12. Dans les champs des Flandres

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« Personne ne quitte un jardin de roses sans sang sur les mains. »

↳ Rose Salvage ↲

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↳ Rose Salvage ↲

Mademoiselle Salvage, il y a quelqu'un qui souhaite vous voir.

Depuis l'extérieur, la gouvernante l'appelait mais Rose ne se retourna pas, son attention fermement concentrée sur le cheval bai qu'elle nourrissait. Les écuries étaient la chose la plus proche qu'elle avait d'un lieu sacré ; être avec les chevaux, c'était le seul moment durant lequel la paix était moins une définition et plus un sentiment.

Rose examina Lucille à la porte.

Je n'attends personne.
Il dit que son nom est Thomas Shelby, mademoiselle. Et il a un enfant avec lui. Dois-je les congédier ?
Merde.

Rose regarda le cheval brun-roux comme s'il pouvait décider pour elle. D'après son expérience, les chevaux avaient plus de bon sens que les gens.

Non, M. Shelby n'est pas un homme qu'on congédie. Amenez-les ici, je vous prie.

Elle attendit en silence, ayant pour seules compagnies la respiration lourde des chevaux et l'odeur tenace du foin. Quand ils arrivèrent au niveau de la porte, Charles se tortilla dans l'étreinte de son père, ses petits bras essayant d'atteindre les animaux avant qu'il ne vit Rose et décida de l'atteindre elle.

Rosie !
Coucou, Charlie.

Rose sourit et vint à leur rencontre. Les écuries étaient mal éclairées et le visage élancé de Thomas se détachait de la lumière comme celui d'un revenant, un revenant qu'elle n'avait pas vu depuis un mois mais qui ne manquait pas de la hanter tous les jours. Quand leurs yeux se fixèrent, le toucher de ses doigts contre sa peau lui revint comme si c'était arrivé la veille.

Thomas.
Bonjour, Rose. Il lui donna un bref hochement de tête, des ombres passant dans ses prunelles pendant qu'il l'étudiait. J'espère que cela ne vous dérange pas que nous passions à l'improviste, Charlie vous demandait. Vos leçons lui manquent, voyez-vous.
J'ai été occupée, dit Rose au moment où Thomas lui passait son fils dans les bras.

Elle l'emmena vers un poney Haflinger, gloussant quand sa main malicieuse s'entortilla dans sa crinière pâle.

Ah, oui, fit la voix de Thomas derrière elle. J'ai entendu dire qu'il y avait un grand événement à venir dans votre café, quelque chose en lien avec une galerie d'art.
Oui, il y a un nouveau mouvement déstabilisant les cercles artistiques, le surréalisme. Il détruit les conventions et contredit la réalité et toute sa logique, donc naturellement, je m'en suis éprise.
Cela signifie qu'il va y avoir beaucoup d'artistes mélancoliques buvant votre absinthe et votre liqueur dans vos bars.

La façon dont il la lisait ne cessait jamais de la surprendre, cette façon qu'il avait de faire des mots grâce à ses silences.

Que puis-je dire ? De tous ceux dans le monde, le cœur des artistes est le plus facile à briser.
J'ai entendu dire que Picasso sera là.
Oui. Peut-être qu'il vous peindra si vous lui demandez gentiment.

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