Chapitre 18 - Partie 2

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Les cloches de la ville se mirent à sonner et de nombreux miliciens rejoignirent les attroupements devant et derrière les pirates. Le Baron ne cessait de ricaner,  et de plus en plus fort à mesure qu'ils s'approchaient du port. Voyant ses hommes encercler de toutes parts ses ennemis, il ne pouvait s'empêcher de lancer des piques à Diabolo.

- Vous ne partirez jamais d'ici vivants. Quand mes hommes vous auront vaincus, je vous mettrais tous aux fers, et je vous détruirais. Lentement. Toi là, ma minette. Je vais te détruire.

Le sang de la timonière ne fit qu'un tour. Elle s'apprêtait à lever la main sur lui quand Finemouche réagit.

- Garde ton sang froid ! Si tu le frappes là, tu démarres un affrontement qu'on est surs de perdre.

- Je vais le fumer ce merdeux ! ragea Diabolo tandis que le Baron se remettait à rire cyniquement.

Les ennemis resserraient leur étreinte sur la petite troupe. Alessandro marchait à reculons, le cœur battant à toute allure, les mains moites, changeant de plus en plus frénétiquement la cible qu'il pointait avec son arme. Ils étaient cernés. Ils n'avaient aucune chance, se disait-il.

Malgré la foule entre eux et les pontons, Finemouche apercevait les gréments de nombreux navires au loin devant eux. Le port n'était plus très loin ! Mais la centaine de gardes devant eux ralentissait le pas progressivement et força les Fabuleux à faire halte.

Ils étaient parfaitement entourés. Les hommes du baron, armés jusqu'aux dents, leur bloquaient tout accès aux pontons d'amarrage. Ils les fixaient silencieusement, la mine sombre, attendant une ouverture ou un signe de la part de leur chef pour lancer l'attaque. Paradoxalement, la foule de civils agglutinée à l'arrière produisait un vacarme assourdissant, hébétée par ce qui arrivait.

Le Baron ne donna étrangement pas d'ordre de charger. Même lorsque Wyntemer tomba au sol de fatigue et que Finemouche se baissa pour l'aider à se redresser, personne d'autre ne bougea.

Ce fut encore une fois Buck qui prit la parole.

- Si vous ne nous laissez pas passer, on l'égorge. Maintenant !

- Et une fois fait, ricana le Baron, comment vous allez vous en sortir hein ?

- Bougez-vous tout de suite ou je lui coupe le doigt ! beugla Diabolo.

Mais personne n'obtempéra. Au contraire, les ennemis serraient leurs armes avec détermination. On se fixait dans le blanc des yeux. On restait le plus immobile possible. On attendait que quelqu'un fasse le premier pas.

Un petit homme déboucha de la foule de miliciens qui coupait l'avancée des pirates. Buck reconnut aussitôt celui qu'ils avaient entubé en arrivant au port.

Rouge de colère, il dégaina son sabre et le leva au-dessus de sa tête comme pour mener la charge qui le rachèterait peut-être auprès de son maître. La peur envahit les fugitifs qui n'excédaient pas la vingtaine. 

"Merde ! se disait Finemouche. Tout allait fonctionner... "

Des cris surprirent les miliciens qui firent soudainement volteface. Des tirs détonnèrent, accompagnés du cliquetis des lames qui s'entrechoquent et du hurlement des hommes à la bataille. Les Fabuleux restés sur le navire venaient en renfort ! Et quelques pirates locaux à la vue du Baron les avaient même rejoins.

- A L'ATTAQUE ! hurla Buck qui s'élançait déjà vers les hommes du Baron.

Les fugitifs se jetèrent joyeusement dans la mêlée en un éclair. Deux miliciens qui couraient vers eux furent accueillis par les deux pistolets de Buck, qu'il rangea aussitôt pour sortir une longue dague de son manteau. Le pirate, ravi de pouvoir se venger, taillada un autre milicien qui le chargeait d'un coup vif, passa dans son dos, para une lame, asséna un violent coup de pommeau à un autre assaillant avant d'en embrocher un dernier fougueusement.

Les Lames de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant