quinze

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Une semaine plus tard




J'ai passé ces sept derniers jours dans un état second. Depuis que tantie Aissata m'a demandé de partir je ne suis plus que l'ombre de moi même. J'ai beau réfléchir, j'ai retourné le sujet dans tous les sens ,de toutes les manières possibles dans ma tête sans trouver une solution.

OÙ VAIS-JE ALLER ? La question reste toujours en suspens. Le jour du départ est trop vite arrivé à mon goût , c'est aujourd'hui le dernier délai que tantie Aissata m'avait donné, je dois partir, je dois libérer le plancher il n'y a rien à faire. Depuis l'annonce de mon départ mon amie ne fait que pleurer, elle a passé toute cette semaine à prier et implorer saran de plaider pour moi au près de notre patronne en vain. De toutes les filles, il n'y a que hawa et saran qui se soucient de moi , les autres elles s'en moquent carrément, d'ailleurs je n'ai jamais eu une bonne relation avec elles depuis mon arrivée ici.

Saran a fait de son mieux pour convaincre tantie Aissata de me laisser rester au moins jusqu'à ce que j'accouche, ou que je trouve un endroit sûr où rester, elle n'a pas accepté, je me demande si cette dame a vraiment un cœur. Ayant eu des filles, elle aurait pu faire à cause d'elles, s'imaginer que ça pouvait être l'une d'entre elles à ma place et pas me sacher comme une merde mais , tout le monde ne réfléchit pas de la même manière.

Tenez vous bien, hawa était prête à partir avec moi, elle avait dit qu'il est hors de question qu'elle m'abandonne toute seule, mais entre vous et moi qu'est-ce que deux jeunes filles fauchées peuvent s'apporter l'une à l'autre dans une si grande ville à part de la souffrance de plus ? Tout comme moi hawa vient d'un petit village pour se chercher dans la capitale Guinéenne , elle est issue d'une famille très pauvre et elle est orpheline de père, sa maman n'a eu que des filles et , étant l'aînée, elle a décidé de prendre son destin en main, elle se bat comme un beau diable, elle se demerde et travaille deux fois plusque les autres pour subvenir aux besoins de sa famille qui ne compte que sur elle. Pour moi hawa c'est l'incarnation de la femme battante, malgré son jeune âge, elle arrive à s'occuper de ses sœurs et de sa pauvre mère, elle me fascine cette fille, quand elle m'a raconté son histoire, j'ai compris que ma souffrance n'est rien comparée à la tienne. Mais malgré ça, elle est toujours souriante, gentille et est prête à tout pour aider les autres, c'est une vraie " école " cette fille , elle m'a appris beaucoup de choses. Alors comment laisser une créature pareille abandonner son unique gagne pain afin de me suivre ? Non je suis pas ingrate à ce point. Donc j'ai passé la veille de mon départ à la convaincre de rester qu'elle a toute une famille qui compte sur elle et j'ai promis de ne jamais l'abandonner, c'est la sœur que la vie m'a donnée.

Saran aussi voulait me prendre avec elle , mais je ne peux aller l'importuner, elle a une famille si nombreuse dans une toute petite concession, il était hors de question que j'aille me rajouter là-bas. Ma décision était donc prise , je devais partir et c'est chose que j'ai faite. Dieu guidera mes pas, il est là pour tout le monde.

Dire que mon départ a été facile, serait mentir, pour moi c'est toujours difficile de partir, de dire au revoir. Ça été très très douloureuse pour moi la séparation avec hawa et saran mais nous n'avons pas eu le choix. Après avoir demandé pardon à tout le monde y compris tantie Aissata , j'ai pris mes maigres bagages et je suis partie le cœur lourd. Hawa m'a rattrapé à la sortie, elle m'a serré tellement fort que j'ai failli m'étouffer, elle pleurait à haleter et moi n'en parlons même pas. Ah qu'est-ce qu'elle va me manquer cette fille ! Je ne sais combien de temps nous sommes restées dans cette position, mais suffisamment longtemps jusqu'à saran vienne nous séparer.

Les Péripéties de Rachida ( En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant