Fuis-moi, je te suis ... | Carmuel

25 - Les problèmes

Sans me retourner, je range les cartons de Carla dans le coffre et monte dans la voiture. Soudain, une tornade de sentiment m'envahit. Je suis incapable de comprendre ce qu'il vient de se passer. C'est le bordel complet dans ma tête, tous les évènements de cette soirée sont inexplicables, passant du bonheur à la tristesse et à la peur en quelques secondes.

La voiture est encore remplie de l'odeur de Carla, je l'imagine assise à coté de moi comme il y a quelques instants. Je n'aurais pas dû être aussi dur dans mes propos, je sais bien que ce n'est pas facile pour elle, mais c'était plus fort que moi, il fallait que ça sorte.

Je suis incapable de démarrer la voiture. Je reste assis, la tête contre le volant et je ne peux m'empêcher de penser que ses cartons qui sont à présent dans mon coffre sont une sorte de réponse à mes questions. Carla s'en va faire sa vie à l'autre bout du monde et je le savais déjà la première fois que je l'ai revu, mais cette fois-ci j'ai une partie d'elle avec moi. Je n'ai pas eu cette fameuse conversation que je voulais avoir avec elle, mais j'ai cette étrange impression d'avoir eu beaucoup plus que cela finalement. 

Je roule avec la musique à fond pour essayer de me concentrer sur autre chose que sur mes pensées. J'ai l'impression de rouler pendant des heures et pourtant en moins de quinze minutes je suis chez moi alors qu'il faut en règle générale beaucoup plus longtemps pour traverser presque toute la ville.

Lorsque j'ouvre la porte de l'appartement les bras chargés, je constate que Nano est déjà rentré, et je remercie le destin d'avoir attendu que Carla s'en aille.

- Tu étais ou Samu ?

- Dehors, répondais-je froidement en emportant les cartons dans ma chambre.

- C'est quoi ses trucs ?

- Des trucs qui ne te regardent pas, dis-je en fermant la porte à clé derrière moi.

Je dépose les cartons à coté de mon lit ce qui forme une sorte de pilier puis je vais directement me coucher alors que le jour va se lever dans peu de temps. Je ne suis pas d'humeur à affronter les questions de Nano pour le moment. J'ai besoin d'assimiler tout ce qui vient de se passer dans un premier temps. 

Demain est un autre jour, me dis-je, en ne sachant toujours pas si cette soirée avait été réelle ou non. Carla est vraiment partie ?

Comme à mon habitude j'ai beau être crevé et vouloir dormir, une fois installé dans mon lit mes pensées gambergent dans ma tête sans s'arrêter. Impossible de fermer l'oeil dans ces conditions, je vois les minutes défiler sur mon réveil et dès que je ferme les yeux j'entends la voix de Carla me dire adieu.

J'ai une folle envie de savoir quand elle rentre de Caleruega, de savoir quand elle prend son avion, de connaître les dates de ses retours à Madrid. Mais ma raison me dit d'abandonner toutes ses idées. Carla avance, construit sa vie et son avenir, sans se retourner et je dois faire de même. Elle est marquise et elle a déjà tout pour elle. Quant à moi, c'est maintenant que les choses sérieusement vont commencer. Et je dois penser à moi, à mon avenir.

Soudain, alors que j'ai l'impression de m'être endormi il y a quelques minutes à peine, j'entends les placards de la cuisine claquer et Nano s'exclamer :

- Tous les placards sont vides dans cet appartement !

Le bruit me réveil d'un seul coup, et je me redresse immédiatement. 

- Ah bon ? demande ma mère alors que je l'entends approcher de ma chambre.

- Samu pourquoi tu n'es pas allée faire les courses hier ?! crie-t-elle à travers la porte.

- Il était trop occupé apparemment, je l'ai vu revenir avec les bras chargés de cartons en plein milieu de la nuit.

- C'est quoi cette histoire Samuel ? Samu ! Tu peux ouvrir cette porte, dit-elle en secouant la poignée.