𝟬𝟱:𝟮𝟯 𝘼𝙈

𝖾́𝗉𝗂𝗅𝗈𝗀𝗎𝖾

la réelle fin est-elle quand thaïs quitte l'île, ou bien quand elle réapparaît et que
tout est oublié?

Ce matin-là, Byun Baekhyun se réveille d'une sorte de coma profond, avec un mal de tête digne de ses plus belles gueules de bois d'antan. La bouche pâteuse et une drôle de sensation au cœur, il ouvre difficilement les yeux, pour se rendre compte qu'il est seul sur son matelas bondé de fringues éparpillées. Plusieurs de ses chemises hawaïennes sont jetées comme ça, sans raison aucune, autour de lui, et il trouve ça étrange, car il a pourtant le souvenir de les avoir ranger dans son tiroir. Mais ce qui est encore plus étrange, c'est que Thaïs n'est pas là. Sortie, peut-être, se dit-il sans trop de conviction. La vérité est que Thaïs Rizos va où bon lui semble, quand elle le souhaite, de n'importe quelle manière, et ça, ça ne changera jamais. Libre comme l'air, comme on dit.

Sauf que plusieurs heures passent, et elle ne revient toujours pas. Aucun message sur le cellulaire, et la journée passe, l'angoisse commence à monter, personne ne semble l'avoir vue quand il appelle des connaissances pour diminuer son angoisse, rien, elle s'est volatilisée. Et la nuit passe aussi, lentement. Et la journée du lendemain, celle qui suit, et celle d'après. Et Baekhyun a la tête qui va exploser, c'est sûr et certain. C'est à s'en taper le crâne contre les murs tellement il a mal. Il ne sait plus ce qui s'est passé la nuit avant la disparition de Thaïs, ci ce n'est cette quantité affolante de coke qu'il a prit, et c'est emmerdant, en soit. Mais les jours continuent de passer, et la grecque est bel et bien partie, ne laissant rien dans son sillon d'écume.

Un soir, Kim Hongjoong frappe à la porte de Baekhyun qui lui ouvre, il est devenu une sorte d'épave ambulante qui peine à sortir de chez lui. De grosses cernes lui masquent le regard, et ses lèvres sèches tiennent toujours fermement un bâton de nicotine, quelle que soit l'heure. Hongjoong pense qu'il fait pitié à voir, et que le camé qu'il est devenu est bien loin de l'ami qu'il s'était fait à l'époque. Sans un mot, il lui glisse une lettre avec un seul prénom marqué sur le revers – le sien, et il s'en va, comme il est venu, sans se retourner une seule fois. Alors, dans un semblant de demie-conscience, Baekhyun ouvre l'enveloppe.

baek',

je suis partie. je m'en vais quelques temps en grèce avec papa, et je ne compte pas revenir avant plusieurs mois; peut-être années. vivre sur cette île, avec vous tous, a été mon coin de paradis, mais ce n'est plus possible. ce n'est pas ta faute, ce n'est la faute de personne, c'est juste comme ça. je ne suis pas désolée, mais tu vas me manquer, si c'est ça que tu voulais tant savoir.

répare-toi et protège les autres,
thaïs.

Les larmes d'incompréhension lui brûlent les joues, et il serre les dents tellement fort que la cigarette se tord et finit par terre, dans un piteux état. Assit à même le sol à côté d'elle, Byun Baekhyun se consume à la même vitesse que sa drogue, et se recroqueville sur lui-même, vautré dans son désarroi opaque et son ridicule cuisant. Il a perdu, il la perdu, et c'est triste, mais c'est comme ça.

Alors, les mois passent, et les autres sont retournés en cours, mais pas lui, ni Zadig qui a abandonné, ni Seulgi qui se noie dans une dépression flagrante. Mais c'est comme ça. Les lettres du proviseur s'entassent sur le pallier, il les ignore, fait comme si de rien n'était, l'Oasis est là pour ça après tout ha-ha, et chaque soirée passée là-bas est comme un purgatoire fatal qui le répare pour quelques heures, avant de lui éclater la gueule au sol le lendemain matin.