Chapitre 12 - La forme d'une poire

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Une peau pâle, des cheveux d'une blancheur neigeuse, des iris de la couleur de l'or.

Était-ce un rêve ? Non, les rêves n'avaient pas l'odeur de la fourrure et du chèvrefeuille.

Le monde explosait en couleurs douces et tendres, dans un matin froid d'hiver. C'était une peinture, celle de la joie indicible de la lumière retrouvée, sertie d'yeux comme des gemmes d'un autre monde.

— Depuis combien de temps m'observes-tu ? murmura Jaskier avec un sourire qui lui faisait mal aux joues tant il était grand.

— Hmm, répondit le sorceleur.

***

— Qu'est-ce que l'amour ? murmura Geralt.

Jaskier se redressa sur le lit, appuyé sur un coude. Quand il parla, sa voix était profonde, rêveuse :

— On sait peu de choses de l'amour. L'amour est comme une poire. Tente de définir la forme d'une poire.

Geralt poussa un soupir.

— Je déteste la poésie.

Il reçut un coussin au visage pour la peine.

***

— Tendresse, complicité, confiance, loyauté, honnêteté, respect, protection, générosité...

— Patience, de toute évidence, coupa le sorceleur.

— Évidemment. Dévotion. Intimité.

Geralt ne rougit pas. Non. Il fit un geste de la main, pour demander du temps.

Jaskier acquiesça. Il resta là, tout près, solide et tangible. Patient.

***

Avec une délicatesse dont peu de gens auraient cru un sorceleur capable, Geralt observa le visage de Jaskier, particulièrement ses yeux.

— Lambert va être insupportable, soupira-t-il. On ne saura jamais si sa potion a marché ou si la malédiction s'est dissipée. Ou autre chose.

— Dans tous les cas, je ne vais pas me plaindre, dit Jaskier.

— Tu sais qu'avec ta vue retrouvée, tu es à nouveau corvéable ? rappela Geralt.

Jaskier fit la grimace.

L'amour, les richesses et les heuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant