Cela fait maintenant plus de huit heures que tu as fermé le livre définitivement, tu arrives presque à te faire croire qu'il va t'arriver malheur si tu poses à nouveau les yeux dessus. De telles horreurs dans un bouquin, horreurs qui te lient étroitement à cet homme si triste...
Dehors il se met alors à pleuvoir, ce qui te rappelle que tu as extrêmement soif. " Ce genre d'histoire peuvent couper l'appétit, mais les mots rudes assèchent les gorges. Bois comme la pluie tombe ma chérie, et tu verras que tu te défendras plus clairement. " C'était les fidèles paroles à ta grand-mère ça... C'est vrai qu'il faudrait que tu boivent un coup avant d'aller blablater avec ce fameux garçon...dire des choses aussi triste c'est pas très vivifiant.
- " De la vivacité hein...j'ai tout perdu en me cloitrant ici... "
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Dans l'obscurité des rues, une arme se levait. Son bout s'embrasait un instant, et l'autre tombait à terre. Tu ne pouvais que partir, dans ta rage, avant que la honte et le déni ne t'assassinent entièrement.
Les longs cheveux blancs de ta cible traînèrent encore sur le parterre, se tâchant petit à petit. Tu commençais à regretter, mais ta colère était une véritable vague, emportant tout sur son passage. Tout s'arrêta lorsque, quelques jours plus tard, tu croisas un regard du même type... Frigorifiant. Et qui pouvait, à tout moment, te rendre aussi froide que l'arme en métal qui croupissait dans ta poche.
En un sens, tu as eu la "chance" de tuer. Mais ça ne recommencera pas deux fois. Tu le sais. Alors à défaut de pouvoir attaquer, on se protège.
Mais à quoi bon se protéger jusqu'à la mort ?
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Tu te mets dans un coin sombre de ton chez-toi et prends un soda dans ton frigo ; celui-ci émettant un grésillement permanent. En t'assaillant contre le pan d'un mur -qui sent l'humidité- tu te cognes la tête contre une petite étagère que tu avais presque oubliée, celle-ci se décroche d'un coup et il semble que les canalisations ont bien envie de t'emmerder aujourd'hui...Lorsque le meuble en bois touche le sol un jet d'eau part du mur et commence à arroser la pièce. On dirait un enfant jouant avec l'arrosage automatique...Et cet enfant il va prendre cher !
Après deux heures de bataillon avec la fontaine qu'est ton mur tu finis par régler le problème et arrêter l'écoulement. Mais maintenant, ton sol est aqueux et ça empeste le bois mouillé. Tu pars chercher de quoi essuyer tout ça quand tu te rappelle...que le livre...était sur le sol...
Vite, courant à une vitesse digne d'un lévrier surentraîné jusqu'au livre, tu te recogne la tête au passage. Tu prends alors le bouquin et sors au plus vite pour rejoindre un endroit sec. T'asseyant sur ton lit, tu te touches alors le derrière de la tête, soufflant un " Ouîlle " énervé. C'est vrai qu'avec tout ça tu en avais presque oublié cette souffrance après t'être frappée le crâne à deux reprises...
Tu reprends le livre dans tes mains et, voyant qu'il est sec et sauf, le reposes en hauteur sur une commode aux poignets rouillées.
Tu reprends ta serpillère et te mets à nettoyer le sol en rythme d'une chanson que tu fredonnes doucement. " Starry night MmMmMmMmMmmmmmmmM ". Ouais...c'est plus du yaourt qu'autre chose merde...
Les néons fluorescents remplacent la clarté naturelle du jour, il semble que la nuit est tombée. Effectivement, lorsque tu regardes ta vieille montre qui peine parfois à donner l'heure, celle-ci te donne 23h57. Tu as passé tant de temps que ça à nettoyer ?! Bon, en tout cas ta tâche est faite, et tu es exténuée...Tu pars alors en titubant de fatigue, les bras ballant, jusqu'à ta chambre. Il doit être presque minuit là, faut se coucher.
Tu te jettes sur ton lit en maugréant et zieutes le plafond. Ayant beau être entourée par une chaude couverture, ton corps grelotte de froid ! Tu tends alors l'oreille, la fenêtre est ouverte ? En effet, celle-ci grince lentement sous le vent, ses rideaux volent innocemment en lapant l'air d'une douce mélodie et la peinture écaillée qui entoure les volets flirte avec tes narines. Tu te lèves alors pour la refermer. C'est ainsi que tu te rends compte de quelque chose, les voisins d'en face ont leurs volets grand ouvert et la lumière allumé excessivement presque tout les soirs, pourtant, tu as su que ta fenêtre était ouverte non pas par la luminosité, mais par des odeurs et des sons. Tu l'as refermé à l'aveugle sans même prêter gare si...
Tu l'ouvres alors entièrement, d'un coup ! En face de toi, seul un bloc livide ; d'un noir opaque et ténébreux. Ce n'est pas normal. Tu cours alors vers ta porte et l'ouvre elle aussi, la même. Tu essayes de faire un pas dehors, mais tu as l'impression qu'une sorte de vitre te barre la route. Là, tu te retournes, vers le livre, la couverture se détache de la couleur de jais qui inonde la chambre. Tu la vois briller d'un rouge éclatant, et en te rapprochant, tu constates qu'une empreinte ensanglantée marque le dessus. Celle de ton pouce...Oh merde. Tu te touches à nouveau le derrière de la tête, et tu sens un léger saignement. La panique s'empare de toi face à l'irréalité de cette scène et tu finis par ouvrir le livre en priant pour que tout s'arrête.
Malheureusement, celui-ci se mit juste à briller, les pages se tournèrent l'une après l'autre et chaque œil dessiné à l'intérieur s'illuminaient d'un rouge vermillon. D'un coup, cela s'arrête sur une page, au beau milieu du livre. Celui-ci se met à vibrer, il a une sorte de battement de cœur.
Tu t'approches en soupirant :
" Il avait raison, ce livre est dangereux. Je suppose qu'en me le donnant il ne s'attendait pas à ce que j'en arrive là. "
Soudain, un bras sort de la page de droite, tu recules en arrière, le souffle coupé. Le bras s'appuis sur la commode et voilà qu'en sort une tête, puis tout le corps. Un jeune garçon tout gris s'assoit alors devant toi, sans rien dire. Il te fixe de ses yeux dorés.
" Q-Qui es tu ? "
Il ne répond pas, te regarde, secoue ses cheveux bruns comme un petit chien, et continu de te fixer. Ensuite, il porte une attention particulière à la couverture du livre, enfin...au sang sur le livre. Il semble presque sourire à la vue de celui-ci...
Pendant tout le reste de la nuit, vous restez comme ça, à attendre, le garçon finit par aller se cacher sous ton lit comme s'il attendait quelque chose qui ne se produit pas, et toi tu étais figé de peur dans un coin.
Aux premières lueurs du jours, tu vas regarder sous le lit : plus personne. Tu frémis alors, cours prendre le livre en le refermant au plus vite, et essaye de nettoyer la tâche de sang. Mais, même avec de la javel tu n'arrives pas à l'enlever, elle semble encrée dans le livre, prise sur la couverture pour l'éternité.
Tu fermes les yeux en te calmant légèrement, essayant d'oublier ce qu'il vient de se passer. Tu regardes alors ta montre et constate que l'heure de ton rendez-vous avec l'homme aux yeux rouges approche. Tu mets alors le livre dans un sac que tu fermes préalablement le plus que possible, te changes avec un jean et un sweat à capuche noir, et pars de ton chez-toi. Tu te rends compte que tu n'as rien mangé depuis le soda d'hier soir, et que ton ventre cri à l'aide, alors tu reviens sur tes pas et manges un Kindur en vitesse. Te voilà ensuite, repartant pour votre point de retrouvailles.
Dehors, tout est calme, les quelques gens sortis partent travailler, et le soleil arrose le bitume doucement. Au loin, debout en plein milieu de la rue, tu vois quelqu'un tapoter du pied. C'est lui, et il est en avance.
Tu cours à sa rencontre, comme s'il était la réponse à tout ces évènements. Peut-être qu'il sait quelque chose...ou bien devrais-tu garder cela pour toi ?
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Kurapika X Reader " Le livre rouge. "
FanfictionSeule, depuis des jours, des mois, presque des années, tu prends une décision après avoir trouvé une annonce pour un certain "examen hunter". Il faut arrêter de se cacher et sauter le pas. Mais en redécouvrant le monde sous des yeux libres on finit...