Chapitre 22

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Je sens le froid s'insinuer sous les draps et j'ouvre un œil vitreux.

- Huuun... Tu te lèves déjà ?

Vic me répond en chuchotant.

- Il est six heures... rendors-toi.

Je grogne en me redressant, à moitié réveillé.

- Je vais t'aider...

- C'est bon, tu peux dormir encore un peu. Je m'occupe des bêtes et je viens te chercher pour le petit-dej...

Sa réponse allume une petite flamme en moi, qui me sort un peu plus de mon sommeil.

- Juste le petit-déj ? je demande d'un ton aguicheur.

Elle rigole devant mon air émoustillé et le soubresaut du drap qui n'échappe pas à son regard sagace.

- Si tu es sage, je te l'apporte au lit !

Je me recale sous la couette et m'étire avec un soupir de satisfaction.

- Ah, c'est tellement mieux que les réveils avec Léo, crois-moi !

Elle éclate d'un rire léger et se faufile hors de la chambre, pendant que je me rendors comme un bienheureux.


Quelques heures plus tard, on termine le travail du matin, chacun concentré sur sa liste de tâches. Je ne peux m'empêcher de lui voler un baiser furtif chaque fois que je la croise... et je m'arrange pour la croiser souvent même si ça m'oblige à quelques détours à travers la ferme. Mais Victoire fait clairement la différence entre le boulot et le plaisir. Et si j'ai pu bénéficier du petit-déjeuner le plus polisson de toute mon existence, elle a repris à présent son air distant et semble totalement absorbée par les travaux agricoles.

On s'arrête un peu après onze heures et je pousse un ouf de soulagement. Le soleil tape fort et la nuit a été courte. Je profite du tuyau d'arrosage pour improviser une douche rapide dans la cour. Victoire sirote son café, confortablement calée contre un rebord de fenêtre, en m'observant avec un sourire appréciateur. J'en rajoute un peu dans le spectacle, en prenant des poses sensuelles sous la cascade d'eau fraiche, des fois que ça lui donnerait des idées. Mais elle se contente de rire devant mes effets patauds. Elle m'encourage quand même d'un petit sifflement de loup entre ses deux doigts, pas très réussi mais c'est l'intention qui compte. Je la prends dans mes bras sans tenir compte de ses protestations et de son tee-shirt trempé, et elle finit par se laisser aller contre moi.

On se câline quelques instants, pour le simple plaisir de sentir nos corps vibrer l'un contre l'autre. Je caresse ses cheveux et respire le parfum si sucré de sa peau en sueur, tandis qu'elle trace d'une main légère des chemins buissonniers dans mon dos et jusqu'à mes fesses. Elle finit par rompre l'enchantement, en reprenant ses distances.

- J'ai encore pas mal de choses à faire...

Elle jette un œil autour d'elle et se penche pour ramasser mon tee-shirt et le short que j'ai balancé pour la douche. Elle me les tend avec un petit air raide.

- On ne va pas s'inquiéter chez toi ?

Je comprends le message à demi-mot. Victoire-la-farouche ne veut pas que je m'attarde. Le sexe c'est bien, les sentiments c'est autre chose. J'ai encore une fois l'impression que les françaises font tout à l'envers des coréennes.

Mais je suis trop heureux, ce matin, pour me formaliser. Je tente même une petite vanne à la Léo.

- J'ai compris, je ramène le taureau dans son enclos !

Ça a au moins le mérite de la faire rire.

- Prétentieux, va !

Je la regarde avec espoir.

L'amour est un drama coréen (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant