L'amour est un drama coréen (Terminé)

Chapitre 25

Les meilleurs plans sont toujours les plus simples.

J'ai prévenu Chloé en quelques mots : elle s'est rangée à nos côtés sans poser de question. Elle propose de faire le guet et de nous prévenir dès qu'il y aura du mouvement. Inutile de prendre le risque de se faire repérer tant qu'on n'est pas certains que Sam est bien séquestré dans le bâtiment.

A dix-sept heures, je reçois son message : Trevor et sa bande sont rentrés, Sam est avec eux.

- Il va bien ?

- Il n'avait pas l'air très heureux...

Sa réponse laconique m'inquiète. Il faut qu'on agisse vite.

On emprunte la voiture de Marc, le père de Léo, une grosse Peugeot noire qui passera plus inaperçue que la jeep. On a enfilé une tenue sport, pour le cas où il y aurait de la bagarre.

Le trajet jusqu'à Dijon se déroule dans une drôle d'atmosphère. Je me concentre sur la conduite. Ma fiancée reste silencieuse, je sens qu'elle se demande dans quoi elle s'est fourrée. Et Léo a pris le contrôle de la musique et programme des airs martiaux destinés à nous mettre dans l'ambiance. C'est quand il lance pour la troisième fois la B.O. de Pirate des Caraïbes que je commence à contester ses choix musicaux.

J'entends soudain la voix incertaine de Joy, rencognée à l'arrière de la voiture.

- Je ne comprends pas pourquoi on n'appelle pas la police !

Elle a raison... ça ne nous a même pas traversé l'esprit. Mais prévenir les autorités ce serait incriminer aussi Samuel. Et j'ai le sentiment qu'on peut régler cette histoire entre nous. J'adresse à Joy mon sourire le plus rassurant à travers le reflet du rétroviseur : dans un pays étranger, sans comprendre ce qui se dit, ni vraiment ce qui se fait, tout prend des proportions terribles. J'aimerais pouvoir la rassurer, mais je suis moi-même incertain de la tournure des événements.

On se gare non loin de l'ancien hôpital, planqués derrière une camionnette blanche.

Je contacte rapidement Chloé et on convient de se retrouver devant les grilles.

- Appelle-moi, exige Léo-Paul d'un ton sans réplique.

Je comprends où il veut en venir et je compose son numéro. Son téléphone sonne, il décroche et place le portable bien en évidence sur le tableau de bord. Puis il me regarde droit dans les yeux et me menace d'une voix ferme.

- Si tu raccroches, je débarque aussitôt. Si ça coupe, je déboule... Je veux entendre tout ce qui se passe et pouvoir intervenir en cas de besoin. On est bien d'accord ?

Ce n'est pas très pratique mais il ne me laisse pas le choix. En même temps, ça me rassure de savoir qu'il assure nos arrières. Je verrouille mon téléphone encore allumé et je le glisse dans la poche de mon bas de treillis.

- Ça va bien se passer, t'inquiète...

Léo se tourne vers Joy, en tapotant le fauteuil du conducteur.

- You come at the seat ?

Il mime un volant avec les mains, doublé d'un clin d'œil d'encouragement.

- You drive ?

Je sors et j'ouvre la porte arrière. Ma fiancée me demande en coréen, sur un ton qui a retrouvé tout son mordant.

- Tu es bien sûr de ce que tu fais ?

Heu... elle parle de notre expédition commando ou du fait de la laisser seule avec Léo ?

Je lui réponds que oui, en m'efforçant de me montrer plus convaincu que je ne le suis en réalité.