Chapitre 14

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Une fois que nous eûmes quitté le restaurant, je sentis Dravenn se tendre à nouveau. L'idée d'une visite médicale, de certificats et de tests avait l'air de faire plus que de l'agacer. Je finis par comprendre qu'il avait réellement peur lorsque je le surpris en train d'expirer lentement pour se calmer.

— Je voulais qu'on rentre se détendre un peu et écrire nos rapports avant d'aller voir Xalthar, mais je crois qu'on va commencer par ça, finalement, dis-je en entrant l'adresse du cabinet médical dans le tableau de bord.

— Xalthar est le médecin de ton clan ? demanda-t-il en essayant d'avoir l'air détaché.

— Oui. Il ne prend pas d'éromènes en général. Pas par manque de compétence mais parce qu'il n'est pas vraiment à l'aise avec les pratiques médicales en vigueur concernant les éromènes. Il s'intéresse beaucoup à la littérature scientifique et je crois que les avancées qu'il a apprises sur les autres mondes civilisés l'ont un peu dégoûté de ce que nous faisions ici. Il est très ouvert d'esprit, c'est exactement ce qu'il nous faut.

Dravenn hocha la tête distraitement. Il ne se détendit pas.

— Tout va bien se passer, insistai-je.

Il secoua la tête.

— Je ne crois pas, non. Tu connais le déroulé d'une visite de routine pour un éromène ?

— Non, reconnus-je. Toi si ?

— Je l'ai déjà lu, soupira-t-il.

Il ne me regardait plus et au ton un peu sec de sa voix, il me sembla qu'il était en colère. Peut-être pas spécialement contre moi. Mais contre tout le monde. Depuis le début de cette enquête, je n'avais jamais vu Dravenn se plaindre d'être un éromène. Il ne se plaignait de rien en fait. Il ne s'apitoyait pas. Mais il se sentait piégé et je ne savais pas comment le rassurer.

Nous descendîmes du vaisseau lorsqu'il s'arrêta devant le cabinet de Xalthar. Dravenn me suivit dans l'appartement blanc et aseptisé où le médecin de mon clan avait installé son affaire. Dravenn était terriblement tendu.

— Les membres du clan sont prioritaires, je vous fais passer tout de suite après le patient actuel, me glissa Ethar, le jeune secrétaire, avec un clin d'œil.

Nous nous installâmes dans la salle d'attente, Dravenn avait le regard fixe et les bras croisés sur sa poitrine. Nous n'attendîmes pas longtemps et Xalthar nous accueillit dans une salle d'examen spacieuse.

— Certificat d'aptitude ? demanda-t-il d'un ton entendu, en nous voyant tous les deux en uniforme.

Les miliciens devaient en fournir un une fois par an, afin de garantir qu'ils étaient physiquement en état de faire leur travail. Et moi qui n'étais jamais malade, je ne venais que pour cette raison. Habituellement.

— Non, contrôle des toxiques et déclaration d'union.

Xalthar nous regarda fixement avec la neutralité de quelqu'un qui ne comprend pas mais qui attend qu'on lui explique.

— Je suis éromène, intervint Dravenn.

Xalthar hocha la tête et fut assez professionnel pour ne pas avoir d'autre réaction.

— Très bien, veuillez m'excuser, je reçois peu d'éromènes. Je vais commencer par vous poser quelques questions puis nous passerons à l'examen de routine. Installez-vous.

Il nous désigna deux fauteuils et je m'assis non loin de Dravenn. Mon instinct me travaillait et à force de sentir mon partenaire tendu et angoissé à côté de moi, je finis par l'être aussi. J'avais le sentiment qu'on allait lui faire du mal d'un moment à l'autre et j'étais sur mes gardes comme avant un combat.

Les Confins - 1. DysisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant