— Azthar...
J'ouvris les yeux dans un sursaut. Il y avait quelqu'un sur mon lit ! Je paniquai et sortis mon taser à impulsion de sous mon oreiller. Je le plantai en plein de milieu du front de l'intrus. Dans la lumière bleutée des néons extérieurs, je reconnus Dravenn. Après un instant de flottement, je remis la sécurité de mon arme que je laissai tomber sur les draps.
— Merde, Dravenn !
Je me passai une main sur le visage. Mon cœur battait comme s'il allait exploser.
— Pardon. Où est-ce que tu as mis la boîte d'inhibiteurs ?
Je me redressai dans le lit et regardai l'heure. Une heure du matin. Dravenn avait pris trois comprimés à dix-neuf heures. C'était il y avait à peine cinq heures. Il ne pourrait en reprendre que dans sept heures. Ce médicament était trop puissant pour dépasser les doses prescrites, cela aurait pu détraquer son système hormonal et aggraver ses chaleurs.
— Où en est la crise ?
— Si je devais la signaler à la Milice, je dirais qu'on risque le débordement de type 3.
Je souris.
— Si tu es encore assez en forme pour faire de l'humour...
— Je vais craquer, Azthar, donne-moi ces foutus médocs ou assomme-moi !
Je levai la main vers sa gorge et palpai sa veine pour trouver son pouls. Il sursauta et gémit. Sa peau était brûlante, son cœur battait plus vite que le mien après un réveil en panique.
— Mince...
C'était vraiment grave. Il devait souffrir le martyr. Il avait l'air tellement calme pourtant. Je me décalai un peu.
— Allonge-toi là.
Mon invitation sembla presque le soulager et il se laissa tomber avec un grondement d'inconfort. Je refermai mes doigts autour de sa gorge, lui tirant un nouveau gémissement.
— Plus fort, réclama-t-il entre ses dents serrées.
Je serrai encore, progressivement, pour ne pas lui faire mal. Quand sa respiration devint sifflante, je maintins la pression. Repoussant le drap, je m'installai à califourchon au-dessus de lui, sur son bassin. Ma main libre s'enfonça dans ses cheveux, je caressai sa tempe du pouce dans un geste tendre et intime qui ne sembla pas le gêner. Il fallut un temps fou pour qu'il arrive à se calmer, mais il réussit peu à peu. Il était impressionnant.
Il posa une main sur ma cuisse. Je le chevauchai complètement nu, réalisai-je, ce n'était vraiment pas la meilleure façon de s'y prendre pour calmer ses crises... Ses doigts s'agrippèrent à moi, fort, assez pour me laisser des bleus, et cela me rappela qu'il était aussi un éraste, et qu'il était habituellement celui qui dominait.
Je bannis de mon esprit le fantasme d'un Dravenn qui prenait le dessus, parce que jamais je n'avais imaginé qui que ce soit me dominer, et me rendre compte que cela m'excitait quand il s'agissait de lui était trop pour moi.
— Tu restes avec moi cette nuit, l'avisai-je. La prochaine fois que tu sens arriver une crise, ne la laisse pas devenir insupportable, réveille-moi tout de suite.
Je m'interrompis avant de lui ordonner autre chose. Dravenn connaissait les procédures de crise. Il était éromène, et il travaillait dans la Milice. Il n'avait pas besoin d'une leçon de morale. Cela devait être suffisamment dur d'échouer à se maîtriser et de se sentir peu à peu perdre le contrôle jusqu'à avoir besoin d'un autre pour gérer son propre corps. Il n'avait pas besoin que je me comporte avec lui comme avec un gamin qui découvre ses chaleurs.
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Les Confins - 1. Dysis
Science FictionAzthar est lieutenant dans la Milice de Dysis. Il vit seul, a plus d'amants par semaine que d'heures de sommeil par nuit, et fantasme secrètement sur Dravenn, son collègue. Dravenn, lui, protège un secret bien plus inavouable et reste prudemment à l...