Le lendemain, je ne suis pas allé au lycée. J'avais de la fièvre. Quarante degrés. Pour passer inaperçu, là, c'était raté. Mais au moins, j'avais eu mon rendez-vous avec le médecin. Enfin, pas vraiment dans les bonnes conditions. Pour ça, il aurait fallu que je puisse dire tous les symptômes mais avec ma mère a côté qui n'arrêtait pas de me fixer comme si j'étais aux portes de la mort, j'y arrivais pas. C'est elle qui m'avait trouvé, évanoui sur le parquet. Elle m'avait mis au lit et avait illico apellé le toubib. Du coup, quand il m'a demandé si j'avais mal quelque part ou un truc en particulier, j'avais juste dit que j'arrivais pas à dormir. Que je faisais des insomnies. Rien qu'avec ça, j'ai cru qu'elle allait tomber dans les pommes, ma mère. Mais le médecin l'a rassurée en disant que ça arrivait, voire même que c'était courant chez les adolescents. Il a ajouté que le stress des examens pouvait jouer aussi, alors j'étais sous paracétamol et homéopathie pendant une semaine - jusqu'à la veille des épreuves. Ça devait faire tomber la fièvre et limiter les malaises.
Le lendemain de mon évanouissement donc, je suis resté toute la matinée à rien foutre, ma vieille s'opposant catégoriquement à ce que je sorte un pied du lit. J'avais trop mal au crâne pour regarder la télé ou quoi que ce soit alors je suis resté là, à fixer le plafond. Et à réfléchir.
En y repensant, c'était probablement une connerie de partir presque en courant du vestiaire comme je l'avais fait. Le malaise deux jours avant était crédible, mais cette fois-là c'était clair que je n'avais rien de naturel. Et puis la brûlure, elle n'était pas partie du même endroit. Pourquoi ? Qu'est-ce qui était différent cette fois ?
Lui.
Lui. Mais il était là aussi quand j'avais raté ma passe et c'était parti du ventre.
Mais il ne t'a pas touché.
Non. Non ce n'était pas possible. Ça ne pouvait pas être à cause de lui que j'étais dans cet état. Et la première nuit, hein ? Les autres fois, il n'était pas avec moi. Il n'était pas là. Ce n'était arrivé que deux fois en sa présence en deux semaines. Il ne pouvait pas être responsable de mes crises.
Ma petite voix intérieure s'était tu, ne trouvant rien à répondre à cet argument.Vers midi, mon téléphone vibra. Un SMS. De Hinata:
Hey Kageyama, il paraît que t'es malade ?
Ouais.
Tu viendras pas à l'entraînement ce soir du coup ?
Non.
Je vois...
T'es vraiment malade ?C'est quoi cette question ? Tu veux vérifier peut-être ? Ducon.
Désolé...
Mais je me demandais si ça avait un rapport avec hier soirLà, j'ai commencé à paniquer. A paniquer grave. Je ne savais pas ce qu'il avait en tête, mais à cet instant je ne savais pas du tout quoi lui répondre. J'étais perdu. Puis j'ai repensé au docteur. Le stress. Les examens. J'ai eu une idée.
En fait je stresse pour les examens de la semaine prochaine.
Ma mère veut que je rentre direct après les cours pour réviser.
Du coup quand j'ai vu l'heure je me suis dit qu'il fallait que je me dépêche.Je n'avais aucune idée de la crédibilité de mon histoire. Mais ça pouvait le faire. Je priais pour que ça marche.
Ah ok je comprends. C'est clair moi aussi ça me stresse. Puis j'ai pas envie qu'on me prive de stage d'été par rapport à mes résultats...
Mais c'est grave ?Non. Le docteur à dit que j'ai juste besoin de repos.
Ça passera.Tant mieux !
Pour te dire la vérité en fait, je pensais que tu voulais plus t'entraîner avec moi...
Bon je te laisse ça vient de sonner!
A+ :DSon avant dernier message m'avait mis mal à l'aise.
C'est vrai que je lui avais dit que je l'aiderai quand tout le monde serait parti...Et puis, on aurait presque dit que ça lui faisait de la peine. Enfin, après tout, il était comme ça, Hinata. C'était toujours un peu un enfant dans sa tête.
Je reposai le téléphone en souriant à cette pensée.J'avais dormi le reste de la journée. Je fus réveillé en fin d'après midi par mon téléphone. J'avais un message d'Hinata.
Hey! Ça va ?
Pas terrible.
Qu'est ce que tu veux ?Rien on a juste reçu les infos pour le stage de volley pendant les vacances. Je peux passer chez toi pour t'expliquer ou t'appeler si tu veux ?
Pas la peine. Je reviens demain.
Je demanderai à Ukai.Ok comme tu veux
Ça va mieux alors ?Ouais la fièvre a baissé mais je suis H.S.
Autre chose ?Hehehe j'ai une nouvelle botte secrète !
C'est à dire ?
Je fais des lignes parfaites à tous les coups !
Haru et moi on a trouvé une technique infaillible pour que je rate jamais mes lignes!
On te montera
C'est génial hein ?Sans que je comprenne pourquoi, je fus envahi d'un sentiment étrange et irrépressible. Ça n'avait rien à voir avec une crise. Mais je sentis mon cœur se serrer. Un mélange de haine et de tristesse me tiraillait. Et en même temps, je comprenais la joie qu'il devait ressentir. Mais je me sentais mal. Je me sentais trahi.
Pourquoi ? Pourquoi avait-il réussi sans moi ? Pourquoi avait-il réussi avec un autre ? Pourquoi Haru l'avait fait progresser et pas moi ? Pourquoi lui ? Ce n'était qu'un seconde, ils ne se connaissaient que depuis quelques mois. Mais moi, moi, je connaissais Hinata depuis plus d'un an. Et on avait presque toujours progressé ensemble. On se faisait avancer l'un l'autre. Alors pourquoi cette fois, j'étais mis sur la touche ? Pourquoi n'étais-je plus que le remplaçant ?
Je n'arrivais pas à faire taire cette petite voix au fond de moi. Elle répétait sans cesse ce mot. Pourquoi ? Je ne parvenais pas à comprendre.Kageyama t'es toujours là ?
Oui désolé
C'est cool pour les lignesT'as vu ? ><
Il faut que j'aille manger
Ok on se voit demain à l'entraînement alors ?
C'est ça à demain.
A demain !
Je me rallongeai, posant mon bras sur mes yeux. Ma poitrine montait et descendait irrégulièrement, par à coup. Je ne comprenais pas pourquoi ça faisait si mal. J'avais le cœur lourd. Je me sentais seul.
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Burnt By The Sun
FanfictionJ'ai appelé ça des "crises". Ce sont des périodes pendant lesquelles mon corps ne répond plus. Des périodes de souffrance, qui ne dure que quelques minutes, une fois par jour mais qui ont foutu ma vie en l'air. Elles présentent beaucoup de symptôme...