Chapitre 5 - Théo

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J'observe Charles poser son sac à ses pieds et sortir une clope de son étui en argent, hérité de son cher grand-père. Il ne fume pas vraiment juste une de temps en temps pour se détendre après les cours ou quand nous sommes en soirée. Il m'en tend une que j'accepte volontiers et me l'allume m'évitant de me prendre la tête sur ce foutu briquet qui risque encore de me mettre les nerfs. Adossés contre une voiture, clope au bec, j'écoute mon ami me raconter certaines conneries que j'ai faite hier. Je ne me souviens pas de la moitié mais je le crois sur parole quand il me conte certaine de nos frasques et péripéties.

D'un commun accord, on fini par rentrer chez Charles à savoir la demeure familiale des Dovias afin de pouvoir aller se poser dans sa chambre et accessoirement manger un truc. Je connais ses parents depuis mon plus jeune âge, Charles m'a traîné chez lui le soir même ou on c'est parlé pour la première fois heureux que son nouvel ami vive quelques maisons plus loin. Je me souviens de ma réticence à aller chez lui mais quand il m'a demandé si je préférais qu'on aille jouer chez moi je l'ai aussitôt suivi. Je me souviens bien de la crise que je me suis pris en rentrant chez moi avec plus d'une heure de retard mais ça en valait largement la peine. Ses parents m'ont fait découvrir à quoi ressemblait une vrai famille et m'ont accueillis chez eux, bras ouvert chaque fois que leur aîné me traînait dans leur cuisine pour le goûter. J'ai réussi à empêcher Charles de s'approcher de la maison de mon oncle pendant longtemps, lui faisant promettre de toujours m'attendre devant chez lui. Il ne comprenait pas pourquoi mais il a toujours respecter sa promesse. Je pense qu'il s'était toujours douté de quelque chose, mais ses doutes se sont concrétisés lorsque nous avions dix ans. Je me souviens encore de la colère que j'ai lu dans ses yeux quand il a vu les diverses marques sur mon corps. Je n'ai jamais vu autant de haine dans son regard mais il n'a jamais rien dit. Jamais posé de question. Il en avait pas besoin. À partir de ce moment là je suis aller chez Dovias tous les jours.

Le trajet se passe dans le calme, on reste silencieux la majorité du temps. N'échangeant seulement pour savoir comment nous rentrerons. C'est finalement la marche qu'il l'emporte, préférant savourer les températures encore chaudes plutôt qu'être entassés comme des sardines dans une boîte roulante. Revenir dans ce quartier, c'est à la fois comme ci je n'étais jamais parti et en même temps comme ci je n'y avais plus ma place. Depuis que je suis retourné en foyer, j'ai fait le choix de venir moins souvent chez les Dovias, malgré leur rappel constant que je fais toujours parti de la famille.

On passe la porte qui a pris un nouveau coup de pinceau récemment pour lui redonner un peu de vie et toute suite une bonne odeur de crêpe au sirop d'érable nous saute au visage. Ça sent toujours la bonne nourriture chez eux j'adore.

- Maman on est rentré, cri Charles pour que sa mère l'entende de là ou elle est.

Nous l'entendons nous répondre qu'elle est dans la cuisine et après avoir jetés nos sacs par terre et placer nos vestes dans le placard, on va la rejoindre.

- Bonjour les garçons, lance t-elle joyeusement en nous voyant entrer la pièce.

Je lui souris et m'installe sur un des tabourets de l'îlot central comme à mon habitude et regarde Charles aller dans le frigo pour nous servir du jus de fruit puis de venir s'installer à mes côtés après avoir posé mon verre devant moi.

- Alors comment était cette première journée ? J'espère que vous n'avez pas fait trop de bêtise dès le premier jour.

Le nez dans sa poêle on regarde Anne préparer une nouvelle crêpe. Pas la peine de mater Charles pour savoir qu'il a la même tronche que moi. On doit avoir l'air de deux idiots en train de sourire parce que sa mère nous connais que trop bien. Il est vrai qu'après toutes les conneries qu'on a faite Charles et moi, elle peut s'attendre au pire. Des histoires sur nos diverses aventures, j'en ai un paquet mais ce qui se rapporte pour nous à de bon souvenirs n'est sans doute pas la même définition pour ses parents. Voir leurs fils et son ami rentrés à plus de trois heures du mat' bourré à seulement quatorze ans et qui n'ont même pas pensés à donner de nouvelles n'est sans doute pas ce qu'ils doivent appeler un bon souvenirs pour eux.

Anne finit par relever la tête de sa poêle pour poser sa nouvelle réussite dans une boîte on une vingtaine d'autres n'attendent que d'être mangées. Elle pose finalement son regard les mains sur les hanches d'un air de réprimande attendant sans doute notre réponse.

- Ne me dîtes pas que je vais devoir vous remontez les bretelles dès le premier jour messieurs.

L'inespéréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant