Crises

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Ça ne s'arrêtait plus. Je pensais que ce serait juste l'histoire d'un soir, un mal-être passager. Un truc sans importance. Grossière erreur. Ça m'arrivait tout le temps. Au moins une fois par jour.

Cependant, c'était plus faible. Mais j'étais certain qu'il s'agissait de la même chose. Cette douleur, cette brûlure, elle était unique en son genre. Elle n'avait pas son pareil dans toutes les blessures et les maladies que j'avais pu subir auparavant. Ça partait du ventre, au creux de l'estomac, et ça s'étendait dans toutes les directions. Dans les jambes, dans les bras. Comme si mon sang devenait de la lave. Chaque battement de cœur m'était insupportable. Mais le pire c'était quand ça me montait à la tête. Quand ça atteignait le cerveau. J'avais l'impression qu'on le mettait à bouillir. Mes oreilles me sifflaient, ça tambourinait dans mes tempes et mes yeux me grattaient tellement que j'avais envie de chialer.
Et ces maux de tête, un simple aspirine ne suffisait pas à les calmer. Il n'y avait aucun médicament efficace. Alors quand ça m'arrivait, je pouvais juste attendre que ça passe. Et prier pour que ça passe vite.

La plupart du temps, les crises se declenchaient la nuit. Pareil que la première fois, en plein sommeil, sans être relié à aucun cauchemar - à ma connaissance. L'avantage, c'est qu'au beau milieu de la nuit, ça ne dérange personne, à part moi bien sûr. Personne ne s'en rendait compte et personne ne me posait de question. Mais parfois, elles survenaient pendant la journée. Là, c'était plus pénible. Quand c'était en dehors des cours, je pouvais gérer. Chez moi je pouvais rapidement monter dans ma chambre ou du moins m'isoler pour qu'on me laisse tranquille. Par contre, en classe c'était vraiment devenu un problème. Ça ne m'était arrivé qu'une ou deux fois, et heureusement, elles avaient été relativement faible. Du coup, j'avais sorti l'excuse basique de l'infirmerie. C'était passé à chaque fois, sans attirer l'attention. Je disais à l'infirmière que j'avais simplement mal au ventre ou à la tête et elle me donnait un cachet. Pas efficace, mais ça me permettait de m'allonger une dizaine de minutes, le temps que les douleurs s'estompent. Le truc, c'est que je redoutais le jour où je me tordrais de douleur au milieu des autres. Si j'arrivais pas à me contrôler, ça tournerait vite au désastre.

Au bout de deux semaines, vers la fin du mois de juin, elles étaient toujours là. J'en avais vraiment marre. Mes cycles de sommeil étaient bousillés. Je faisais rarement des nuits complètes. Quand je n'avais pas de crises, j'en revenait toujours à cogiter sur ce qui pouvaient bien les causer. Des conditions particulières, peut être juste du stress. J'en savais rien. Et ça me trottait dans la tête. Peut-être que c'était une sorte de maladie. J'essayais de ne pas trop penser à cette hypothèse mais je me retrouvais toujours à cogiter dessus. Cette perspective m'angoissais. J'étais bien tenté d'aller voir un toubib mais j'étais encore mineur et pas moyen de faire quelques petits examens ou consutations sans que mes parents soient au courant. Et la dernière chose que je souhaitais, c'est qu'ils soient au courant. Eux, ou qui que ce soit d'autre. Si je le racontais on me prendrait sûrement pour un fou. Et puis c'était peut être juste du stress en vue des tests prévus avant les vacances. Faut dire que j'étais pas vraiment une flèche au lycée. Mais je revisais. Des fois même jusque tard le soir. En même temps, avec les entraînements de volley, j'avais pas trop de temps juste après les cours ou les week-ends.

Ah oui, le volley.
Je crois que les entraînements, c'était le seul moment où j'avais jamais eu de crise. Et c'était très bien comme ça. Manquerait plus que je pète un câble en plein match...

Burnt By The SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant