Chapitre 28 - Théo

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Un chignon fait à la va vite sur le bas de la tête. Des taches de rousseur discrètes sur le visage. Les yeux verts plus clair que les miens. Et son éternelle écharpe bleu posé sur la chaise derrière elle. Pas de doute c'est bien la femme que je considère comme ma mère. Plus maigre que la dernière fois que je l'ai vu, elle me regarde les yeux emplis de larmes, les mains couvrant sa bouche sans doute sous la surprise de me revoir après tout ce temps. Faut dire que j'ai quelque peu changé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. Je suis plus maigre qu'avant mais plus en muscle à force de faire de la boxe, j'ai les cheveux plus long et une barbe que je n'ai pas encore eu a motivation de faire disparaître recouvre mon visage. De nouveaux tatouages s'étendent sur mon bras et j'ai la colère qui me colle à la peau comme l'ombre à mes pieds.

Je sens mon cœur faire le con dans ma poitrine mais cette fois ce n'est pas l'envi d'exploser la tête de quelqu'un qui me fait cet effet. C'est elle. L'émotion de la revoir, mais aussi la souffrance qu'engendre son retour. Je baisse la tête, incapable de soutenir son regard plus longtemps. Un an que je me suis refuser tout contact avec elle. Un an que j'évite ses appels et messages réguliers. Je l'ai chassé de ma vie comme ci elle n'avait jamais compté mais elle est là, devant moi, encore et ce malgré ce que j'ai pu lui dire la dernière fois que nous nous sommes vus. L'avoir sous mes yeux fait réapparaître cette culpabilité qui me ronge de l'intérieur mais que j'étouffe depuis tout ce temps. J'ai tout fait pour la tenir éloigné pourtant la voilà qu'il me revient en pleine face et je peux dire que c'est douloureux. S'accompagne a elle ces douze dernières années de souvenirs passées à ses côtés que j'ai refoulé pour fuir le mal que ça me procurait.

Je pose mon regard sur le mur derrière elle incapable de lire la tristesse que je vois dans ses yeux. Je ne peux pas l'affronter maintenant. Pas quand je suis devenu tout ce qu'elle espérait que je fuis. Pas avec tout mes problèmes judiciaires, mes bagarres, ma haine dont je n'ai toujours pas réussi à me débarrasser. Je n'ai pas changé, je suis même devenu pire que le dernier mauvais souvenir qu'elle a du garder de moi. Je refuse de continuer à être une déception pour elle. D'avoir honte du vaurien que je suis parce que c'est la seule chose qu'il me reste. Mon seul moyen de survivre. Elle mérite tellement mieux qu'un fils comme moi. Elle s'est privé d'avoir une vrai famille, à quitter l'homme qu'elle aimait parce qu'il ne pouvait pas me blairer, à sacrifier tout ses rêves pour mes beaux yeux. Pourquoi elle ne comprend pas que je suis mauvais pour elle, que je l'étouffe et lui apporte que des problèmes. Je ne sais pas si j'aurais la force de l'éloigner de moi encore une fois. De devoir me comporter tel le plus grand connard que la terre est porté pour qu'elle arrête de s'accrocher à moi de la sorte. Je croyais il y a un an que ça serai la dernière fois que je la verrais. Qu'elle deviendrait un souvenir agréable qui me soulagerai le temps d'une pause que je m'accorderai en pensant à elle et le poids que sa présence aurait laisser dans ma poitrine. Je m'imaginais un jour la croiser par hasard sur le parking d'un supermarché avec un homme l'aidant à ranger les courses et des gamins courant partout autour d'elle, elle m'aurait vu et m'aurait sourit. Je me serais avancé gêné et au court d'une courte discussion je me serais rendu compte que j'avais pris la bonne décision et que la culpabilité de lui avoir fait du mal et la douleur de l'avoir sortie de ma vie de cette façon aurait été pour la bonne cause. Jamais je n'avais prévu de la revoir et encore moins dans l'état ou elle m'apparaît. L'image heureuse que j'avais d'elle part en fumée à la vision de son corps amaigris et son visage pale et cerné et je souffre un peu plus encore de me dire que c'est peut être ma décision qui la rendu aussi malade.

J'ai beau ne plus la regarder, je sens quand même la brûlure de ses yeux sur moi. Les siens mais aussi ceux d'Anne et Tom, à qui j'en veux pour me faire subir tout ça. Sans parler des rétines de Léana qui me donne l'impression d'avoir la peau qui se marque au fer rouge. La pile au bord des lèvres, le souffle en bordel, le corps tremblant et des larmes retenues de justesse sous la colère qui coule dans mes veines je n'ai qu'une envi ; celle de tout détruire autour de moi. Comme une démangeaison dont on ne parvient à se débarrasser. Une de celle qui se propage. Je pourrais partir, rebrousser chemin et nier que cet instant est un jour exister, ça serai même la bonne décision. Mais je ne peux pas, je suis incapable de bouger, avec la désagréable impression d'être enfermer dans mon propre corps. Seul le son des battements de mon cœur qui bat de façon irrégulière atteint mes oreilles. Je cri sans que le son ne quitte mes lèvres, me débats sans que mon corps ne répondent et j'ai le cœur qui bat jusqu'à ce qu'elle prononce mon nom.

- Théo, commence t-elle sans avoir le temps de continuer coupé par ma main que je lève pour la stopper.

L'entendre est comme un électrochoc qui me ramène à la vie. Je ne peux pas. Entendre sa voix rend sa présence bien trop réelle. J'ai le cœur serré, de ce qu'elle me fait endurer juste en état là. J'aimerais lui hurler de partir loin de moi, de me fuir pour ne plus jamais revenir. De m'oublier comme ci je n'avais jamais exister mais les mots reste bloquer sans parvenir à sortir.

L'impression de suffoquer rend l'air irrespirable. La colère prend le dessus, je suis enfermé dans le passé, dans mes souvenirs. Le retour d'Estelle fait remonter tout un tas de sentiment que j'ai tenté de garder enfermé dans un coin de mon esprit. La tête qui tourne et la vision flou, je tente de reprendre mon souffle en vain. Les murs se rapprochent si prêt que la peur me saisi. Je veux fuir mais mon corps m'a lâché. Maman sauve moi. Sauve moi. Sauve moi.. Se joue dans ma tête comme lorsque que j'étais môme, assis dans mon lit après un cauchemar. Tous mes démons me reviennent en mémoire un par un. J'entends la bouteille se fracasser contre le mur comme quand mon oncle la jetait avant de monter les escaliers pour venir me trouver. Il va venir maman, il va venir me faire du mal, viens me chercher pitié. Pitié. Pitié, je cri. Puis une autre scène me parvient avant que mon oncle n'ai atteint la dernière marche. Le rire de Timéo, pas celui de l'homme que j'ai croisé plutôt aujourd'hui, mais celui de l'enfant qu'il était autre fois résonne dans mes oreilles. Il est debout devant moi avec sa horde de copain. Ils ont tous un ballon dans les mains et me le jette dans la tête encore et encore tandis que je suis en boule me protégeant comme je peux des coups qui pleuvent de partout. Ça fait mal, arrêtez je dis sans qu'ils n'arrivent à m'entendre. 

L'inespéréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant