𝟬𝟱:𝟮𝟯 𝘼𝙈

𝟣𝟢:𝟣𝟦 𝖺𝗆

ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ᴵᴼᵁ; ᴺᶜᵀ ᵁ

La danse ne calme plus Seulgi. J'en prends conscience quand elle rate trois fois de suite un pas qui normalement ne lui aurait jamais posé problème. À côté de moi, Wooyoung soupire, coupant la musique une fois encore. Lui aussi est ailleurs. La salle de danse est baignée de lumière dorée, la baie vitrée laisse passer un agréable courant d'air frais, et tout aurait pu être parfait, si seulement mes deux amis ressentaient quelque chose en dansant. Seulgi se laisse tomber au sol, sur les fesses.

— Je suis désolée, souffle t-elle.

Le mois d'août vient tout juste de débuter. Voilà déjà plus de deux mois que Sulli est partie, mais rien n'a changé, les blessures des premières heures après son décès restent les mêmes. Je me dois de faire quelque chose, alors j'esquisse un sourire, et tapote l'épaule de la brune, à la frange impécablement coupée.

— Ne t'excuse pas, ce n'est rien.

— Je n'arrive pas à me concentrer, c'est un jour sans.

— Ça arrive ma belle, je continue de sourire en cherchant son regard sombre. Faisons une pause. Je vais chercher des glaces, tiens, ça vous tente ? Fraise pour Wooyoung, café pour toi, vanille pour moi et menthe pour...

Je me fige dans mon élan, réalisant l'énorme bêtise que je m'apprête à dire. Wooyoung me regarde, sans émotion. Seulgi n'a même pas relevé la tête. Je rougis, morte d'embarras.

— Attendez-moi là, je reviens dans cinq minutes ! je lance precipitamment en tentant de cacher ma gêne.

— Je n'en ai pas env...

Je n'entends pas la fin de la phrase de Wooyoung et m'élance hors de la salle, à travers le couloir et bientôt dans les rues baignées de soleil. Quelle idiote ! Des fois, comme maintenant, il m'arrive de penser que Sulli est encore avec nous, et danse encore dans notre quatuor. Je me bouffe la lèvre inférieure, à deux doigts de pleurer. Bien joué, Dina. Imbécile. Le stand de glace est au coin de la rue principale, face à l'école. Une bande de jeunes passent sur le trottoir d'en face et se taquinent entre eux, direction la plage. On dirait nous, avant. J'esquisse un demi-sourire qui me pince le coeur.

— Oh tiens, Dina ! me sourit la veille dame qui s'occupe des glaces, et me fait revenir sur terre. Comment vas-tu ? La même chose que d'habitude ?

— Bonjour, hum... sans celle à la menthe s'il vous plaît.

— Oh, la petite Sulli n'est pas venue danser avec vous aujourd'hui ?

Je manque tomber, et baisse les yeux. Le décès de mon amie est tellement passé inaperçu que certains habitants ne sont même pas encore au courant. Ça me blesse, et je ne sais même pas pourquoi, au fond. J'accepte les cornets qu'elle me tend et dépose les billets sur le comptoir, avec un sourire crispé.