Samuel s'est endormi, je me lève et je retourne dans le salon récupérer mes habits. L'appartement est tellement silencieux. Je m'approche de la fenêtre pour observer l'extérieur, d'ici nous avons une vue imprenable sur les toits de Madrid. Dans quelques heures je serais en route pour Caleruega et je quitterais cette ville.
Ce silence me plonge dans mes pensées qui n'ont pas quitté mon esprit de toute la journée. C'est comme un énorme sac de noeud dans ma tête que j'essaie d'enfouir plutôt que de le démêler.
- Je trouve la vue magnifique la nuit.
Perdue dans mes pensées je n'ai pas entendu Samuel approcher et je sursaute violemment en entendant ses paroles.
- Désolé je ne voulais pas te faire peur ! Je croyais que...
Je ne parviens pas à entendre la fin de la phrase de Samuel car je commence de nouveau à ressentir des vertiges à cause de la frayeur que je viens d'avoir. Je m'assieds rapidement sur la chaise la plus proche de moi pour ne pas tomber.
Malgré la pénombre, Samuel remarque que quelque chose ne va pas lorsque je ne réagis pas. Il allume une lampe puis s'approche de moi :
- Tu es sûre que tout va bien ? Tu fais encore un malaise ?! Dit-il un peu paniqué par mon état.
- C'est bon ça va, déclarais-je en essayant de reprendre mes esprits.
Je garde les paupières fermées pour que la pièce tourne un peu moins pendant que Samuel attend, m'observant scrupuleusement.
- C'est passé ? demande-t-il au bout de quelques minutes.
- Un peu.
- Tu as faim ? Tu devrais manger quelque chose.
- Je ne sais pas, avouais-je car j'avais toujours ce noeud dans l'estomac qui m'a empêché d'avaler quoi que ce soit de toute la journée.
- Je ne suis pas allé faire les courses mais je pense qu'il doit rester des pates, je peux faire des macaronis ? déclare-t-il timidement.
Je ne réponds rien, mais je l'entends s'affairer dans la cuisine pendant que j'attends que ma tête arrête de tourner pour le rejoindre.
Nous commençons à manger dans une atmosphère pesante. Il me parle de chose futile mais j'ai un peu la tête ailleurs. Je repense à la fois où nous avions mangé ses macaronis à Las Encinas, où Samuel me parlait de « la prochaine fois » que nous en mangerions. À l'époque nous espérions avoir un avenir ensemble.
- Ils ne sont pas bons ?
- De quoi ? Dis-je en sortant de mes pensées.
- Tu n'as presque pas touché à ton assiette, dit-il un peu ennuyé.
- Désolé, je réfléchissais.
- Tu réfléchis toujours beaucoup trop Carla, s'exclame Samuel en essayant de rigoler pour détendre l'atmosphère.
Il prend un macaroni dans mon assiette avec sa fourchette et me l'approche de la bouche.
- Mange, je vais quand même pas te nourrir si ? Dit-il avec son petit sourire en coin.
J'ouvre la bouche et je ne peux m'empêcher de rire en voyant que Samuel n'est pas doué pour viser ma bouche avec sa fourchette.
Nous continuons finalement le repas d'une façon plus détendue. Nous débarrassons la table, puis je regarde l'heure et déclare :
- Je ferais mieux d'y aller maintenant, merci pour les macaronis et merci pour ce soir.
- Maintenant ? Dit-il choqué.
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Fuis-moi, je te suis ... | Carmuel
Hayran Kurgu~ ~ ~ ~TOME_1 ~ ~ ~ ~ Un an après le drame au Teatro Barcelo, que sont devenu les élèves de Las Encinas ? S'ils sont tous plus ou moins resté en contact, malgré les sourires de façades, comment s'est réellement déroulé leur vie depuis qu'ils ont tou...