6 - Le self control

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Yeray passe me chercher avec sa voiture et nous nous dirigeons dans le centre-ville de Madrid.
Je n'ai pas annulé car même si je n'ai pas spécialement envie de revoir tout le monde et surtout de répondre à toutes leurs questions je me suis dit qu'ils ne me lâcheraient pas si n'annulait. De plus, c'est un lieu peu propice aux grandes conversations ce qui m'arrange et l'alcool coulera à flots, ce qui de toute évidence va me permettre de me relâcher un peu et de faire le vide dans ma tête.

Soudain, Yeray brise le silence et je sens immédiatement au ton de sa voix que quelque chose ne va pas :

- J'ai eu ton père au téléphone.

- Ah, et alors ?

- Alors c'était... comme tu avais prévu, dit-il en essayant de rigoler mais mon regard sérieux le stoppe immédiatement.

- Il a prévenu qui d'autres ?

- Je ne sais pas, il n'a pas répondu à mes questions. Il m'a simplement expliqué les raisons de l'échec du vignoble selon lui et les solutions pour remonter là pentes.

- Donc que je suis immature et qu'il est le seul à pouvoir sauver l'entreprise ?

- Exactement, et il est convaincant.

- Je sais.

- Mais, comment ça se passe ? Tu t'en sors ? Demande-t-il prudemment.

- Pourquoi tu me demandes ça ? Tu crois ce qu'il t'a dit ?

- Bien sûr que non Carla ! Mais j'ai tout de même le droit de m'inquiéter pour toi et pour le domaine non ?

- Ca va, c'est intense mais je gère. Et j'ai posté une annonce pour le poste de Valério, m'expliquais-je en le regardant sévèrement.

- Ton père a organisé un repas chez lui, il doit me rappeler pour confirmer la date.

- Ok merci. Je suppose que de toute façon je n'y serais pas conviée.

- Appel ton père Carla, tiens le au courant de ce que tu fais. Il appréciera et peut-être qu'il prendra en considération ce que tu dis.

- Tu ne le connais pas si tu penses vraiment ce que tu dis. Je gère ne t'en fait pas. Je n'ai pas l'intention d'abandonner, même si mon père n'est pas d'accord avec mes choix.

Nous arrivons et rejoignons Lucrecia au bar. La discussion dans la voiture avec Yeray m'a complètement mise sur les nerfs, alors quand j'ai vu Samuel et Ari s'approcher du bar, j'ai su que la soirée allait être longue.

La soirée avance et comme à mon habitude, rien dans mon comportement ne laissait paraître que je n'allais pas bien. J'ai gardé mon sang-froid quand Yeray a commencé à raconter sa vie ou plutôt ma vie depuis que je suis revenue à Madrid. J'ai également fait mon plus beau sourire quand j'ai remarqué qu'il montrait fièrement les photos et les vidéos des interviews que nous avions faite. Et évidemment, j'ai rigolé aux remarques toujours très subtiles de Lucrecia. Personne n'avait idée de ce qui se passait réellement dans ma tête à cet instant.

Je fais comme si de rien était alors que tout le monde nous observe Yeray et moi comme si nous étions des extraterrestres, tous sauf Samuel. Il n'a pas échangé un seul regard avec moi et je suis assez soulagé de ce nouveau comportement car je ne l'aurais pas supporté. Pourtant, une partie de moi, celle qui visiblement est contrôlée par mon coeur et non par ma tête, ne peut s'empêcher de le chercher du regard pour voir ce qu'il fait.

Lorsque nous allons tous danser, Lucrecia me rejoint et je peux deviner à son sourire en coin que je ne vais pas apprécier la tournure de la conversation à venir :

Fuis-moi, je te suis ... | CarmuelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant