cathédrale. 

Elle était suivie de son mari et d’une vingtaine de loups de la meute. Ils s’arrêtèrent net en tombant sur un nombre égal de Müllenheim qui parlementaient avec un groupe de policiers. 

Les quelques touristes encore présents dans la cathédrale s’empressèrent de fuir, effrayés. Personne n’avait envie de se trouver pris dans une querelle entre deux meutes d’une telle importance. 

Le sang d’Amandine ne fit qu’un tour. Si les Müllenheim étaient là, cela signifiaient qu’ils étaient nécessairement liés à la disparition de son petit ! 

Mme Zorn se dirigea à grands pas furieux vers Xavier Müllenheim. 

— Où est mon fils ? hurla-t-elle. Qu’avez-vous fait de lui ? 

M. Müllenheim haussa un sourcil. 

— Votre fils ? C'est le mien que je cherche ! 

Amandine plissa ses paupières. 

— Mon Julien est ici, je le sais. Si vous lui avez fait le moindre mal… 

Elle n’acheva pas sa menace. Xavier Müllenheim ne se laissa pas effrayer le moins du monde. Il remarqua du coin de l’œil que le jeune Martin, un alpha de sa meute ami de Roméo, s’agitait depuis un bon moment comme s’il hésitait à parler. 

Le chef de meute se tourna vers lui. 

— Qui a-t-il donc ? Parle, mon garçon. 

Le jeune homme prit une profonde inspiration. 

— Roméo et Julien se fréquentent. Ils… ils s’aiment et se sont liés. 

Un silence stupéfait s’ensuivit. Les policiers eux-mêmes n’osaient plus rien dire. Amandine Zorn fut la première à se reprendre. 

— Comment votre fils a-t-il osé toucher à mon bébé ? cracha-t-elle à la face de Xavier Müllenheim. Julien est fiancé ! 

— Roméo l’est également, protesta M. Müllenheim de son ton froid. Et je peux vous assurer que, moi vivant, jamais il ne lui sera permis de s’enticher d’un Zorn. 

Édouard Zorn fit un pas menaçant en avant. Xavier Müllenheim sortit sans se presser un pistolet automatique de sa poche qu’il braqua sur son adversaire. Aussitôt, une bonne partie des loups présents se retrouvèrent armés jusqu’aux dents. 

— Allons, Mesdames, Messieurs, protestèrent les policiers dans un vain espoir de calmer les deux meutes. 

Ils n’insistèrent cependant pas davantage et il était devenu évident qu’un combat sanglant allait une nouvelle fois opposer les Zorn et les Müllenheim.