Rose Salvage est une femme forte au devant d'une famille de quatre sœurs. Ancienne infirmière pendant la Grande Guerre, son cœur est aussi meurtri que sa France natale. A Londres, la famille Salvage s'est organisée pour survivre autour d'un gang pre...
« Désormais, tu es face aux fantômes dans ma tête. »
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↳ Thomas Shelby ↲
Thomas pouvait encore sentir le pistolet pressé contre sa tempe. Il pouvait encore entendre les mots de Nicolas dans sa tête, sentir le goût des menaces dans sa bouche, voir la façade derrière ses paupières, et pourtant c'était les boucles soyeuses de Rose qu'il touchait encore de ses doigts et la senteur florale de son parfum qui tirait sur ses sens, persistant dans sa conscience bien plus longuement que la fumée d'une cigarette ou le whisky ne pourraient jamais le faire.
Pendant si longtemps, il n'y avait eu que lui et les chimères dans sa tête, mais maintenant Rose y était aussi et il ne savait pas comment la faire partir. Son esprit avait toujours suivi une trajectoire précise, fonctionné comme un échiquier, avait toujours calculé des actions et de méticuleux échecs et mat, mais tout comme toutes les routes menaient à Rome, dernièrement toutes les siennes menaient à Rose, comme si elle était la seule pièce sur le plateau qu'il ne pouvait déplacer.
Avec la faible lumière de l'après-midi frappant son dos et se déversant sur les feuilles posées sur son bureau acajou, Thomas écrasa les cendres de sa cigarette brûlée et attrapa une bouteille. La maison victorienne dans laquelle il séjournait avait plus de poussière et de toiles d'araignées que son manoir en Warwickshire mais beaucoup moins de fantômes, et le silence était, pour une fois, bienvenu. La plupart du temps, ses pensées étaient assez assourdissantes, mais il s'y était habitué ; c'était le calme dans son esprit qu'il ne pouvait pas supporter.
Il entendait des voix, parfois, et c'étaient rarement la sienne.
Thomas pinça l'arête de son nez, les petites lettres sur les papiers usés s'échappant de ses yeux. Sa vue déclinait de plus en plus, que ce soit pour lire des documents ou des gens. Comme ce chef des French Kissers, qui jouait telle une ombre dans le théâtre de son esprit et laissait Nicolas prendre une place centrale sur la scène. Quelque chose à ce sujet ne tenait pas debout. Thomas avait des soupçons, mais ils étaient tant tirés par les cheveux qu'il était tenté de ne pas les croire.
Il soupira, et l'horloge à pendule contre le mur sonna cinq heures. Son regard, de la nuance de l'océan quand il rencontrait l'horizon, erra dans la pièce avant de s'arrêter devant le tableau au-dessus de la cheminée, un méli-mélo de pétales violettes emportées par le vent. Thomas secoua la tête et pris une nouvelle cigarette. Il avait toujours tant de choses dans son esprit qu'il ne pensait pas beaucoup aux gens, mais curieusement, il revenait toujours à Rose. A comment quand Nicolas avait prononcé son prénom, il s'était entendu prononcer celui de Grace – c'était le même genre d'amour, et Thomas savait comme il se terminait.
L'horloge continua son tic-tac aussi bruyamment que le silence dans son esprit. Il avait un stylo dans une main et un verre de whisky irlandais dans l'autre lorsque Johnny Dogs fit irruption dans la pièce, ses cheveux ébouriffés par le vent qui faisait rage et les joues teintées par la saveur manifeste du vin doux.