Chapitre 19

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En sortant de la douche, je trouvai Dravenn allongé sur mon lit, nu, sur le ventre. Je l'observai longuement depuis l'encadrement de la porte, en séchant mes cheveux. C'était tellement étrange de l'avoir là, dans ma chambre, décontracté, prêt à y passer à nouveau la nuit alors qu'aucun autre éromène n'y avait jamais été invité.

Mon regard s'attarda sur son dos parfait, sur le galbe renversant de ses fesses, sur ses longues jambes aux muscles fermes. Ses cuisses étaient légèrement écartées. Mon souffle s'accéléra.

Et puis mon regard suivit le sien. Il consultait sur un petit holographe, une brochure officielle du ministère de la santé. En balayant quelques images des yeux, je compris de quoi il était question.

— Ne lis pas ça, dis-je.

Il inspira vivement, comme si je l'avais pris en faute.

— On dirait une brochure sur la reproduction du bétail dans les fermes du Sud, remarquai-je.

Il eut un rire nerveux et je le rejoignis sur le lit en abandonnant ma serviette que mes robots se chargeraient de ranger.

— C'est à cause de ce que Xalthar a dit, se justifia-t-il.

— Au sujet du rut, je sais. Ça ne se passe pas comme ça, Dravenn, insistai-je en fermant l'holographe qui, quand on le regardait trop longtemps, avait l'air de représenter un acte de torture sexuelle.

— Tu as déjà préparé un de tes partenaires ?

Je souris, gêné par sa question. Mes partenaires étaient des éromènes qui comme Béryl, aimaient le sexe et n'en étaient pas à leur première fois. Je n'avais jamais eu besoin de les préparer pour le nouage.

— Non, reconnus-je. Mais c'est comme pour la marque, pour le sexe, et pour le reste. Personne ne nous force suivre un protocole. Nous ne sommes même pas obligés de passer la journée ensemble, ce jour-là.

— Je ne tiendrai pas, Azthar.

Sa voix était chargée de tellement de douleur qu'il me déstabilisa.

— J'ai envie de toi tout le temps... Et je serai en chaleur. Si je ne peux pas être avec toi, ça va être un calvaire.

Apparemment, Dravenn parlait plus facilement de sexe que de sentiments, un autre point sur lequel nous nous accordions.

— Alors je peux simplement te préparer au nouage, proposai-je.

Ses yeux dérivèrent vers l'holographe qui n'affichait plus que le titre de la brochure « Bien se préparer à subir le rut. »

Même le choix des mots était terrifiant. Subir : se soumettre et endurer. C'était tout ce qu'on attendait des éromènes sur Dysis.

— Non, pas comme ça, dis-je en désactivant l'holographe. Certainement pas comme ça.

Il prit une profonde inspiration et passa une main dans ses cheveux avant de me transpercer du regard.

— D'accord. Tu as raison. J'en ai marre des protocoles. Ne m'explique pas. Juste... Fais-le.

Je ne m'étais pas attendu à ça. C'était comme si renonçant définitivement à garder les pieds sur la terre ferme, il avait fermé les yeux et sauté dans le vide, en faisant le pari que je le rattraperais. Il m'offrait sa confiance absolue, sans question, sans doute, alors qu'il devait avoir les affreux dessins explicatifs de la brochure en tête.

Je mis de côté le reste du monde et me concentrai sur lui, sur ses besoins. Et c'était depuis quelques jours ce que je préférais faire. Tout devenait parfaitement simple et limpide quand il s'agissait seulement de nous.

Les Confins - 1. DysisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant