Chapitre 9 - Partie 2

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Une lumière chaude et douce envahit alors la caverne. Finemouche n'en crut pas ses yeux. On aurait dit une bibliothèque du continent. De hautes étagères remplies de vieux bouquins poussiéreux et de rouleaux en papier fractionnaient une grande caverne en plusieurs parties organisées autour d'une grande allée principale. Quelques bougies posées sur les étagères et sur de petites tables en bois éclairaient la pièce d'une lumière chatoyante.

- Les lueurs du soleil ne parviennent pas jusqu'ici, annonça fièrement Wyntemer en pénétrant dans la bibliothèque. Même en plein jour, pour ne pas abimer les vieux écrits. On est à l'abri de tous les aléas, ici.

Il lança un clin d'œil à la jeune femme bouche bée. Elle s'était déjà rendue dans de tels lieux avec sa mère en France quand elle était toute petite mais elle n'aurait jamais pensé en croiser un à l'autre bout du monde.

- Bienvenue dans la bibliothèque des Fabuleux ! s'exclama le capitaine en levant les bras vers les étagères. Voici le fruit de vingt ans de récolte. C'est ma plus grande fierté, après ma dent de monstre marin bien sûr, ajouta-t-il plus bas.

Il passa en revue les bibliothèques, les yeux en l'air.

- Tout écrit retrouvé au cours d'une expédition est ramené ici. Il y a de tout, et dans toutes les langues.

- Mais pourquoi donc rassemblez-vous tous ces livres ? s'émerveilla la canonnière.

- Le savoir est une chose importante, chantonna-t-il. Il guide les hommes dans le futur et permet de ne pas oublier le passé. Imagine-toi bien ! Sans ces livres, comment les hommes transmettraient-ils leur savoir à leur prochain, ou comment l'exporteraient-ils dans des régions reculées comme ici ? C'est une richesse et un pouvoir énorme que de posséder tout ça.

- Et vous les avez tous trouvés dans les Mers du Sud ? Je ne pensais pas que ça intéressait les gens d'ici.

- Eh bien détrompe-toi. Ce que les colons demandent le plus, ce ne sont pas les meilleurs vins continentaux ou les plus beaux habits à la mode à la cour du roi, mais bien de l'information, du savoir de l'Ancien Monde. C'est bien là la meilleure façon de s'assurer qu'ils restent attachés à leur culture originelle, à leur Histoire. La passation du bâton du savoir se fait par l'intermédiaire de cet outil sacré qu'est le livre. Je l'ai lu dans un bouquin, ça aussi. J'ai beaucoup appris grâce à eux. Et puis, quel meilleur moyen pour des pirates de se tenir informé des activités du monde entier ?

Elle acquiesça silencieusement. Wyntemer lui présenta alors l'étagère dédiée à la poésie, sa préférée. Ils s'arrêtèrent ensuite devant les archives de guerre. Finemouche sursauta lorsqu'elle vit un individu recroquevillé à une table dans l'ombre se lever silencieusement derrière le capitaine et s'approcher d'eux, sans un mot. Wyntemer se retourna et s'exclama :

- Ah, mais te voici donc, canaille ! Finemouche, je te présente le Sage. C'est le maître des lieux, et un très bon ami. C'est un ancien érudit qui a décidé un jour qu'être libre de penser ce qu'il souhaitait, c'était plaisant.

- Enchanté, fit une voix sifflante et tremblante provenant de sous le capuchon plongé dans l'obscurité.

- Si tu cherches des informations sur le navire de ton père, ajouta le vieux loup de mer, tu les trouveras ici. Certes il y a beaucoup d'écrits, mais avec l'aide du Sage, je suis persuadé que tu trouveras quelque chose d'intéressant. Ne lui en veux pas trop, chuchota-t-il à l'oreille de Finemouche en regardant le Sage, des royalistes ont failli lui arracher les cordes vocales et ont essayé de l'égorger, mais il parle toujours. Il faut juste pencher l'oreille.

Les Lames de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant