Chapitre 11

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Dravenn n'avait pas bougé.

— Non... Je ne peux pas faire ça

Je haussai un sourcil à mon tour.

— Pourquoi ? Ça te gêne ? Il n'y a que moi...

— Justement ! C'est la position la plus humiliante que...

— C'est moi Dravenn, l'interrompis-je d'un ton ferme. Je suis ton éraste. Et puis c'est une posture naturelle, il n'y a rien d'humiliant. La fierté et le sexe n'ont rien à faire sur le même plan. Surtout que je n'en ai même pas pour une minute.

Il soupira.

— C'est facile de dire ça pour toi.

Je souris.

— C'est ça qui te gêne ? Tu pourras me baiser aussi, quand tu veux. Et même en lordose si ça t'excite.

La manière dont ses yeux s'écarquillèrent fut franchement comique. Il n'avait pas l'air de vraiment y croire mais son regard s'était légèrement assombri de désir.

— Dravenn, insistai-je, c'est juste une pilule.

Il jura entre ses dents et je vis le moment où il allait accepter. Je vis dans son attitude tout ce que cela lui coûtait. Mais je ne reculai pas. Je ne serais sans doute pas son éraste longtemps, il mettrait certainement fin à tout ça quand l'enquête serait résolue. Mais pour le temps que ça durerait, je comptais le protéger aussi farouchement que mon instinct me le dictait. Même contre son propre corps qui pouvait le trahir. Même si cela impliquait que je le bouscule un peu.

Il se redressa afin de s'installer avec une répugnance manifeste, les nerfs tendus et la mâchoire serrée, dos à moi. Il s'appuya sur les mains et les genoux, le dos rond, les cuisses fermées.

— Qu'est-ce que c'est que cette position ? fis-je les sourcils froncés. Tu es juste à quatre pattes, là.

— Azthar, putain ! tonna-t-il en s'énervant soudain. Bouge-toi de me mettre cette saloperie !

— Je peux pas ! ris-je en le voyant perdre patience. Tu n'es pas en lordose, ça ne sera pas le bon angle pour l'insérer !

Il gronda d'agacement, comme un éromène ne l'aurait jamais fait, mais je compris que son malaise était sincère.

— Tous les éromènes font ça instinctivement, repris-je en posant mes mains sur ses cuisses pour le guider, comment tu peux...

Et puis soudain, je compris que mon intuition était juste : ça aussi, c'était la première fois.

Aussi incroyable que ça puisse paraître, il ne l'avait jamais fait. Il ne s'était jamais offert à un amant, ni montré devant un médecin, il n'avait tout simplement jamais eu à prendre cette position. Il s'était peut-être même défendu de le faire. Tout amusement retomba et ce moment devint presque solennel.

— Écarte les genoux, l'accompagnai-je d'une voix sérieuse et ferme en bougeant ma main entre ses cuisses. Encore... Abaisse ton centre de gravité. Voilà. Maintenant appuie-toi sur les coudes, la tête doit être dans le prolongement du dos, montre-moi ta nuque.

Il obéit. Une fois guidé, il était beaucoup moins nerveux.

— Bien. Maintenant creuse le dos. Encore... Encore, Dravenn. Offre-moi ta croupe. Et laisse-toi aller.

Ce fut compliqué mais j'obtins ce que j'avais demandé et il finit dans la bonne position. C'était parfait et je pris le temps de venir nicher mon visage contre sa nuque et d'inspirer profondément son odeur.

— Détends-toi, c'est un peu inconfortable mais je vais faire vite.

À cet instant, contre mes lèvres, je sentis sa nuque trembler et il exhala un râle doux, typique des éromènes en confiance.

Les Confins - 1. DysisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant