𝘢𝘵𝘦𝘦𝘻; 𝘦𝘹𝘰; 𝘪𝘥𝘭𝘦; 𝘷𝘦𝘭𝘷𝘦𝘵; 𝘧(𝘹)
jeju-do, printemps 2019.
thaïs revient sur l'île coréenne au moment où aucun de ses amis ne semble s'y attendre, et avec elle, tout le passé ressurgit, plus violent que jamais. mais des choses cloch...
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ᴺᴼᵂᴼᴺᵀᴴᴱᴿᴬᴰᴵᴼ: ᶜᴵᴺᴱᴹᴬ ᴾᴬᴿᴬᴰᴵˁᴼ; ᴱᴺᴺᴵᴼ ᴹᴼᴿᴿᴵᶜᴼᴺᴱ
Toutes les journées se ressemblent. En réalité, c'est d'un ennui morbide, mais le soleil ne fait que se lever à six heures du matin, tourner autour de la fenêtre à midi et se coucher derrière les arbres à vingt-deux heures passées. C'est d'un ridicule cuisant à chaque fois que je regarde par la vitre, si bien que j'ai arrêté de le faire et les volets sont fermés, depuis deux ou trois jours déjà. Toutes les journées sont les mêmes. Je me réveille, il est midi passé, je ne mange pas et bois un verre de lait parce que ma mère me force. Je reste au fond de mon lit, le ventilateur directement sur mon visage, et je me vautre dans ma misère toute la journée durant, avant de fermer les yeux quand le soleil se couche.
Papa et maman sont effrayés. Je veux dire, c'est l'été, il fait beau et le monde étudiant est libre, je devrais faire comme chaque année et sortir à l'aventure pendant des heures avec la bande, ne revenir que le soir très tard après une magnifique soirée et me vautrer dans mon lit avec une gueule de bois monumentale... Mais j'en suis incapable. Hongjoong ne me parle plus. En réalité, je ne lui ai envoyé aucun message, putain de fierté, et comme nous jouons au même jeu sous les mêmes règles, lui aussi fait le mort. Sauf qu'il ne l'est pas vraiment, lui. J'ai vu son visage resplendissant si bien caricaturé dans l'une des story de Zadig. Bourrés sur la plage à cinq heures du matin, entourés d'inconnus tous hilares, la lune au dessus de leurs têtes et la mer en fond sonore. Je ne suis pas jalouse, si, si, beaucoup.
Papa voudrait que je descende l'aider à l'épicerie, mais Maman lui a parlé en privé et il a tout d'un coup arrêté de me le demander sans cesse. Elle est malade, ta fille.
Et par dessus le marché, Dina ne répond à aucun de mes appels. À ce que j'ai entendu, ses parents l'ont privée de sorties pour toutes les vacances. Je ne sais pas quel genre de merde elle a bien pu faire pour les énerver à ce point, mais comme son téléphone est éteint et que je n'ose même plus sortir de chez moi, je n'ai pas plus de nouvelles. Ça me fait de la peine, un peu.
Au moment où je repense justement à ça, en pleine après-midi, Maman ouvre la porte de ma chambre et passe la tête dans l'encadrement, un petit sourire aux lèvres.
— Ton ami Hugo est en bas ma chérie, je le fais monter ?
Je fronce les sourcils, me redressant un peu dans mon lit. Étrange qu'il soit là, Hugo ne vient jamais par ici. J'accepte contre toute attente et ça a l'air de ravir ma mère, qui redescend lui dire de monter. Je n'ose même pas me voir dans le miroir de la salle de bain, je dois être horrible, tant pis. Quelques minutes après, Hugo apparaît dans ma chambre, pour la première fois, je crois. Il fait un pas, plutôt timide, et regarde tout autour de lui comme s'il s'attendait à ce que je lui saute dessus, de derrière la porte. Une sorte de déception prend place sur son visage quand il découvre que je ne suis que dans mon lit, et que je ressemble à un putain de zombie.
