Dix

575 100 2
                                    

~Rachida ~


Assise sur la banquette arrière de ce taxi-brousse, je regardais à travers les vitres la nature défiler. J'étais présente physiquement mais l'esprit était ailleurs. J'avais tout laisser derrière moi et me voilà en route pour des nouveaux horizons . Est-ce que j'ai pris la bonne décision ? Au fond de moi je pensais que oui , reste à savoir si les autres le comprendront.

Je lance un soupir et continue à regarder la magnifique savane qui s'étendait à perte vue. Je quitte là mon foutah natal avec ses magnifiques fleuves , ses grands et multiples arbres qui l'entourent, je quitte mon foutah natal avec son élevage et sa cordonnerie, je quitte mon foutah natal avec ses habitants si humains, sa fraternité, son bon voisinage son insouciance sa joie de vivre, je quitte mon foutah natal avec son climat si doux et froid pendant une période de l'année qui te donne l'impression d'être chez les blancs , je quitte mon foutah et sa tranquillité et sa chaleur si maternelle et accueillante qui te fait sentir CHEZ-TOI, ton entourage là où ton cordon ombilical est enterré.

Je quitte mon domaine , là où j'ai tout vécu, je laisse ma mère ma moitié, je laisse une famille et un foyer sachant pertinemment que je causerai du tort aux personnes qui m'aiment, mais je ne le fais pas parce que j'ai envie de partir, je le fais pour la bonne cause, je le fais pour protéger mon enfant ,je fais ce qu'une mère doit faire pour sa progéniture. À partir du moment où j'ai mis pied dans ce taxi ,je n'ai comme seuls compagnons DIEU celui qui n'abandonne personne, celui qui connaît le fond de nos pensées, celui qui est là pour tout le monde ainsi que mon bébé qui n'est encore qu'un tout-petit être en gestation.

Le taxi devait me conduire jusqu'au centre ville où je vais prendre un autre taxi pour la capitale, un voyage qui dure toute la journée ou toute la nuit surtout avec la mauvaise état des routes.

La veille de mon départ quand j'ai quittée chez mes parents , dès mon arrivée chez moi , je suis allée directement voir dian Diaraye dans sa chambre, je voulais passer un peu de temps avec elle , c'est avant tout ma deuxième mère, celle qui a pris soin de moi depuis mon arrivée dans cette maison, sans jamais se plaindre ou en avoir marre. Cette femme est l'incarnation de la douceur et la gentillesse. Nous avions veillé jusque tard dans la nuit après la prière et le dîner , j'ai profité d'elle comme j'ai pu avant de prendre congés et rejoindre ma chambre. J'avais même échangé quelques minutes avec Elhadji chose qui arrive rarement, et je dirais pas que je lui pardonne pour tout le mal qu'il m'a fait mais depuis que j'ai appris qu'il n'était pas totalement lui , il est sous l'emprise du maraboutage , la haine que j'avais en lui commence à se dissiper même si les blessures sont encore présentes.

Pour ne pas éveiller les soupçons, j'avais fait mes bagages la nuit quand j'ai regagné ma chambre. Heureusement Elhadji n'était pas de tour chez-moi et j'ai décidé de pas prendre beaucoup de choses, j'ai juste pris le strict minimum, bref l'essentiel  , j'ai laissé mon armoire remplie . Si c'est sur ça qu'on allait se baser pour savoir que j'ai fugué, ça allait être compliqué. Mon bagage était maigre, c'est comme si je partais pour seulement deux jours. Si je pouvais, j'allais emporter toutes mes affaires bien sûr ou au moins le maximum mais je ne pouvais juste pas parce que primo, je suis entrain de me cacher et secundo, je pars dans une grande ville où je connais personne, je sais même pas si j'aurais assez d'espace pour dormir à plus forte raison avoir où entreposer des bagages.  Donc j'ai juste pris le nécessaire et l'argent, toute façon je pars en ville, si j'en ai besoin de quelques choses je le trouverai forcément.

Je me couchais donc ce jour tard, et je n'ai presque pas fermé l'oeil de la nuit. Une bataille féroce se déroulait entre mon corps et mon esprit. L'un me disait que je suis folle d'abandonner tout et partir sans même le dire à ma mère et l'autre me disait que j'ai bien fait de partir, que c'est la meilleure décision que j'ai prise, que je fais pour la bonne cause et c'est ce dernier qui a donc gagner car ,dès que j'ai entendu l'appel à la prière pour l'Aube, je me suis levée pour sortir faire mes ablutions et accomplir ma prière. Je devais faire vite surtout et sortir avant que Elhadji et dian Diaraye ne reviennent de la mosquée où ils effectuent chaque Aube leur prières car une fois que c'est deux là quittent la mosquée, ils se recouchent plus, dian Diaraye s'attaque directement aux corvées que ça soit son tour ou pas d'ailleurs elle assiste tout le monde et Elhadji reste à la terrasse à égrener son chapelet en attendant qu'il fasse de plus jour afin qu'il puisse se rendre à son commerce.

Les Péripéties de Rachida ( En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant