Chapitre 4

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Une fois devant la porte de « ma » chambre, je remarque que la cravate ne pend plus autour de la poignée. Je note pour future référence que c'était sûrement le signe qu'ils étaient à deux là-dedans.

Je l'ouvre et n'y trouve personne. Peut-être est-elle allée se laver ou s'apprêter. Je consulte l'heure sur ma montre, qui indique onze heures quart. Je meurs d'envie d'aller récupérer mon téléphone, mais j'ai peur que, si je ne respecte pas sa demande, il m'humilie devant tout le monde en racontant où j'étais la nuit passée. Et dire que je me suis endormie en lisant un livre tel que Pride and Prejudice, c'est honteux. Ça ne m'était jamais arrivé. Je me demande ce qu'il fait avec un classique de la littérature anglaise dans sa bibliothèque. Je ne l'imagine pas du tout comme le type qui se cultive pendant son temps libre. Non, je le vois plutôt comme un Casanova qui perfectionne ses performances avec une fille différente chaque soir.

Je m'allonge sur mon nouveau lit et fixe le plafond. Je sens que la journée va être longue. Pourquoi ai-je absolument insisté pour venir plus tôt ? Pour te familiariser avec le campus. Mais bon c'est vrai que les mecs sont plus intéressants. Non, pas vraiment. Quoique c'est vrai que j'aimerais apprendre à connaître Will. Il a l'air d'être un garçon sérieux et attentionné. « Un garçon » ? T'as quel âge ? Six ans ? Oh toi ça va hein, ne la ramène pas. Mais Max, lui, est intrigant. Il ne devrait pourtant pas m'intriguer. Mais c'est le cas.

La porte s'ouvre violemment et vient claquer contre le bureau. Je me redresse, frisant la crise cardiaque. Une grande tornade rousse envahit l'espace en gesticulant. Elle referme la porte et se tourne vers moi.

–Camichou, tu ne vas jamais deviné ce qu'il m'est arrivé ! s'exclame-t-elle en se laissant tomber dramatiquement sur son lit.

Je grimace. « Camichou » ? Ça sort d'où ça sérieux ? Argh, en plus, je sais pertinemment ce qu'elle va me dire et je redoute plus que tout qu'elle commence à me raconter ses exploits de la nuit...

–Je n'aurais jamais deviné que la fac pouvait être si merveilleuse ! Camichou, je pense que je suis amoureuse.

Oh non. Par pitié pas ça. Elle s'allonge sur le côté pour me regarder de ses grands yeux bleus.

–Doug est juste parfait. Et on se voit encore ce soir !

Elle se rallonge.

–Que la vie est belle !

Ok... Elle a fumé ou quoi ? Je comprends qu'elle puisse être heureuse, mais à ce point-là ! Et surtout après une seule nuit. Je ne peux m'empêcher de sentir une pointe de jalousie. Si seulement mes parents m'avaient laissé le choix, je serais allée étudier loin. Loin du voisin que j'ai idéalisé pendant des années et ce tout ça pour arriver à ce moment précis, où il a préféré me laisser pour aller avec un genre de bimbo. En plus, rien que de savoir que je vais devoir les supporter ce soir, à la mini soirée de la fraternité, j'ai encore moins envie d'y aller.

–Il me faut des nouveaux sous-vêtements. Des nouvelles nuisettes. Des robes, des jupes, des talons !

Elle saute sur ses deux pieds. Son énergie me fait d'autant plus déprimer. D'où elle arrive à être aussi réveillée ?

–Toi aussi par la même occasion. C'est pas avec tes jeans, tes bottes ou tes baskets que tu vas arriver à choper quelqu'un !

Initiation [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant