9. Julien

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Du calme, princesse. Peut-on se retrouver dans vingt minutes au marché de Noël de la cathédrale ?

Julien relut le message de Roméo une bonne dizaine de fois. Ses mains tremblaient et il peinait à maintenir en place le téléphone. Il s'était réveillé ce matin-là dans un état de panique avancée qui semblait augmenter encore davantage à chaque seconde. La marque à son cou était rouge et se voyait à des kilomètres. Ses parents allaient la voir. Les membres de sa meute allaient la voir. Le monde entier allait la voir !

OK, répondit simplement Julien au message, au bord de l'évanouissement.

Julien avait passé le déjeuner le cou enveloppé d'un foulard en expliquant à tout le monde avoir pris froid pendant la fête de la veille. Sa mère l'avait cajolé et lui avait fait préparer une tisane. Julien s'était senti mal. C'était la première fois qu'il mentait aussi ouvertement à sa famille. Et il était évident qu'il serait à présent amené à le faire presque quotidiennement. Jusqu'à ce que l'inévitable vérité éclate au grand jour et que sa famille le rejette...

Une chose était cependant certaine. Il ne regrettait pas une seule seconde d'avoir demandé à Roméo de le marquer. Cela lui avait semblé la seule chose à faire. Il ne pouvait plus s'engager auprès de Patrick Reich ni auprès de personne d'autre à présent qu'il avait rencontré son âme sœur.

Julien réfléchit à la meilleure façon de s'échapper du manoir. Il n'était pas censé se promener seul en ville. En tant qu'oméga et fils du chef de la meute Zorn, il était une cible facile pour les Müllenheim. Ses parents le faisaient donc toujours escorter d'au moins deux ou trois personnes. Ce qui était absolument impossible aujourd'hui !

Le jeune oméga ouvrit son placard et enfila son manteau le plus chaud, une paire de gants en laine et une immense écharpe qu'il enroula au moins dix fois autour de son cou pour être bien certain de camoufler sa marque. Il compléta son attirail par une paire de lunettes de soleil opaques qui lui mangeait la moitié du visage.

Il descendit l'escalier sur la pointe des pieds sans rencontrer personne.
Le jardin était désert. Les domestiques devaient être occupés à préparer le repas de Noël et sa famille emballait les cadeaux pour le réveillon de ce soir. Julien ne pouvait pas sortir par la porte principale. Un garde s'y tenait pendant la journée pour contrôler toutes les entrées et sorties. Le petit oméga leva les yeux jusqu'à sommet de la grille de la propriété qui se terminait par des pointes acérées. Non, il ne serait pas capable de l'escalader. Roméo avait raison. Il n'était qu'une princesse incapable de se servir de ses dix doigts.

Julien se mordit la lèvre. Il devait bien exister un moyen de s'évader de cette forteresse ! La perspective de revoir Roméo lui était bien trop nécessaire pour qu'il abandonne si vite.

Il vit soudain du coin de l'œil un mouvement sur sa droite. Des livreurs étaient en train d'apporter des caisses par une entrée secondaire grande ouverte. Cette dernière était laissée sans surveillance entre deux passages.

Julien fonça. Il se faufila à travers l'ouverture et continua à courir jusqu'au prochain tournant. Il s'arrêta alors, hors d'haleine.

Il lui faudrait ensuite trouver un moyen de rentrer dans le manoir. Il ne pouvait pas attendre, comme Roméo, le milieu de la nuit. Julien décida qu'il s'en préoccuperait plus tard. Son alpha l'attendait et il sentit son rythme cardiaque s'emballer à cette idée.

La place de la cathédrale n'était qu'à un pâtée de maison de là et Julien arriva très vite devant le marché de Noël. Il commença à déambuler au milieu des petites cabanes en bois, admirant leurs devantures. Une délicieuse odeur de pain d'épices et de vin chaud imprégnait les lieux. Il espérait tomber bientôt sur Roméo. Il faisait sombre, il avait froid et il ne voyait presque rien avec ses lunettes de soleil. Ces dernières étaient trop grandes pour lui et ne cessaient de glisser. L'oméga se sentait mal à l'aise au milieu de la foule.

Roméo et Julien (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant