Chapitre 5

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Le livreur sonna et me remit les inhibiteurs. Lorsque les portes coulissantes de l'appartement se refermèrent, Dravenn sortit de la salle de bain, vêtu d'un seul peignoir.

Ses cheveux sombres collaient à ses tempes, ses yeux étaient des puits sans fond et ses joues étaient un peu rouges.

Je lui tendis la boîte de médicaments.

— Trois comprimés par jour, maximum, dis-je, sans le quitter des yeux.

C'était la consigne qu'avait donné le livreur en me remettant la boîte. Dravenn en avala trois d'un coup. Sans eau.

— Laisse-moi deviner : tu t'es masturbé sans relâche sous l'eau froide depuis que tu es entré dans la salle de bain, et ça ne va pas mieux.

Il me jeta un regard noir.

— Fais pas cette tête. Je connais ça, tu sais.

Il avait l'air sur le point de s'effondrer en larmes. Mais comme c'était Dravenn, j'étais certain qu'il aurait préféré saccager mon appartement plutôt que se laisser submerger par une quelconque émotion.

Je m'assis dans le canapé. Il faisait les cent pas. Les poings serrés. Le livreur m'avait dit qu'il fallait une vingtaine de minutes pour que le médicament commence à faire effet.

— Approche, Dravenn, l'appelai-je.

Le regard qu'il me lança était un mélange de terreur et de désir qui me donna l'impression d'essayer de dompter un fauve.

— Je ne peux pas ! s'écria-t-il, dans un état de frustration et de fureur explosives. Déjà comme ça tu es déjà trop près, si j'approche je vais...

Je me penchai en avant, les coudes sur les genoux.

— Il n'arrivera rien, viens t'asseoir à côté de moi.

Ma voix était aussi calme et basse que la sienne était colérique et paniquée.

Il hésita, lutta encore, puis je le vis craquer et traverser la pièce sans me quitter des yeux. Il me monta dessus à califourchon sans me laisser le temps de réagir et se jeta sur ma bouche. Ses lèvres happèrent les miennes, mon sang se mit à battre au fond de ma queue et je faillis craquer moi aussi, et lui répondre.

Il me fallut une longue seconde pour tenir parole, et plaquer fermement ma main sur sa bouche. Je repoussai mon désir en même temps que je repoussai Dravenn, et avec la même implacable volonté.

Aucun geste de ma vie ne m'avait tant coûté.

Mais je ne le voulais pas comme ça. Je ne le voulais pas avec ce regard désespéré et effrayé. Je le voulais consentant et sûr de lui, comme je l'avais fantasmé.

Il resta sur mes genoux mais j'imposai une distance de sécurité suffisante. Se sentir repoussé le fit grogner de frustration et je refermai mes doigts sur sa gorge.

À cet instant tout bascula. Il s'immobilisa et gémit. J'ajustai ma prise et serrai un peu plus fort, pas assez pour lui faire mal, mais suffisamment pour réduire son débit d'air.

Un grand frisson le traversa, et finalement, il se détendit un peu sous mes doigts.

Nos regards s'accrochèrent.

— Pose tes mains sur mes épaules, ordonnai-je.

Il m'obéit, lentement.

— Et maintenant, concentre-toi sur ta respiration.

Rien ne calmait les éromènes comme la sensation d'être dominés. Et je fus surpris de découvrir que Dravenn obéissait lui aussi à cette règle. Il était tellement indépendant et tellement différent des autres, que jamais je n'aurais imaginé lire cette expression de soulagement dans son regard.

Les Confins - 1. DysisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant