Esperanza (E.M & E.S)

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Le bonheur est une chose bien complexe parfois... c'est un sentiment fort intervenant dans la vie de quelqu'un sous forme d'un évènement, mais majoritairement d'une personne...

Elijah avait rencontré l'italienne alors qu'il ne s'attendait pas à rencontrer quelqu'un pouvant le comprendre à ce point. Elle aimait lire, travailler, croquer la vie à pleine dents. Elle aimait rire.  Elle aimait se dire que demain sera un jour meilleur. Elle portait bien son nom, Esperanza Salvatore. Elle portait en elle un espoir, une lueur d'espérance que l'originel n'avait pas vu depuis longtemps. Elle aimait la vie, elle aimait sortir, prendre l'air, mettre les mains à la pâte si c'était nécessaire. 
Elle aimait sortir se promener les jours de pluie, et contempler la nature durant des heures, remarquant la faune et la flore qui entouraient son petit corps frêle. Elle aimait voir les oiseaux voleter sous les versées*, elle aimait voir les cerfs galoper sous le bouquet** 
Elle aimait sentir la chute sur sa peau nue, elle aimait courir entre les arbres recouverts de feuilles s'accordant parfaitement à la nuance de ses yeux illuminés par le soleil moins embrasé que d'habitude.
Il vivait avec elle, chacun dans deux chambres séparées d'une petite maison dans la foret, bien cachée de la civilisation alentour. Ce qui réjouissait Esperanza qui au fond d'elle haïssait l'air sale que dégageaient les engins tels que les voitures, les motos et autres inventions du vingt-et-unième siècle. Elle préférait l'air forestier, respirant l'air frais, l'air à l'état pur.

[* et ** : synonymes de pluie]

Elijah ne tarda pas à décrocher un métier dans le lycée du village, et il choisit un emploi dans lequel il serait sûrement le plus compétent : professeur d'histoire. Esperanza, quand à elle, a été obligée d'intégrer le lycée, sous ordre d'Elijah qui ne voulait pas la laisser seule. Ce dernier voulait qu'elle se fasse des amis et qu'elle se détache de son univers forgé d'armes, de vampires et de chasse. 
La relation entre la chasseuse et le noble n'avait pas pris d'ampleur si ce n'est quelques regards profonds et intenses. Ils ne voulaient rien dire pour les deux amis, mais ils sentaient un lien étrange se former entre eux... La façon dont l'homme regardait la jeune femme était plus profonds, et dérivaient du camp d'amis vers autre chose. Il savait très bien au fond de lui ce que cela voulait dire, mais refusait de l'admettre et acceptait de sourire autant en sa présence.
Quand à la jeune femme, elle reniait cet attachement plus qu'amical envers l'originel, qui était devenu plus qu'un confident ou qu'un compagnon de voyage. Elle se sentait bien à ses côtés, elle se sentait enfin à sa place, dans un univers chaleureux, plein de douceur, de délicatesse et de multitudes de choses dont faisait preuve Elijah.
Elijah sentait un sourire fendre ses lèvres fines à chaque fois que les prunelles sapins de son "amie" croisaient les siens. Il souriait lorsqu'elle était heureuse et se sentait fasciné par cette créature aussi mystérieuse qu'extravertie.
La chasseuse se perdait souvent dans les prunelles chocolat de l'originel, rêvant d'elles la nuit comme le jour. Le regard se perdant dans n'importe quel paysage lorsqu'elle pensait à lui; au toucher de leurs peaux pâles, à la sensation de leurs doigts entremêlés, lorsqu'il souriait légèrement comme à son habitude ou lorsqu'il riait de sa voix suave.
Le mot était trouvé, ce que ressentaient l'un et l'autre n'était qu'une profonde fascination de l'autre, l'envie de découvrir, de vivre et de ne plus penser qu'à autre chose.

Esperanza, après avoir laissé glissé un filet dos sur sa peau matinale, s'habilla d'un chemisier blanc simple accompagné d'un jeans bleu classique. Elle enfila ses baskets habituelles blanches puis attacha ses cheveux encore humides en chignon mal-coiffé.
Elijah, quand à lui, c'était habillé d'un costume noir et d'une chemise bleue, comme à son habitude depuis des années.

***

"Vous êtes ?" demanda le professeur aux traits asiatiques à la brune tandis qu'elle entrait dans la classe.
"Esperanza Salvatore, excusez-moi du retard... je me suis perdue" begaya la nouvelle en baissant les yeux sous les regards furtifs de ses futurs camarades de classe.
"Je vois... Vous pouvez vous installer près de Kai" sourit le professeur en pointant du doigt un élève installé tout au fond de la classe. Ce dernier eut la réaction qu'il attendait, bien qu'il affichait une expression neutre pour garder sa couverture, il était heureux que son plan pour se lier faussement d'amitié avec elle commençait à merveille. Esperanza perdit tout à coup le peu de confiance en elle qu'elle avait en empiétant dans la salle. 

Cependant, elle fit un effort et s'avança vers le rang où se situait le fameux Kai et s'assit à côté de lui ; et sans pour autant lui adresser un regard, chose qui intrigua Kai.
"T'es espagnole" tenta-t-il de deviner. Esperanza essaya de l'ignorer mais finit par encrer ses prunelles dans les siennes puis lui fit comprendre d'un coup d'œil rieur que ce n'était pas le cas. Ce dernier ne laissa pas tomber la partie:
" Ou encore mieux, une sexy Latina..." dit-il en bavant presque en pensant au cliché que les médias donnaient aux latines. Des femmes aux formes généreuses, à la peau halée et aux cheveux noirs de jais. malheureusement pour lui, l'italienne n'était pas une Latina et ne correspondait donc pas à ses critères de beauté dont se moquait la chasseuse en vérité.

Elle ne put s'empêcher de rire légèrement et d'écraser sa paume contre son front. Ce dernier conclut: 
"C'est vrai que t'es pâle pour une sexy Latina", lui aussi se laissa rire silencieusement de lui-même. Elle n'avait rien d'une Latina, de par son accent et de son allure typiquement le contraire du cliché des magasines People.
La nouvelle élève finit de rire, et laissant tout de même un sourire sincère et amusé gravé sur ses lèvres, elle répondit:
"Je suis italienne, 'Kai'", elle laissa son sourire s'éteindre peu à peu et se reconcentra sur le tableau sur lequel le professeur gravait tout de sorte de frises chronologiques et se dépêcha de tout écrire dans son cahier. Comme le lui avait appris Elijah auparavant. 
Et voilà qu'elle pensait encore à lui, à son sourire charmant, à sa belle carrure et à ses yeux doux renvoyant ce qu'il était au fond de lui. Un pur joyau de gentillesse, de douceur et de délicatesse.
Kai remarqua l'absence de la nouvelle, qui avait le regard ailleurs et un léger sourire au coin des lèvres puis lui tendit la main, en dessous de la table de la salle de classe :
"Moi c'est Kai" sourit-il tandis qu'elle prit sa main et la serra avec le même sourire et quelques anglaises encadrant son visage aux traits fins.
"Appelle-moi Espe"

***

Esperanza a toujours été fascinée par l'histoire, ce domaine qui étudait le passé. Elle se retrouvait en cette matière consacrée aux dates, aux mémoires, aux batailles qui ont forgé la civilisation d'aujourd'hui. 
Après le fameux cours où elle fit la connaissance de Kai, son voisin de classe, elle se rendit pas à pas à la bibliothèque. Lorsqu'elle mit le pied dans l'immense salle, des étoiles apparurent dans ses yeux pleins d'énergie. Soudain, son regard croisa les yeux d'une rousse... La jeune femme était tout bonnement magnifique avec ses longs cheveux bouclés, son nez acquilin et ses belles prunelles noisettes. Elle fronçait le regard à la vue de notre héroïne, éveillant au passage ses sens de banshee et citant ces mots à voix haute :

" Fuis, colombe, fuis tant qu'il est temps.... Le corbeau viendra assez tôt..."