Reflets parfaits • namjin

• chapitre 7.5 •

tw // état dépressif, abus d'alcool.

Même immobile, allongé sur son lit à ne rien faire, tout autour de Seokjin tournait.

Sa chambre était devenue une sorte d'aquarium, où l'air lui manquait à s'en étouffer. Ses dessins inachevés au mur, ses partitions éparpillées, son ordinateur à peine touché et son lit où rien ne se passait comme prévu, lui rappelaient les choses qu'il avait ratées. Tout.

Sortir n'était pas une solution. Il ne voulait pas affronter l'extérieur. Rien que la cuisine, et le regard désapprobateur de ses colocs, lui étaient insupportables. Il avait l'impression d'être un enfant de cinq ans, quand ils le poussaient à manger quelque chose, quand ils lui disaient de ne pas boire autant. Alors il ne faisait que passer en coup de vent, uniquement quand c'était nécessaire.

Ils disaient qu'ils s'inquiétaient seulement, et qu'ils ne voulaient que son bien. Seokjin se demandait bien à quoi ça leur servait. Sans eux, il n'osait pas imaginer comment il aurait fini. Sans lui, ils seraient probablement bien plus tranquilles.

Et Seokjin haïssait cette dépendance aux autres qu'il avait développée. Surtout quand ces autres finissaient par se lasser, et lui tourner le dos. En témoignait le fait qu'après avoir reçu quelques messages apparemment inquiets, le téléphone de Seokjin avait vite arrêté de vibrer. De toute façon, il déclinait tous les appels, ignorait tous les textos.

C'était de sa faute s'il se retrouvait, une nouvelle fois, seul.

Il restait des heures enroulé dans sa couette, incapable de faire un geste. Parce qu'il avait mal. De ses yeux bouffis à son estomac qui le torturait, de sa tête qui le lançait à toutes ses courbatures. Il ne se demandait même plus d'où ça venait. Entre tout ce qu'il ingérait pour modérer la douleur, les heures à pleurer toutes les larmes de son corps sans s'arrêter, c'était impossible de savoir.

Peut-être que son corps était si fatigué de se haïr, qu'il finissait par lâcher.

Seokjin savait qu'il en faisait probablement trop. Il savait que son comportement lui vaudrait de nouvelles étiquettes. Dramatique, susceptible, excessif. Cinglé, incontrôlable, infréquentable. Il savait que dehors, la vraie vie continuait ; et que pendant qu'il se détruisait pour quelqu'un d'autre, le travail s'accumulait, les rumeurs couraient, le temps filait. Chaque jour s'ajoutait aux autres, si flous et répétitifs que Seokjin ne les comptait plus.

Il savait parfaitement tout ça. Et pourtant, il n'arrivait pas à en prendre conscience, et surtout pas à arrêter. Alors il culpabilisait, s'intoxiquait pour ça, et culpabilisait encore plus. Un cercle vicieux où il n'en avait jamais fini de se noyer.

C'était tellement cliché, aurait pu dire Seokjin à sa psy, quelques mois plus tôt. Qui tomberait là-dedans ? Il faudrait être taré. Il faudrait être stupide pour sombrer, n'importe qui s'en rendrait compte bien avant que ce soit trop tard. Et puis c'est bon, il y a une différence entre quelques verres et l'addiction. Il était juste jeune, pas alcoolique ; fêtard, pas irresponsable.

Il aurait pu lui dire ça, et il aurait même pu le dire avec un rire confiant. Sans savoir qu'il se trouverait dans cette situation un jour, à tenter de combler un vide insatiable dans son cœur.

Ce vide était loin d'être nouveau. Il était, paradoxalement, fait de pleins de petites choses, accumulées année après année. Des petits mots mesquins, de mauvaises expériences, des idées noires qui prenaient tant de place qu'elles en effaçaient tout le reste.

Perdre Namjoon était une grande chose parmi ces petites choses. Car perdre Namjoon n'était pas seulement perdre une personne qui semblait le voir, au-delà de sa superficialité. C'était aussi perdre une personne qui le faisait sourire, grâce à qui il voyait les choses différemment, avec qui il voulait tout partager. La personne.