Fuis-moi, je te suis ... | Carmuel

12 - L'entretien

Aujourd'hui est un jour important, cet après-midi je rencontre l'un des meilleurs candidats que j'ai trouvés pour travailler dans les caves. Et je suis remplie d'espoir de pouvoir enfin en finir avec le vignoble et Madrid, et prendre un avion dès que possible. Après le rendez-vous je dois retrouver Yeray, je suis assez confiante sur le déroulement de l'entretien et je pense que ce soir nous aurons quelque chose à fêter.

Je me prépare, passe prendre des viennoiseries sur le chemin des bureaux. Je suis en avance, mais cela me laissait le temps de faire le tour pour saluer tout le monde et je dépose les viennoiseries près de la machine à café. Ensuite, je m'installe dans la salle de réunion et commence à travailler en attendant l'arrivée candidat.

Il est 16h30 quand je regarde à nouveau ma montre quelque peu agacée. Le candidat est en retard, je décide de lui laisser un message lui rappelant l'adresse et je vais également jusqu'à l'accueil pour préciser de m'avertir dès son arrivée pour que je puisse venir le chercher à l'entrée et l'accompagner.

Plus l'heure avançait, plus je voyais les autres salariés passer un à un la tête à travers la porte pour me souhaiter une bonne fin de journée.

Je savais depuis des heures qu'il ne viendrait plus, à vrai dire je le savais dès mon premier coup de téléphone qui était resté sans réponse. Je suis furieuse car j'ai perdu une journée entière et il va falloir que je reprenne tout reprendre à zéro. Je suis littéralement épuisée et je sens la migraine s'installer doucement. Je range mes affaires mais, par acquit de conscience, je décide de rappeler le candidat une dernière fois pour lui laisser un message un peu plus sanglant. Puisque je suis déjà dans les couloirs, je prends mon téléphone portable plutôt que la ligne du bureau quand tout à coup on décroche au bout de la ligne :

- Allo ?

- Oui bonjour, c'est Carla Rosón à l'appareil, vous êtes bien Monsieur Rojas ?

- Oui, c'est moi.

- Voilà, je vous appelle car nous avions rendez-vous cet après-midi pour un entretien, vous vous rappelez ? Je vous ai attendu tout l'après-midi, je vous ai appelé plusieurs fois et vous n'avez jamais décroché.

- Euh.. oui... c'est vrai, désolé je voulais vous prévenir, finalement ça ne m'intéresse plus.

- Oh et pourquoi cela ? Quel est le problème ? Nous aurions quand même pu en discuter, et la moindre des choses dans ce cas c'est de prévenir il me semble.

- Eh bien oui c'est vrai... Mais que je vienne en discuter n'aurai rien pu changer. Je m'excuse encore une fois pour vous avoir fait attendre. Je dois vous laisser maintenant, dit-il très confus.

Je m'apprête à lui demander plus d'explication quand je me rend compte qu'il a déjà raccroché.

Alors, ça, je ne m'y attendais pas. Il était tellement confus et étrange au téléphone, alors que lorsque nous avions échangé par mail et il semblait très intéressé par le poste. Il était motivé et avait pleins d'idées.

Je suis un peu choquée par son comportement : un tel retournement de situation n'est pas sans raison, me dis-je à l'intérieur de moi.

Après cet échec, je décide de ne pas rejoindre Yeray comme prévu mais plutôt d'aller chez moi. Je ne veux pas avoir à affronter son jugement et ses inquiétudes pour le vignoble. Je sais déjà ce qu'il va me dire. Je veux simplement oublier cette nouvelle journée merdique, à croire que je les accumule.

Une fois arrivée chez moi, je m'affale dans le canapé. Je suis tellement fatigué que j'aurais pu dormir jusqu'au lendemain matin mais c'était sans compter sur ses vieux démons qui ne me quittent jamais.