Des Intrus Invités

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Solveig était frustrée, car elle n'avait rien eu à se mette sous la dent. Hatr n'avait pas semblé préoccupé par sa découverte matinale, totalement non-intéressé aurait été un terme plus approprié. Ensio, encore vexé par sa fuite impromptue, l'avait chargé de la corvée paperasse, tandis que lui était parti en vadrouille "pour régler un contentieux".

Pour résumer, Solveig s'ennuyait ferme et avait l'esprit qui tournait à plein régime, l'incident de la veille occupant chacune de ses pensées. Elle avait un mauvais pressentiment qui ne voulait pas la laisser en paix, et ses précédentes intuitions lui ayant toujours donné raison, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour ce futur incertain. Surtout que ce loup à proximité, était loin de la rassurer.

Un raclement de gorge la rappela à la réalité. Methias ne la lâchait pas du regard, oscillant entre appréhension et rébellion. Solveig secoua la tête, exaspérée.

- Ça sert à rien de me regarder comme ça, Methias. Je t'ai déjà expliqué que je comptais en parler à tes parents. De toute façon, tu es au poste. Même si j'avais voulu m'abstenir, je n'en ai pas l'autorisation.

Elle balaya les protestations du jeune délinquant d'un revers de la main.

- Laisse tomber, je ne t'écouterais pas. Tes parents doivent être tenus au courant, et pour le coup, même si je n'étais pas intervenue au nom de la loi, je n'aurais pas gardé le silence. C'est bien trop grave.

Le rouge monta aux joues du garçon. Solveig ne put s'empêcher de penser, qu'ainsi il était assorti aux mèches éparpillées dans ses cheveux mi- longs. La colère de Methias ne l'émouvait pas le moindre du monde.

- Tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler. Tu pourrais le regretter.

Sourcils froncés, Solveig le défiait du regard. Linette et Paolk lui avaient amenés le garçon dans la matinée, après l'avoir surpris en train de fracasser les fenêtres d'une résidence, à l'aide de sa batte. Le mystère du briseur de carreaux était résolu, beaucoup villageois risquaient de demander des comptes aux Guijen. Ses parents n'allaient pas en revenir, s'ils ne prenaient pas sa défense, ce qui n'était pas gagné.

Solveig détourna son attention du jeune homme au regard de lave, elle fulminait. L'heure était au ralentie, comme distendue. Elle n'en pouvait plus. Dans un sursaut, elle se leva, attrapa sa veste et prit la direction de la sortie. Sentant le vide dans son dos, elle se retourna de trois quarts.

- On peut savoir pourquoi tu es toujours assis ?

Methias ne cacha pas sa surprise, s'apprêta à rétorquer, mais elle ne le lui en laissa pas le temps. Yeux en l'air, soupir profond, elle enchaîna.

- C'était une question rhétorique, Methias. Active !

Les joues rouges, le jeune concerné obéit à son ordre, tout en maugréant, question de principe. Alors qu'elle s'apprêtait à pousser les portes de sa liberté, Solveig fut interrompue.

- Vous allez où ?

Solveig toisa la personne qui venait de l'interpeller. Brushing parfaitement réalisé, lèvres carmines fournies, décolleté plongeant, formes affolantes. Margaret, la casse-tête. Solveig ravala son grognement de frustration. Serrant les mâchoires, elle continua son geste premier, tout en lançant avec hargne.

- Mon taff, raison pour laquelle je n'ai pas le temps de m'intéresser au tient. Tu devrais en faire autant !

Le gloussement moqueur de Methias n'échappa pas à Solveig, qui lui donna une légère tape sur le haut du crâne quand il la dépassa pendant qu'elle lui tenait la tête.

Solveig Ylgr : Empreintes d'Hiver Où les histoires vivent. Découvrez maintenant