Roméo et Julien (bxb) [terminée]

17. Julien

Julien tournait en rond dans sa chambre, incapable de se calmer. Il avait eu honte, si honte, lors de sa confrontation avec son ancien fiancé. Et il n’avait plus qu’une semaine avant de voir la vérité éclater sur sa déchéance ! Si Patrick Reich tenait parole. Il était peut-être si furieux contre la trahison de Julien qu’il allait tout révéler à Édouard Zorn pour exiger réparation. 

Le petit oméga se tordit les doigts en gémissant. Qu’allait-il pouvoir faire ? Ses parents allaient le tuer lorsque l’alpha révélerait à tous son infidélité ! Non sans raison… Il parcouru du regard sa chambre propre et soignée. C’était là une pièce adaptée pour un oméga sage et innocent. Ce qu’il n’était plus. 

Julien s’obligea à respirer correctement. Il n’était pas seul. Il avait Roméo. Son âme sœur trouverait une solution. Il l’avait promis. Julien allait lui téléphoner pour lui expliquer la situation et… 

Le ventre du jeune homme se noua. Il savait que Roméo était attaché à sa meute et à sa position d’héritier. Peut-être ferait-il mieux de partir seul pour cesser de l’importuner. Oui, mais comment pourrait-il seulement vivre sans son alpha ? Ce dernier lui était devenu aussi indispensable que l’air qu’il respirait ou que la nourriture qu’il mangeait. Il dépérirait loin de lui, comme une plante privée d’eau. 

Julien prit une profonde inspiration et sortit son téléphone portable de sa poche. Il allait appuyer sur le petit téléphone vert pour lancer l’appel lorsqu’il remarqua qu’il avait reçu une notification d’actualités d'un journal local. Il la fit glisser et lut “La meute Müllenheim annonce le mariage à venir de son héritier”. 

Le cœur de l’oméga s’arrêta et il cliqua sur la page dans un état second. La photographie d’une magnifique jeune femme aux jambes interminables s’afficha. Roméo se tenait à côté d’elle, un peu en retrait. Il semblait sur la défensive tandis que la personne à côté de lui souriait de toutes ses dents. Elle avait agrippé la main de l’alpha qu’elle serrait comme pour l’empêcher de se dégager. Son autre main était négligemment posée sur son ventre. 
En-dessous de l’image se déroulait un texte en lettres bleues. 

Quelques jours après les fiançailles du fils d’Edouard Zorn, la meute rivale se préoccupe à son tour du futur de sa lignée. Les Müllenheim viennent en effet d’annoncer le mariage à venir très prochainement de leur héritier Roméo avec la charmante Samantha, sa petite-amie de longue date pour laquelle il éprouve une passion ardente. 

Les mains de Julien se mirent à trembler toutes seules et il faillit laisser tomber son téléphone. Qui était donc cette Samantha ? Roméo ne l’avait jamais mentionnée ! Et quelle était cette histoire de "passion ardente" ?! 

Selon nos sources, continuait le journaliste avec enthousiasme, le jeune couple attend déjà un heureux événement qui ne devrait manquer de réjouir la meute Müllenheim. 

Julien relut cinq fois la dernière phrase, dans un état second. Un heureux événement ? C’est-ce à dire... un bébé ? Roméo allait devenir père ? De cette femme ? 

Julien observa à nouveau la jeune fille de la photographie. Il se sentit si insignifiant à côté d’elle. Qui pourrait le préférer à une telle beauté ? Elle ressemblait en tous points à l’idée qu’il se faisait d’une compagne de chef de meute. Elle était grande et belle, sûre d’elle-même, fertile, et n’était pas la fille unique du chef d’une meute ennemie. 
Le petit oméga se mit à trembler de tous ses membres. Pourquoi Roméo lui avait-il caché ce fait ? Était-il donc vrai qu’il éprouvait pour elle quelque passion ? Sans doute oui, à présent qu’elle portait son enfant. Il n’avait d’autre choix que de la prendre auprès de lui. Julien n’était pas en droit de lui en vouloir. Roméo faisait simplement le choix le plus sage, le plus raisonnable. Leur brève passion si brillante et merveilleuse n’aura duré que le temps que prenait une étoile filante pour traverser le ciel. Peut-être était-elle tout simplement bien trop belle pour pouvoir exister. 

Pris d’une crise de frénésie, le Julien lança son téléphone contre le mur. L’appareil retomba sur le sol, aussi brisé que son cœur. Le petit oméga s’écroula sur son lit et fondit en larmes. Il enfouit son visage dans ses draps à l’endroit même où Roméo lui avait une nuit fait l’amour. Il effleura le tissu du bout des doigts, se remémorant les caresses si douces de l’alpha. Les mains de Roméo s’étaient promenées sur sa peau nue. Ses lèvres tendres s’étaient abattues sur les siennes. Julien s’était offert à lui, corps et âme. Il n’avait marqué aucune hésitation. Et, encore aujourd'hui, il recommencerait encore et encore si cela pouvait lui être permis. 

Julien pleura jusqu'à ce que ses larmes se tarissent. Les yeux secs, il se sentait vide. Tout bonheur lui avait été ôté. Son cœur n’était plus qu’un trou béant. Il avait perdu tout ce à quoi il tenait. Il n’avait plus ni présent ni avenir. 

Une seule chose restait certaine. Il ne pouvait plus vivre en ce monde sans son Roméo. S’il lui était impossible de rester à ses côtés, alors il n’avait plus qu’à mourir.