Mais qu'est-ce qui fout ici ? Ça fait une heure qu'il est censé avoir fini les cours, il devrait déjà être parti. Quand Charles m'a dit ce matin avant de partir au lycée que Théo revenait aujourd'hui en cours j'ai eu envi de faire un massacre. Ce connard ose répondre aux messages de mon frère mais pas aux miens. Comme toujours monsieur a choisi de me mettre de côté alors que j'étais folle d'inquiétude. J'ai essayé de le laisser tranquille. De ne pas le pousser mais je n'ai pas pu résister à lui envoyer un message bien longtemps. Théo n'a jamais été très bavard, encore moins par téléphone, mais je sais qu'il l'a toujours sur lui et qu'il les lit tous. Alors je lui racontais mes journées, des histoires, n'importe quoi pour essayer de le soulager un petit peu. Mais les jours passaient et d'habitude il envoyait un message à Charles pour lui dire qu'il allait bien. Ainsi nous savions que malgré son silence il était encore en vie. Ouais ça fait peut être dramatique mais avec Théo on peut s'attendre à tout. Alors quand même Charles n'a pas eu signe de vie je me suis inquiété un peu plus. Et son silence a fini par me mettre sur les nerfs. Folle par son besoin de tout gérer tout seul.
J'ai passé la journée à le regarder de loin. À vérifier que tout allait bien. Qu'il était bien là au lycée mais je n'ai pas été plus rassurée. Les cernes sous ses yeux attestent que même ses nuits sont tourmentées. Le bandage à sa main prouvent qu'il a craqué et j'espère que ce n'est pas dans la tête de quelqu'un. J'ai vu le tremblement persistant, son corps tendu, sa mâchoire serrée mais surtout j'ai vu cette douleur dans ses yeux. Il ne va pas bien et j'en veux à mes parents d'avoir rajouter de part la présence d'Estelle un nouveau poids à ses épaules. Et j'ai beau comprendre l'urgence de la situation, comme Théo, je reste d'avis qu'ils auraient du lui laisser le choix. De ne pas plus forcer la main et de le laisser reprendre contact avec elle par lui même. Le retour d'Estelle annonce l'arrivé de nouveaux problèmes qui deviendront bien plus important si Théo ne la rappelle pas vite. Il a beau ne pas partager de lien de sang avec elle, je sais qu'il la considères comme sa mère. Ils ont ce lien unique depuis qu'il a cinq ans et je n'ai aucun doute quand à l'amour maternelle que lui porte notre ancienne institutrice. Elle a fait tout les sacrifices possibles pour lui. Pour le protéger et pour l'aimer. Je n'ai jamais su pourquoi, du jour au lendemain, il a choisi de couper les ponts avec elle. Même Charles en ignore les raisons. Dans tout les cas, avec tout ce qui se passe et ce qu'elle s'apprête à lui dire, il va avoir besoin d'être près d'elle. Mais parents m'ont fait promettre de rien lui dire, Estelle veut le faire elle même, mais je sais que toit ça va le briser un peu plus. Il a déjà tellement vécu que j'ai peur qu'il finisse par ne plus pouvoir encaisser ce que le sort s'efforce à le faire endurer.
Travis me tient coller contre son flan. Si d'habitude son contact m'est agréable, avec Théo de l'autre côté de la rue, il me fait plus l'effet d'une brûlure. Notre rendez-vous de samedi c'est très bien passé et depuis Travis ne garde plus aucunes distances physiques entre nous et me maintient collé à lui assez régulièrement. Pas que ça me dérange vraiment mais quand Théo est dans les parages la douceurs de ses gestes deviennent comme des aiguilles que l'on plante dans ma peau. La lueur dans ses rétines ma faisant me sentir coupable. Pourtant ce contact ne cessera sans doute plus désormais. Ayant acceptée de sortir avec lui je risques de me retrouver dans ses bras à de nombreuses reprises. Et si pour le moment nous nous limitons à des câlins j'ai bien conscience que Travis finira par me demander un peu plus. Mais pour le moment nous avançons à un rythme qui me convient. J'aime être avec lui et il ne cesse d'ailleurs pas de m'étonner. Comme lors de notre rendez vous. Je m'attendais à ce qu'il prépare un truc un peu cliché et niais mais il a été plutôt créatif je dois le reconnaître. Au lieu de m'emmener dîner dans un restaurant comme je m'y attendais il a préparé des spécialités italiennes, son pays d'origine et nous a emmené dans un parc un peu isolé dont je ne connaissais pas l'existence. On a passé la journée à discuter et rire. Je crois que nous n'avions jamais été aussi ouvert l'un avec l'autre. J'ai eu l'impression ne plus en apprendre sur lui en une après-midi qu'en plusieurs années d'amitié. Et je me suis rendu compte qu'il faisait bien plus attention à moi que moi à lui mais il n'a pas eu l'air de m'en tenir rigueur. Comme ci le simple fait que je sois avec lui suffise. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien avec quelqu'un mais quand vain le moment ou Travis s'est penché pour m'embrasser le visage de Théo c'est imposé dans mon esprit et je l'ai repousser prétextant vouloir prendre mon temps. Je me sens divisée et tirée entre les sentiments que je sais naître pour Travis et ceux que je sais avoir pour Théo et ce sentiment ne fait que s'accroître quand je me retrouve dans les bras de l'un et que le second me fusille du regard de l'autre côté de la rue.
Je dois bien reconnaître que je trouve une certaine satisfaction à la jalousie, très mal dissimulé de Théo. Lui qui ne montre que très rarement ce qu'il ressent, ne semble visiblement pas en capacité de réfréné la rage que lui apporte le bras de Travis autour de ma taille. Même si ça peut paraître malsain sa jalousie me réconforte dans l'idée qu'il n'est pas aussi indifférent que ce qu'il s'efforce de faire croire. Et j'ai beau en avoir conscience le fait de le voir m'apaise d'une façon que je ne serais d'écrire. Je ne quittes pas des yeux mon tatoué et l'envie d'aller le rejoindre me démange. Je suis toujours autant en colère mais je voudrais aussi faire disparaître se pli entre ses sourcils froncés, calmé ses mains qui tremblent et atténuer cette lueur dans ses yeux. Celle qui se cache derrière sa colère et qui est bien plus profonde et reflète toutes ses plus grandes insécurités. Je voudrais le soulager de sa douleur, de celle qu'à créer Estelle mais aussi celle que je sais crée en étant dans les bras de Travis. Je sais ce que ça fait de voir ta moitié être avec un autre. Je connais cette douleur pour l'avoir déjà ressentie à chaque fois qu'il posait les mains sur une autre et je n'ai jamais voulu qu'il la ressente à son tour.
- Qu'est-ce qui t'arrive ma puce, quelque chose ne va pas ? M'interpelle la voix de Travis me sortant de mes pensées. Il a du remarqué que quelque chose n'allait pas.
Je fermes les yeux quelques instants pour prendre mon courage à deux main, m'apprêtant à le laisser au profit de Théo. Je ne sais pas comment il va réagir mais pas sur qu'il apprécie sachant qu'on avait prévu d'aller se poser tous les deux et de passer le reste de l'après midi ensemble.
- Je suis désolée Travis, commençais-je, je sais qu'on avait prévu de retourner au parc mais j'ai un imprévu qui ne peut pas attendre.
Travis fronce les sourcils visiblement inquiet.
- D'accord pas de soucis, tu veux que je t'accompagne ou...
- Non, ça concerne Théo et je... enfin tu ne peux pas réellement aider. Il a besoin de moi. Je t'assures que je ne laisserais pas tomber nos plan si ce n'étais pas important.
Travis me fixe avant de relever la tête dans la direction ou attend mon tatoué et retire son bras pour me libéré.
- Bien comme tu veux, répond t-il en reportant son attention sur moi, mais envoi moi un message quand tu pourras.
Je hoche la tête et me retourne pour partir jusqu'au moment ou je le sens m'agripper le bras. Je le regarde me sourire avant de s'avancer vers moi pour déposer un baiser sur mon front. Je fermes les yeux à son contact et recule quand il finit par me lâcher. Je lui fais un dernier sourire avant de me retourner pour rejoindre Théo qui n'a pas bouger.
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L'inespérée
RomanceLui perdu dans le passé. Elle est la seule à pouvoir encore le sauver. Théo Quilmoild n'a pas eu une enfance simple. Traîné de foyer en foyer. Il a appris à ses dépends que la vie n'était pas toujours facile. Heureusement pour lui, elle a aussi mi...