« Mais celui qui n'ose pas toucher les épines ne devrait jamais désirer la rose. »
↳ Alfie Solomons ↲
Camden Town
Thomas Shelby n'était pas le seul à être capable de faire des entrées théâtrales, chose que les employés à la distillerie de rhum de Camden Town avaient appris bien trop tôt en ce matin de bonne heure, quand les portes de la fausse boulangerie s'ouvrirent et que Rose Salvage et Kaya Yende apparurent devant leurs yeux fascinés comme des apparitions divines. Aucun d'entre eux n'avait jamais pensé voir le jour où deux femmes entreraient dans cet endroit étouffant et bruyant, et encore moins deux femmes agissant comme si elles n'avaient pas le temps d'avoir peur, comme si un tel sentiment était trop lent et indigne de marcher à leurs côtés.
La vision inattendue des deux dames dans cet espace sombre et moite rendit le rhum plus sucré et l'air plus frais presque immédiatement, le tout avec les hommes arrêtant leur labeur pour les siffler et les lorgner, et Rose et Kaya auraient pu ressentir de la peur, mais elles avaient ôté ce mot de leur vocabulaire il y avait bien longtemps, car la peur était ce dont les hommes comme Thomas Shelby ou Alfie Solomons se nourrissaient. Et ni Rose ni Kaya n'avaient l'intention de continuer à rassasier leur appétit.
— Mademoiselle Salvage, nous ne vous attendions pas, déclara l'assistant d'Alfie en l'approchant, qu'est-ce qui vous amène par ici ?
— J'ai pensé que j'achèterais bien un peu de ce pain délicieux que vous faites ici, vous savez que nous, Français, adorons notre pain. Ollie, allez chercher Alfie pour moi, je vous prie.
— Pas besoin, pas besoin, s'empressa de répondre l'homme avec des cicatrices sur le visage qui était sorti de son bureau et s'avançait vers eux, et le rhum redevint aigre et l'air renfermé.
Avec ses emportements imprévisibles, Alfie Solomons était l'un des hommes les plus terrifiants que Rose ait jamais connus, et pourtant il venait à leur rencontre le dos courbé, comme pour se rapetisser. Alfie, comme Rose, jouait de la sous-estimation des gens à son sujet, et c'était peut-être pourquoi elle en était venue à le considérer comme un ami, si tant est qu'un homme comme lui puisse en avoir aucun.
— Je pensais qu'il serait plus grand, murmura Kaya en l'observant. Et plus effrayant.
— Laisse-lui du temps, marmonna Rose en retour, regardant avec amusement Alfie se promener parmi ses employés comme un prophète parmi ses disciples.
— Bon, si les enculés que vous êtes avez suffisamment reluqué ces dames, peut-être pourriez-vous retourner au travail, bordel de merde ? Les yeux sont faits pour voir, pas pour niquer, grogna-t-il de sa voix traînante et endormie trempant dans un accent qui faisait Rose souhaiter qu'elle soit accompagnée de sous-titres, ou au moins d'un mode d'emploi.
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THE FRENCH KISSERS
FanfictieRose Salvage est une femme forte au devant d'une famille de quatre sœurs. Ancienne infirmière pendant la Grande Guerre, son cœur est aussi meurtri que sa France natale. A Londres, la famille Salvage s'est organisée pour survivre autour d'un gang pre...