Un silence de mort a pris vie dans le salon. Personne n'a bouger depuis plusieurs minutes. Léana n'a pas lâché ma main faisant des cercles de ses doigts sur ma paume et repose désormais tout son corps contre moi. Sa tempe collée à mon épaule. Sa présence me rassure et me maintient planté dans la réalité bien que j'ai l'impression de ne plus faire partie de mon propre corps. Je suis immobile sans me rendre vraiment compte de ce qui se passe autour de moi. D'extérieur je suis aussi froid que d'habitude. Ma main libre toujours serrée en poing pour lutter contre les tremblement qu'engendre ma rage. Le regard plein de rancœur contre le monde entier et les lèvres scellées pour retenir les mots abjectes qui menacent de sortir. Pourtant je n'ai jamais eu le cœur si lourd que depuis qu'Estelle est partie.
- Théo, commence Anne coupé par le son de ma voix.
- Chut, je lance. Je ne veux rien entendre. Ni vos excuses ni vos explications. Vous auriez du me dire qu'elle était là. Me laisser le choix de la voir ne vous revenais pas et ça peut importe le pourquoi du comment vous avez cru bon de faire ça dans mon dos. Depuis que je suis gamin vous me répétez que j'aurais toujours la possibilité de dire non si je ne voulais pas quelques choses mais aujourd'hui vous venez de me priver de cette promesse que vous m'avez toujours faites, répondais-je plein de ressentiment sans savoir où je trouve la force de leur parler.
Mes mots sont durs à entendre pour la mère de mes amis. Je vois la peine que ça lui fait de m'entendre les prononcés pourtant je ne les regrettent pas parce que je sais et ils le savent aussi, que ce que je dis est la vérité. Peut importe la raison qui les ont poussés à me cacher sa présence, et je suis persuadé qu'ils en ont une, ce n'étaient pas eux de choisir pour moi. Bien qu'ils n'aient pas connaissance du pourquoi, ils savent que j'ai pris la décision de la sortir de ma vie. Ils étaient là le jour ou je lui ai dit que je ne voulais plus jamais la revoir.
Je leur faisais confiance à eux, à cette famille plus qu'à n'importe qui, plus qu'à moi-même mais aujourd'hui je vois leur décision comme une trahison et c'est dure à encaisser. Si je ne peux pas compter sur eux alors sur qui je peux le faire ? Ils sont tout ce qui me reste, les seuls que je me refuse à quitter parce que ça voudrait dire n'avoir plus personne. Peut être que ça serait mieux pour tout le monde. Adieu les cautions à payer ou les appelles des flics en plein milieu de la nuit. Fini l'inquiétude et la colère que mon comportement leur apporte. Oui ça serait pour le mieux ça ne fait aucun doute, mais je suis trop égoïste pour parvenir à les rayer de ma vie. Je ne peux pas me passer d'eux. J'ai bien trop besoin de cette passion qui me saisi quand je vois Léana. De la présence de Charles à mes côtés ainsi que de l'affection qui règne dans cette famille. Dans cette maison. Si je n'ai plus ça à quoi me raccrocher ? Qu'est ce qu'il me restera ? Contrairement à d'autres je suis bien trop conscient qu'il n'y a rien de plus important qu'une famille. Que c'est le lien le plus solide qu'il existe et qu'elle ne se réduit pas au lien du sang.
Je lâche la main de Léana pour monter les escaliers et aller dans la chambre de Charles. Je sais qu'il cache toujours un paquet de clope dans la commode à côté de son lit. Pas par peur de tomber en rad mais bien pour l'accro que je suis. Même quand il n'est pas là, ce gars à toujours une penser pour moi. Ou alors c'est juste une habitude tenace qu'il a garder du temps où je squattais sa piaule. Je fouille le tiroir et soulève la pile de livre ranger dedans pour attraper l'étui posé dessous. Mon pote se débarrasse toujours des paquets prétextant qu'un étui c'est plus joli que les images de préventions qu'ils nous foutent sous le nez. Faut dire qu'il a pas tord elles sont franchement dégueux et ne servent pas à grand-chose qui plus est. Je me galère à l'ouvrir mais finis par parvenir à glisser une cigarette dans ma bouche et tente en vain de l'allumer sans succès. Briquet de merde qui ne fonctionne jamais quand j'en ai besoin ! Je passe mes nerfs dessus et mes mains continues de trembler par la pression qui ne cesse de monter. Des pas résonnent dans les escaliers indiquant l'arriver imminente de quelqu'un mais je les ignore et continu de m'acharner sur mon allumoir.
- Allume toi putain, je rage lorsque que la porte finit par s'ouvrir sur une Léana visiblement inquiète.
Elle me regarde en silence depuis l'entrée de la chambre me galérer et rager sur ce putain de briquet qui ne lâche pas un pet de flamme. Elle finit par avancer dans ma direction au moment ou je pense le balancer afin de casser quelque chose pour détendre mes nerfs et me le prend des mains avec une douceur dont je n'ai plus l'habitude venant d'elle. Elle approche ses petites mains de mon visage et réussi à allumer la flamme qui embrase l'extrémité de ma cigarette du premier coup. Je prends une grande inspiration toxique comme ci je retrouvais enfin mon souffle et tente de me détendre. Léana se dirige vers la fenêtre de la chambre qu'elle ouvre en grand. Sans doute pour atténuer cette odeur qu'elle déteste tant.
Normalement on a pas le droit de fumer à l'intérieur mais je fais une infraction à la règle pas d'humeur à être docile. De toute façon ça sera pas la première fois. Mon ange s'assoit sur mon ancien lit posé en dessous et moi je m'avance vers elle pour être plus proche de l'air frais qui entre dans la pièce. Le temps se refroidi. L'automne commence à prendre sa place et les feuilles jaunies dans les arbres faces à la maison. Celles qui sont déjà tombées forment des tas comme ceux dans lesquelles on aimait jouer avec Charles et sa sœur étant enfant. Je nous revois avec nos k-wai que Anne nous forçait à enfiler. Charles détestait ça et sa mère devait lui courir après dans la toute la maison pour réussir à lui mettre sur le cul et après on passait des après midi de folie rien que tous les trois. À cette époque on se croyait les maîtres du monde, capable de le rendre meilleur. Je savais déjà que la vie était une chienne mais au moins je croyais en l'avenir. Un gamin avec trop d'espoir et de rêve qu'il ne pourra jamais réaliser. Voilà ce que je suis. Un début d'homme incapable de trouver la rédemption et de se débarrasser de ses démons. Un homme en colère qui finira en taule avant d'atteindre c'est vingt ans.
Je relâche la fumée entassée dans mes poumons et vois Léana frisonner du coin de l'œil quand le vent se met à souffler plus fort. Je regarde la chair de poule naître sur ses bras nus jusque dans son cou et ses bras se resserrer autour d'elle dans l'espoir vain de se réchauffer. Avec son petit débardeur elle risque pas d'avoir chaud aussi. Sans rien dire, j'attrape l'un de mes sweats ranger dans la petite commode qui m'était attribué quand j'habitais encore ici. Je suis parti il y a prêt d'un mois pourtant j'ai toujours une partie de mes fringues plier dans les tiroirs de cette chambre. C'est Anne pour la plupart qui me les a offerts quand j'ai emménager chez eux l'an passé et j'ai préféré tout laisser ici et partir qu'avec mes vieux habits.
Je prends le premier de la pile et le tend à Léana qui le regarde en tirant une drôle de tronche. Elle me regarde comme ci un troisième œil venait de se planter sur mon front et reporte son attention sur le vêtement en fronçant les sourcils.
Putain, elle pige pas que c'est pour pas qu'elle est froid ou elle cherche juste à me faire passer pour un con ?
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L'inespérée
RomanceLui perdu dans le passé. Elle est la seule à pouvoir encore le sauver. Théo Quilmoild n'a pas eu une enfance simple. Traîné de foyer en foyer. Il a appris à ses dépends que la vie n'était pas toujours facile. Heureusement pour lui, elle a aussi mi...