Chapitre 23

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Après m'être à peine éloignée de quelques pas, je remarque quelque chose à côté du corps d'Eliott.

Je m'approche et aperçois une hache. Il a dû la laisser tomber quand il m'a aperçue. J'observe mon couteau, et puis à nouveau l'autre arme. Je soulève celle-ci et décide de la laisser à terre, c'est beaucoup trop lourd. On dirait que je vais devoir me contenter du couteau.

Je scanne les environs, sans succès. En même temps, pour ne pas entendre mon altercation avec Eliott, ils doivent être quand même vachement éloignés.

Deux solutions s'offrent à présent à moi : fuir ou me battre. Bien que mon exploit me rende fière (enfin, pas dans le sens fière d'avoir anéanti quelqu'un, mais fière d'avoir su opter pour ma survie), ça reste un gros coup de chance. Autant ne pas tenter le diable.

Je regarde autour de moi. Il n'y a que des arbres à perte de vue. Je n'aurais jamais pensé que la forêt pourrait autant m'angoisser. Pourtant, c'est le cas. Où se trouve cette fichue sortie ?!

J'utilise le corps inanimé d'Eliott comme repère et je me dirige dans ma direction originelle. Elle débouchera bien quelque part...

Quelques hiboux hululent. Des corbeaux croassent. Peu d'oiseaux sifflent. À chaque bruit suspect, je me retourne, sur le qui-vive.

N'ayant pas grand chose à quoi penser, mon cerveau me renvoie un signal de douleur venant de mes pieds. Toutes les brindilles, pierrailles, orties et j'en passe, s'enfoncent dans ma chair et me font souffrir le martyre à chaque pas. J'aurais dû me faire des chaussures avec le pull d'Eliott. En plus, toutes les saletés qu'il y a à terre me font frissonner. D'ailleurs, il fait frais. Je frissonne de plus belle. Reprends-toi Cam ! Ce n'est pas le moment de flancher. En plus, tu te déconcentres.

Je ne sais pas combien de temps je continue à marcher, essayant de me ramener constamment au moment présent, mais c'est long. Je suis fatiguée et j'ai l'impression que cette nuit ne finira jamais.

Finalement, j'aperçois au loin la fin de la forêt. Bingo ! Enfin, à moitié... Je ne sais pas ce qu'il y a après et mon petit doigt me dit qu'il ne s'agit pas de la civilisation.

Je jette un dernier regard derrière moi. Personne ne me suit. Je dois tenter le tout pour le tout. Je prends quelques profondes respirations et me mets ensuite à courir du plus vite que je le peux. J'ai l'impression d'être dans le désert, car plus j'avance, plus la fin de la forêt s'éloigne. Assez paradoxal et très ennuyant.

Je continue à courir malgré le manque de souffle qui commence à me comprimer la poitrine. Au moins, je finirai bien par atteindre le bout.

Soudain, une douleur s'immisce dans la plante de mon pied droit. Un gémissant plaintif s'échappe de la gorge sans que je n'aie eu le temps de l'arrêter. Je m'arrête net, sautillant sur mon autre pied.

–Merde, merde, et merde !

Je m'appuie sur contre un arbre et observe ce qui me fait mal, sans grand succès vu le manque de lumière. Je passe mes doigts le long de l'intérieur de mon pied et rencontre immédiatement une substance visqueuse, à l'odeur métallique. Je grimace. Génial. Il ne manquait plus que ça ! J'ai dû me couper avec quelque chose. Ça me fait tellement mal !

Encore une fois, grâce à mes connaissances cinématographiques, je sais ce que je dois faire. Enfin, plus ou moins. J'espère... À l'aide du couteau, je découpe un pan de ma robe. J'enroule ensuite celui-ci autour de mon pied, en faisant en sorte que cela appuie sur la plaie. Il faut la compresser. Je me retiens de hurler. Moi qui suis si intolérante à la douleur...

Initiation [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant