Fuis-moi, je te suis ... | Carmuel

14 - L'invitation

Lorsque j'ouvre les yeux, je suis dans l'une des chambres de chez Yeray, seule. Je n'ai aucun souvenir de comment j'ai atteri ici. La dernière chose dont je me souviens c'est d'avoir été complètement sonnée par les paroles de Samuel. Je ne m'attendais pas ça, mais en même temps il avait raison, il m'a vu dans un état pitoyable et il a eu le courage de me remettre à la place. Ses paroles m'ont touché plus profondément encore que celle de n'importe qui. Mais je regrette encore une fois qu'il se soucie de moi. Je n'ai plus la force nécessaire pour le repousser encore, mais pourtant, c'est mon devoir, pour le protéger.

Je commence à avoir une forte douleur au poigné et en le regardant je vois qu'il est gonflé et commence à virer à l'écarlate. Je n'ai aucun souvenir de comment je me suis fait ça, et c'est bien le dernier de mes soucis actuellement.

Il fait encore nuit dehors, et je décide d'aller prendre un verre d'eau dans la cuisine avant de retourner me coucher.

Je fais le tour du salon, il n'y a pas grand-chose qui a changé et je reconnais quelques décorations que j'avais moi-même choisies. A cet instant je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer vivre ici avec Yeray. Je ne sais pas si, finalement, cela aurait été aussi horrible. Parce que avec ce que je vis depuis un an, cela ne semble plus aussi insurmontable. Peut-être que mes parents avait raison, ils savaient ce qu'il y avait de mieux pour moi. Si j'étais restée avec Yeray, peut-être que l'histoire serait complètement différente. La vie que me proposait Yeray n'était pas aussi horrible si l'on compare avec ce que je vis actuellement. Je n'ai jamais été aussi seule et aussi détruite, et pourtant je me disais exactement la même chose l'année dernière à Las Encinas.

Si je n'avais pas rencontré Samuel, si je n'avais pas laissé mes émotions prendre le dessus... putain non, ce que m'ont fait mes parents est impardonnable ! Me dis-je dans ma tête en voyant que mes pensées commençaient à donner raison à mes parents.

Je retourne me coucher, mais quelque temps après c'est Yeray qui me réveille en criant mon nom :

- Carla !

- Hein ? Quoi ?! Dis-je en me redressant rapidement pour m'asseoir contre la tête de lit.

- Carla est-ce que ça va ?! Tu as fait un cauchemar je crois, tu criais ?! me dit-il avec inquiétude

- Ah ! Je ne me souviens pas.. excuse-moi dis-je aussi froidement que possible. La lumière m'éblouissait les yeux et je cachais comme je pouvais mon visage.

- Vraiment ? Déjà dans la voiture quand tu t'es endormie tu étais agitée... il y a quelque chose qui ne va pas ?

- Non non rien du tout, mais ça m'arrive de temps en temps... c'est rien du tout, je vais me recoucher.

- Tu veux que je t'apporte de l'eau ou quelque chose ?

- Non merci, vraiment tout vas bien.

- Ok... si tu as besoin tu sais où me trouver, n'hésite pas.

Je lui souris en le suivant des yeux jusqu'à qu'il referme ma porte puis je soupire de soulagement.

Mes rêves ou plutôt mes cauchemars sont tellement réels et mêlent en même temps des faits et des hallucinations qu'il me faut parfois quelques minutes pour me remettre. Je ne sais pas exactement ce qu'avait entendu Yeray et s'il croyait un seul mot de ce que je venais de lui dire mais il faut vraiment que j'arrête de dormir chez lui.

Après cet épisode, je n'avais plus du tout sommeil. Je cherche un médicament pour le mal de crâne dans mon sac et une fois avalé je retourne me blottir dans les draps. Dès, que je ferme mes cauchemars reviennent encore plus fort, alors je passe la fin de la nuit à traîner sur mon téléphone jusqu'à ce que le jour se lève et que je puisse aller préparer le petit déjeuner sans éveiller les soupçons.