1. L'oiseau en cage [PROLOGUE]

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La famille Mokiolo était considérée comme étant la famille la plus pauvre du quartier Diata au Congo Brazzaville. La jeune Aelia Dinga, une fille de 16 ans de teint sombre, était la première fille de l'épouse de Monsieur Jean MOKIOLO; une fille que son épouse eut avant de rencontrer ce dernier. Jean Mokiolo, un jeune monsieur dans la trentaine, crâne complètement rasé, boule à zéro où encore appelé "Govo" dans le milieu, avec une barbe "de 3 jours" était ce monsieur tellement apprécié du quartier malgré sa situation financière et qui se battait pour trouver de quoi nourrir sa famille; du moins trouver quelque chose à mettre sous la dent avant de passer la nuit et cela les suffisait amplement, ce qui les rendait heureux ...

" Foutaise !" dit Aelia à sa copine Nyvie.
— Pourquoi dis-tu cela Aelia, reprit Nyvie; vous n'avez peut-être pas de "moyens" mais au moins vous êtes heureux.
— Heureux ? Ça c'est ce que les gens racontent. Ils sont peut-être heureux mais pas moi, chez nous on ne vit pas, on survit ... A l'école on ne ressemble à rien surtout lorsque nous sommes devant les filles populaires alors que moi aussi  je veux être comme elles, populaire, convoitée par tous les beaux garçons.

Aelia et Nyvie, deux élèves en classe de première au Lycée dans une école publique de la place étaient de très bonnes amies, on pouvait même dire qu'elles étaient meilleures amies vu le temps qu'elles passaient ensemble. Toutes deux vêtues en tenue scolaire, Bleue foncée pour le pantalon et bleue ciel pour la chemise, elles étaient en route pour leurs différentes maisons après une dure journée passée à l'école. A chaque 3 mètres environ, il y avait des gens qui reconnaissaient Aelia que la plus part appelait "Jean au féminin" et c'était souvent des "Salue ton charmant papa de ma part" ce qui l'agaçait. Elles longeaient toujours l'avenue de "5 fevrier" sans prendre des raccourcis histoire d'avoir plus de temps pour faire la causette; elles discutaient de tout et de rien comme d'habitude, parfois s'arretaient devant des maquis au moment où leurs musiques préférées étaient jouées; de bons moment de rigolades; puis se séparaient souvent vers le marché "Diata".

— Je trouve qu'en classe tu essaies trop de te faire passer pour quelqu'un d'autre dit Nyvie, si ta famille n'est pas riche, assume le, il n'y a pas de mal à cela ... Chez nous par exemple, nous n'avons pas à nous plaindre financièrement mais, je suis la dernière par conséquent je suis sous l'ombre de mes aînés, de fois j'ai l'impression de ne pas exister mais de ton côté, avec ton beau père est quelqu'un de génial, toujours présent avec vous dans toutes les situations et qui ...
— Ah ma chérie, Reprit Aelia ...."tala, bika hein ngé zab' vé" (regarde, laisse tomber tu ne sais pas) laissons tomber parlons d'autres choses.
— Je trouve que tu es un peu dure envers toi même et ta famille ; tu donnes vraiment l'impression d'être une mauvaise personne surtout lorsque tu t'en prends à marie-Hortelle ...
— Qui ça !? Mari-onnette ? Cette fille là ? ah ah dit Aelia en riant. Je ne sais pas comment l'expliquer mais cette fille m'énerve, elle a tout pour elle mais elle joue à la sainte, ça me met hors de moi !
— Aelia il faut t'aimer tel que tu es reprit Nyvie ... Et ce jeune garçon, Jerry, il t'aime vraiment tu sais.
— Il est trop petit pour moi et en plus, il n'a pas d'argent; il ne pourra pas subvenir à mes besoins, je coûte trop chère pour lui.
— Ne dis pas cela, il tient beaucoup à toi et je pense que tu devrais lui donner une chance tu ne trouves pas?
— Non, il n'a pas d'argent reprit Aelia, j'ai croisé un grand monsieur un jour et ...
— Non ! Ce n'est pas une bonne idée Aelia, les grands messieurs sont faits pour les grandes dames.
— Et voilà ! Je suis une grande dame alors ! Tu as tout compris.

Malgré tout ce qu'on racontait sur sa famille, seule Aelia connaissait la face cachée de l'iceberg ; à chaque fois que les gens chantaient des louanges sur monsieur Jean, elle regardait toujours le ciel pour calmer sa colère.
Il fallait toujours rentrer avant "ya Jean" comme les jeunes du quartier l'appelaient, pour pouvoir cuisiner et ainsi éviter sa colère ...

Kuh-landaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant