Fuis-moi, je te suis ... | Carmuel

20 - La confrontation

Plusieurs jours se sont écoulés depuis la remise de diplôme et personne ne m'avait reparlé de l'incident avec Ari, même Samuel à arrêter de m'appeler et de m'envoyer des messages. J'ai donc pu passer mes journées à résoudre des urgences au domaine et faire quelques apparitions avec Yeray. La situation devient de plus en plus urgente pour retrouver quelqu'un ici, car je me suis inscrite dans des cours d'été à la fac et je veux vraiment y participer même si le vignoble est plus important dans tous les cas. Je sais que de passer l'été à étudier me permettra de reprendre le contrôle de ma vie et de retrouver la stabilité qui me manque actuellement pour pouvoir affronter correctement mes vieux démons. C'est en m'occupant l'esprit que j'avais réussi à combler le vide qu'il y avait au fond de moi depuis un an, et j'espère bien que cela fonctionnera encore aujourd'hui car je ne peux pas m'effondrer maintenant.

Ce soir Yeray et moi mangeons chez mes parents avec quelques autres investisseurs et amis de la famille. L'idée venait de mon père bien évidemment, et puisque Yeray avait insisté pour que je participe, je ne pouvais pas refuser. De plus, maintenant que je me suis affichée en public en présentant mes idées pour l'avenir du vignoble, il fallait que je m'implique davantage dans les réunions de ce genre, même si cela incluait de voir mon père. La situation ne me fait absolument pas peur, bien au contraire, je suis contente de pouvoir échanger avec des personnes intéressées et motivées quant à l'avenir de nos caves. Je crains juste que mon père vienne à nouveau tout gâcher, à chaque fois je me dis qu'il ne pourra pas faire pire, mais la fois suivante, il trouve encore le moyen de me surprendre.

Je finis de me préparer en vitesse et je grimpe dans la voiture de Yeray qui attend dans la rue. Durant le trajet nous discutons de choses et d'autres et je trouve cela assez drôle car le plus stressé d'entre nous est Yeray. Il me répète sans cesse de ne pas me laisser faire par mes parents et que je suis à la tête du vignoble donc que je n'ai pas besoin de leurs approbations.

Une fois arrivée, je ne peux pas cacher que ça me fait bizarre de revoir la maison, ma maison. Mes souvenirs d'enfance me reviennent en mémoire et je suis un peu nostalgique mais surtout heureuse que cette période soit derrière moi. Je salue chaleureusement le personnel qui m'avait vu grandir dans ses murs puis nous rejoignons tout le monde dans le jardin.

- Ah enfin ! Venez nous rejoindre, il ne manquait plus que vous ! déclare mon père en s'approchant pour nous accueillir.

Il fait beau mais pas trop chaud en cette fin de journée, alors l'apéritif dinatoire était déjà disposé dans un endroit un peu abrité par les arbres dans le jardin.

- Bonjour Monsieur, déclare Yeray pendant qu'ils se serraient la main.

- Bonjour Papa, déclarais-je en voulant garder une certaine distance avec lui.

- Bonjour ma chérie, dit-il en m'embrassant sur le front et me lançant discrètement un regard dur.

Voici donc le ton sur lequel allait se dérouler le repas. Faire de nous la famille parfaite comme toujours.

Mon père nous présente rapidement tout le monde et nous discutons tous ensemble dans une ambiance assez chaleureuse. Contre toute attente il ne vient pas s'immiscer dans mes conversations à propos de l'avenir du vignoble. C'est très enrichissant pour moi de pouvoir discuter de ses choses là, et malgré mon jeune âge et mon début dans les études et le métier toutes les personnes présentes semblent bienveillantes et cela fait chaud au cœur.

- Quand repars-tu aux Etats-Unis Carla ? demande l'un des invités.

- Et bien dès que possible, mais j'ai des choses à finir ici.

- Ca ne doit pas être simple tous les jours avec le départ de ton ami, mais sa réputation l'avait rattrapé c'est mieux pour vous qu'il soit parti Carla. Heureusement que ton père est là.