𝘢𝘵𝘦𝘦𝘻; 𝘦𝘹𝘰; 𝘪𝘥𝘭𝘦; 𝘷𝘦𝘭𝘷𝘦𝘵; 𝘧(𝘹)
jeju-do, printemps 2019.
thaïs revient sur l'île coréenne au moment où aucun de ses amis ne semble s'y attendre, et avec elle, tout le passé ressurgit, plus violent que jamais. mais des choses cloch...
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ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ᶠᴬᴵᴿʸ ᴼᶠ ˁᴴᴬᴹᴾᴼᴼ; ᵀˣᵀ
Parfois, quand je ferme les yeux, je vois dans mes plus beaux rêves une sorte d'oasis perdue dans les bois, un endroit où les fleurs sont blanches, bleues, jaunes et orangées. Quand je lève les yeux, le ciel est rosé, les nuages fins. L'herbe fraîche me chatouille les pieds, alors que je marche lentement, me perdant dans la contemplation du lieu. Un court d'eau délimite ce paradis, l'eau est d'ailleurs si cristalline que quand je me penche, je peux voir mon visage à la surface. Les cailloux argentés brillent au soleil, ils sont tapis au fond de l'eau fraîche qui fait un joli clapotis contre les rochers. Les arbres sont si hauts qu'ils forment de grands espaces d'ombre que je savoure en m'étendant sous l'un d'eux, les yeux fermés. Mes cheveux au vent, les bras étendus en croix, la nature sent tellement bon que j'en emplis le plus possible mes poumons, un léger sourire aux lèvres. Ici, je ne manque de rien, tout n'est que paix et jouissance face aux merveilles les plus banales que peut offrir la nature autour de moi. Ici, Sulli est heureuse.
Je rêve souvent de cet endroit, et à chaque réveil, je suis en pleurs. Des pleurs silencieux, mon cœur me fait un mal à en crever, comme si j'étais de nouveau seule au monde après avoir connu mon âme-soeur. Que j'avais assisté à sa mort. Cet endroit n'est qu'illusion pure, aucun endroit sur terre ne pourrait lui ressembler, tout est bien plus merveilleux dans ma tête. Les marques fraîches sur mes avant-bras et le picotement qu'elles me font ressentir quand j'y pense trop fort me prouvent que je suis de nouveau là, dans mon lit, sur cette île que j'aime tant. La nuit est loin d'être terminée, et d'ailleurs elle ne finira jamais, je serai toujours emprisonnée avec elle, je ne reverrai jamais le soleil. J'y pense en fermant de nouveau les yeux.
Le lundi suivant, je retourne au lycée comme si de rien n'était, les marques cachées par la chemise blanche de l'uniforme. La plupart des élèves ont déjà opté pour l'uniforme d'été, chemises à manches courtes, je détonne encore, mais à force, ce n'est plus vraiment mon problème.
— Tiens, voilà la folle ! ricane un garçon de dernière année que je vois souvent, dans les couloirs.
Je lui souris, un sourire sincère et chaleureux, jamais je n'ai eu une pensée négative pour un humain, tout le monde mérite de vivre et de commettre des erreurs. Il me fait une grimace et un vilain geste qui amuse ses copains, je reporte mon attention sur mes pas, mes chaussures vernies claquent contre le goudron chaud. La journée s'annonce belle, bien que je sois toujours enfermée avec ma nuit sombre, je suis contente que les autres puissent profiter du beau temps encore une fois. On passe un bras sur mes épaules, je souris en reconnaissant le parfum de Zadig.
