Je crois que j'ai jamais été aussi rapide de si bon heure. Il m'aura pas fallu dix minutes pour être de retour sous le nez du pion qui c'est pris pour mon garde du corps. Ou pour un gardien de prison au choix. Il tapait sur la porte en me répétant de me grouiller toutes les deux minutes. J'ai fini par lui envoyer ma chaussure et il n'a plus rien dit. Maintenant je suis dehors avec mon sac sur l'épaule et mes écouteurs dans les oreilles et me dirige d'un pas traînant à l'arrêt de tul plus loin dans la rue. C'est con si je le voulais je pourrais me tirer. Personne n'est là pour voir ou je vais. Pourtant je suis bien entré dans ce maudit bus qui va me déposer pile poil devant le portail dans même pas quinze minutes. J'avance sans regarder personne et vais poser mon cul sur une chaise encore vide. Je mate vite fait le paysage sans vraiment y prêter attention. Le tul est blindé à cette heure là. Les divers étudiants et employés ont pour beaucoup la même tronche que moi. Pas vraiment enchanté de reprendre le travail. La journée n'a même pas encore vraiment commencé que j'ai déjà hâte qu'elle se termine. Ça promet. En attendant d'arriver je vais tchèquer les réseaux sociaux. Je ne suis pas beaucoup de monde et il y en a encore moins qui me suivent. Mise à part des mecs avec qui je traîne parfois dans le quartier merdique où j'aime aller parce que là-bas il n'y a pas de règles, c'est les lois de la rue et je me sens totalement dans mon élément. Je ne suis pas vraiment fan de ce genre d'appli mais ça a quand même le mérite de me divertir quand je mets mon nez dedans. En tout cas assez pour que ces quinze minutes m'en paressent cinq et que je dois déjà descendre du véhicule.
Plusieurs personnes sont entassées en petits groupes et discutent sans se soucier de qui arrive. D'autres attendent leurs potes et d'autres encore vont sans doute passer l'année seul parce qu'on est tous des cons insociables qui pensent qu'à leur gueule. Pourquoi faire l'effort d'aller vers les autres quand on ne ressent pas la solitude ? Voilà une des raisons qui font que le lycée est à chier. On est préparé comme des bons petits soldats à devenir des futurs citoyens modèles alors que finalement le monde ne change pas et continu de tourner en rond. Je rabats ma capuche sur ma tête et avance sans plus faire attention au décors. Je vais aller voir dans quelle classe j'ai atterris et aller me poser dans un coin ou je pourrais fumer tranquille le temps que Charles et Léana débarquent. Ça me permettra de me détendre un peu avant que la journée ne commence vraiment. Je bouscule quelques personnes sur mon chemin et joue des coudes pour trouver le bon tableau d'affichage. Quand j'arrive devant je tombe nez à nez avec une nana à lunette qui me rentre presque dedans. Elle sourit comme pour s'excuser, rougit légèrement et finit par se pousser afin de me permettre de trouver mon nom et accessoirement ma classe. J'espère, au moins me retrouver avec Charles, sa passera déjà un peu plus le temps de l'avoir prêt de moi.
Les fiches accrocher devant moi sont composées de plein de prénom. Trop de prénom même. Je souffle en parcourant des yeux chaque feuilles et évidement ce n'est que quand j'arrive à la dernière page que je finis enfin par tomber sur mon blase. Je ne fais pas attention au détails et regarde uniquement dans quelle salle je dois me rendre avant de tourner les talons. Si Charles est dans ma classe il me le dira, je sais qu'il va vérifier. Je sors du hall et vais dans la cours. Normalement on doit aller du côté fumeur pour pouvoir sans griller une mais faut croire que je suis d'humeur à faire le rebelle parce que je m'adosse à un mur et sort mon paquet. Me faire exclure dès le premier jour n'est sans doute pas la meilleure idée que je vais avoir aujourd'hui mais je suis trop de mauvais poil pour être docile. Je tire une taf et mate vite fait les tronches des gens qui me font face. Je reconnais certaine tête mais n'y prête pas trop attention. J'évite les gens qui me regardent avec insistance. Certains on l'air de se demander si je suis trop con pour savoir lire les panneaux interdit de fumer. Bravo pauvre con, tu te fais remarquer dès les premières minutes me crie la voix de Léana dans ma tête.
- Sérieux ? Je ne t'avais pas dit de ne pas faire le con le premier jour, me lance une voix que je connais bien.
Je relève le nez. Parfait timing comme toujours. Léana, la sœur de mon pote, se trouve devant moi, les mains sur les hanches et me réprimande du regard pour ma clope. À peine arrivée qu'elle m'embrouille déjà cette folle. Je lui lève mon majeur pour lui faire comprendre que je m'en fou, chose qu'elle semble comprendre mais pas apprécier vu comment ses sourcils se rapprochent dangereusement. Je ne lui laisse pas le temps de relancer sa machine a blabla, je sais d'avance que je vais me prendre une insulte dans la tronche et enchaîne.
- Il est où Charles ? Je demande en mettant ma main libre dans la poche de mon jean pour jouer avec mon briquet.
- Parti vérifier dans quelle classe vous êtes car l'illettré que tu es n'a sans doute pas vérifié.
Ça réplique me tire un ricanement. Je lui lance un clin d'oeil taquin et Léana lève les yeux au ciel avant de s'avancer et de venir se poser à côté de moi. Si prêt que nos épaules se frôle mais ça ne me dérange pas. Elle s'adosse à son tour au mur et moi je relève mon pied pour le poser sur notre accoudoir afin d'être plus à l'aise. Un petit silence se pose entre nous mais il n'est pas pesant. Après autant d'années à se fréquenter on sait apprécier c'est petit moment de paix.
Certaines personnes nous regardent. Une certaine réputation me colle à la peau depuis mon arrivé au lycée mais je n'y ai jamais vraiment fait attention. Les lycéens s'extasie devant n'importe quoi, que cela soit à travers les réseaux sociaux ou parce qu'un cas social de leur bahut est colérique et violent. Mes nombreuses bagarres on fait le tour de la ville et le fait que j'ai fréquenté le lycée le plus mal réputé de Souletaine anime toute sorte de théorie plus folle les une que les autres à mon sujet. Mais je fais le choix de ne pas y prêter attention. Je me fiche pas mal de ce que pensent les gens. Je sais qui je suis et ça me suffit. D'après Léana, la plupart des commérages des filles se porteraient à mon sujet ce qui ne lui plaisait d'ailleurs pas beaucoup. Je me souviens avoir ricané quand elle me l'avait dit, autant de la tête qu'elle a tiré que de l'affirmation qui venait de sortir de ses lèvres. Les blabla incessant des filles du lycée est triste et soporifique. Elles ne s'intéressent pour la plupart que de leur maquillage et avec quel mec elles vont bien pourvoir sortir. Des filles à papa bourré de frics dans ce lycée de bourge ou les mecs comme moi non par leur place. Je préfère rester à distance de ce genre de nana, je ne suis ni intéressé par leur argent ni par du temps en leur si douce compagnie. Et je ne parle pas des mecs clichés des séries américaines qui se trimballe avec leur polo tout soigné. Bon Charles aussi met des polos et m'a fait reconnaître que tous les mecs n'avaient pas un QI inférieur à la moyenne comme je pouvais me l'imaginer au début mais je préfère tout de même garder mes distances avec eux aussi. Je me suis fritté déjà avec assez de macaques qui essayait de me prendre de haut pour avoir l'envi de faire plus ample connaissance.
Plutôt que de continuer à me prendre la tête avec les petits curieux qui m'entourent, je préfère me concentrer sur le regard de ma voisine qui je sens être fixé sur moi. Je ne cherche pas à rencontrer ses yeux et continue à porter mon regard droit devant d'un air désintéressé qui ne me quitte que rarement. Pour autant, savoir qu'elle est là m'apporte une sérénité que j'apprécie grandement. Léana à toujours eu la faculté à me détendre juste en étant à mes côtés bien que je ne l'admettrais jamais à voix haute. Même lors de nos disputes, qui sont, je dois le dire assez régulière et qu'elle a le don de me rendre fou elle reste mon ancre qui me maintien les pieds sur terre. Ainsi, je prends une nouvelle inspiration sur le filtre coincé entre mes doigts niant son existence et expire l'air en créant des cercles avec la fumée. Il m'a fallu beaucoup de temps pour arriver à faire ça. Je me souviens qu'à une période je fumais bien plus que l'envi me prenait uniquement pour en arriver à ce résultat.
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L'inespérée
RomanceLui perdu dans le passé. Elle est la seule à pouvoir encore le sauver. Théo Quilmoild n'a pas eu une enfance simple. Traîné de foyer en foyer. Il a appris à ses dépends que la vie n'était pas toujours facile. Heureusement pour lui, elle a aussi mi...