Au petit matin, l'agitation s'était emparée de l'ordre, avec une certaine frénésie. Une poignée de faucheurs s'étaient rassemblés dans la salle commune dont l'atmosphère lourde, chargée de tension, trahissait la situation urgente.
En sortant faire sa ronde matinale, Philippe était tombé sur un cadavre, à la lisière du bois et de la ville la plus proche.
Pour eux, il n'y avait aucun doute quant à l'origine de ce crime. Le pauvre homme avait été vidé de son sang, jusqu'à la dernière petite perle écarlate. Dans sa poitrine, une dague avait remplacé son cœur arraché et sur son front, un coquillage avait été dessiné, certainement avec cette même dague.
Lorsqu'Erik arriva dans la pièce, tous les regards se posèrent sur lui. Il ne lui suffit que d'un coup d'œil à l'image du cadavre, projeté par un écran, pour comprendre. Un froid glacial s'empara de lui tandis qu'une sensation d'étouffement le prit à la gorge. Sans dire un mot, il s'approcha de l'image à grandes enjambées, scrutant le moindre détail, à la recherche de la compréhension.
« Rik'... se risqua prudemment Olaf.
Mais le faucheur le fit taire d'un geste de la main. Il était difficile pour lui de décrire ce qu'il ressentait en cet instant. Si la photo sous ses yeux était assez significative, elle ne constituait pas en elle-même une preuve de ce que n'allaient pas tarder à avancer ces immortels avait qui il combattait depuis tant de temps et qu'il connaissait pourtant si bien...
— Que s'est-il passé ?
Philippe s'avança.
— C'est un des gardes forestiers de la ville. Il a été retrouvé mort ce matin. C'est sans le moindre doute, l'acte d'une sirène.
— Vous pensez qu'il s'agit de Meredith ? s'enquit Erik, d'un ton froid, sec, toisant l'assemblée qui l'observait et qui lui répondit de façon affirmative.
Il hocha de la tête avec raideur avant de pousser un soupir profond. Par tous les monstres de la Lune, pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas se dérouler bien, pour une fois ! Face à l'attente des autres faucheurs, il finit par lâcher, d'un ton qui n'admettait pas la moindre contestation :
— Impossible.
— Et pourquoi ça ? Sindbad l'a vu sortir hier soir, au cœur de la nuit !
Le principal concerné acquiesça, appuyant cet argument. Erik retint un juron face à ce témoin imprévu de l'escapade nocturne de la sirène.
— Elle m'a prévenu qu'elle sortait. Pourquoi l'aurait-elle fait si elle comptait faire un massacre ?
— Pour dévier les soupçons ? Si elle ne l'avait pas fait et que tu t'étais réveillé en pleine nuit, qu'en aurais-tu pensé ?
L'ancien roi devait avouer que cette théorie était plausible. Pourtant, il était à la fois convaincu et persuadé que ça n'avait pas été le cas. Meredith ne lui avait pas menti cette nuit-là. Il était certain qu'une fois qu'il aurait mis les choses au clair, toute cette histoire sera oubliée. Il continuait désespérément de croire en elle. Son instinct lui soufflait qu'il ne devait pas se fier aux apparences.
— Nous n'avons aucune preuve tangible. Ne tirons pas de conclusion hâtive, proposa-t-il, luttant pour conserver son calme.
Olaf paru perdre sa patience. Malgré toute la compassion qu'il éprouvait envers son ancien mentor, l'aveuglement qu'il voyait en lui commençait à ronger ses limites. Il ne supportait pas l'idée de voir le brave faucheur trompé ainsi par une créature de la Lune.
— Regarde les choses en face, par pitié Rik'... Tu l'as dit toi-même au début de cette affaire : ce symbole sur le front, c'est sa signature... Le coquillage ! La dague dans le cœur ! Et une attaque de sirène, ici, au cœur des Terres !
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Les Faucheurs III - Chant Mortel
Paranormal- Ceci est le troisième tome de la saga des Faucheurs. Bien qu'il puisse normalement se lire indépendamment, il est conseillé d'avoir lu les deux tomes précédents - On dit que le chant des sirènes est un poison qui s'infiltre en nos êtres pour nous...