J'étais pétrifiée à l'idée que mon père puisse voir le tatouage qui ornait mon dos. Il me faisait signe tout en discutant avec Laura Summer, une journaliste. Alors que mon cerveau passait en revue toutes les échappatoires possibles sans en trouver une seule, je sentis une douce chaleur entre mes omoplates. Josh appliqua la paume de sa main sur le dessin, et me poussa légèrement en avant pour m'encourager à avancer. Je n'osais même pas poser les yeux sur lui.
Une fois parvenus à leur hauteur, je fis les présentations et Laura nous interrogea, prenant des notes au passage. Évidemment, mon père fusilla Josh du regard, et tenta de l'évincer de la conversation, mais mon ami ne se laissa pas intimider. Josh m'impressionnait. Il lui avait fallu une bonne heure pour se détendre et à présent voilà qu'il était comme un poisson dans l'eau... au milieu des requins. Nous nous déplacions dans la salle pour saluer quelques personnes supplémentaires alors que Josh enchaînait les stratagèmes pour cacher mon tatouage. Il s'amusait de cette mascarade pendant que je n'en menais pas large.
À l'abri des regards près du buffet, je respirais de nouveau. Josh se retourna, et étouffa son rire dans sa main. Je lui donnais un coup de coude dans les côtes.
— Je suis désolé, Elena, s'esclaffa-t-il, mais entre ta tête et celle de ton père, franchement j'en peux plus.
Un sourire naquit sur mes lèvres. Je commençais à regretter le contact de sa peau sur la mienne. Comme s'il avait lu dans mes pensées, Josh posa de nouveau ses doigts sur moi. Ils effleurèrent mon dos, entre mes omoplates.
— Je l'aime bien, moi, ton tatouage, murmura-t-il.
À présent que nous étions seuls, ce geste ne me semblait plus si anodin. Mes yeux trouvèrent les siens dans un silence épais. Est-il conscient de l'effet qu'il a sur moi ?
Les doigts de Josh quittèrent ma peau lorsque mon père se planta devant nous.
— Elena on s'en va, grogna-t-il.
Son regard lançait des éclairs en direction de mon ami.
— Je vais te chercher ta veste, proposa Josh.
Une partie de moi était soulagée à l'idée que cette soirée prenne fin, un autre redoutait le trajet de retour en compagnie de John Ferguson, le sénateur ronchon.
Quelques instants plus tard, j'interrompis le silence glacial qui régnait dans la berline :
— Je t'avais demandé d'être aimable, papa. Tu m'as fait honte.
Il aurait eu la même réaction si je l'avais giflé.
— Honte ? éructa-t-il. Moi, je t'ai fait honte ? Mais tu t'es vue ? Tu t'es pavanée au bras de ce moins que rien toute la soirée ! Il est contre moi, il m'insulte à longueur de temps, critique tout ce que je fais ! Il me manque de respect et toi tu roucoules dans ses bras à la vue de tous ! Est-ce que tu réalises, Elena ? Tu réalises à quel point tu m'as ridiculisé ?
— Josh n'est pas Andrew, papa ! m'énervai-je. Il ne t'a absolument rien fait. C'est toi qui lui as manqué de respect. Il n'a pas rétorqué et tu sais pourquoi ? Parce que c'est mon ami ! Il tient suffisamment à moi pour s'écraser afin d'éviter les problèmes.
— Ma pauvre fille, ce que tu es naïve ! s'emporta-t-il. Ce type n'est pas ton ami. Il profite de ta position pour se faire une place, et au passage te soutirer des informations sur moi.
— Tu dis n'importe quoi, crachai-je. Je connais Josh depuis des années, bien avant qu'il ne travaille pour Andrew. Et on ne parle jamais de toi !
— J'espère bien ! Il est hors de question que tu lui dévoiles quoi que ce soit sur moi lors de vos confidences sur l'oreiller !
— Je ne sors pas avec Josh, grinçai-je.
— Ne me prends pas pour un idiot, répliqua-t-il. Je te préviens Elena, c'est terminé. Tu t'es engagée à être un soutien et tu te comportes comme un boulet. Tu passes pour une traînée et moi pour un imbécile !
Cette fois c'est moi qui me sentis giflée. Les larmes me montèrent aux yeux sans que je puisse les retenir. Il détourna le regard et dit :
— Ne pleure pas. Tu empires la situation.
J'essuyai mes joues, ravalant la boule qui s'était formée dans ma gorge. Mon cœur qui battait si fort sous les doigts de Josh il y a à peine quelques instants semblait s'être arrêté.
Le silence se fit dans l'habitacle jusqu'à ce que la voiture s'immobilise au bas de mon immeuble. Je quittai en courant le véhicule pour me réfugier dans mon appartement.
Alors que les larmes déferlaient sur mes joues, je m'en voulais d'être aussi faible face à mon père. Je m'en voulais d'être encore touchée par ses mots, de rechercher désespérément son approbation. Je m'en voulais de l'aimer.
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A la porte de ton cœur - Chroniques de nos Cœurs Tome 1
RomanceElena avait une vie bien remplie. Elle partageait son temps entre un travail prenant, une bande d'amis proches et un père exigeant. Tout cela ne laissait pas beaucoup de place à l'amour. Elle se contentait donc de quelques rencontres qui lui apporta...