Chapitre 21

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Je m'avance dans le couloir sombre, plaquée contre le mur de gauche. Mes talons claquant contre le sol est l'unique chose que l'on entend.

J'atteins enfin les escaliers. Je me demande ce qu'il se trouve derrière la porte. Je me force à prendre de grandes inspirations. Je ne peux pas laisser la peur m'envahir. Pas maintenant...

Je monte les marches une à une, tendant l'oreille. La porte est entrouverte. Une faible lumière s'y échappe. Respire, Camilla, respire... Je pose ma main dessus et l'entrouvre. Celle-ci émet un grincement si audible qu'on pourrait l'avoir entendu depuis l'extérieur. Super. J'ôte ma main de la porte et constate que j'ai laissé une marque rouge. Je me regarde, horrifiée. J'ai le sang de Dan partout sur moi, à cause du manche du couteau. Ils pourront m'accuser de ce meurtre là aussi comme ça.

Je prends une dernière profonde inspiration, passant en revue une dernière fois mes techniques de self-défense.

Je passe ma tête dans l'entrebâillement avant d'avancer. Je débouche dans le couloir principal de la maison. Je n'ai aucune idée d'où aller. Enfin, jusqu'à ce que la soirée avec Max me revienne en tête. Il m'a emmenée dehors. Normalement, c'est la porte au fond du couloir.

J'observe ce chemin rempli de portes. N'importe laquelle pourrait subitement s'ouvrir sur des silhouettes armées et dangereuses. Je ne peux pas prendre le risque de courir. Il faut que j'avance en faisant le moins de bruit possible.

Suis-je entrain de faire un mauvais rêve ? Parfois, les miens semblent assez réalistes. Je me pince, mettant du sang sur mon bras au passage. Nope, c'est bien réel. On est dans mon enfer personnel. Toutes les fois où j'ai rêvé que je me faisais poursuivre par des types qui voulaient me tuer... C'était peut-être prémonitoire en fait.

Je m'engage dans le couloir, sur la pointe des pieds. Je passe entre autres devant la porte de la cuisine, puis celle de la salle de bain. Rien à signaler. J'atteins la dernière porte. Le moment de vérité... J'abaisse la poignée et l'ouvre. L'air frais me surprend. Des frissons m'envahissent.

Il fait étonnement clair. Je lève les yeux au ciel et observe la pleine lune qui éclaire tout si fort autour de moi.

Puis, je jauge les environs. Il n'y a toujours personne. Bizarre. Mais positif ! Enfin, je pense...

Il faut que je passe par la forêt. Ça sera plus discret que de courir à travers champ. Je m'avance vers elle. Mais, à mi-chemin, j'entends du bruit derrière moi.

Je me retourne en sursautant et en serrant fort le couteau dans ma main.

Trois silhouettes toutes de noir vêtues, capuche relevée, cachées par leur sempiternel masque, me font face. Il y a sûrement Will, bien sûr. Eliott. Il ne reste que deux possibilités pour la dernière personne. Max ou Valentino. Je choisis de croire qu'il ne s'agit pas de Max.

Chacun d'eux tient une hache dans les mains.

Celui du milieu fait un pas en avant.

–Bonsoir, ma puce.

Lui, je sais qui c'est maintenant.

–Will.

–Je vois que tu as trouvé une arme.

Je ne réponds pas. Tant de haine m'envahit en ce moment.

–Et je vois que tu portes la robe que j'ai choisis rien que pour toi ! Elle te va à merveille. J'ai opté pour du rouge pour une raison particulière: de cette façon, on ne verra pas ton sang se répandre lorsque j'abattrai ma hache contre toi.

Ses mots me glacent le sang. Je ne vois pas sa bouche, mais j'entends son grand sourire dans sa voix.

–Pourquoi ? craché-je.

Il part dans un rire effrayant.

–Parce que c'est comme ça que se termine toujours l'Initiation. Une bonne vieille chasse à l'homme, enfin, chasse aux salopes.

Je repasse ses mots dans ma tête. « C'est comme ça que se termine toujours l'Initiation. »

–Comment ça, toujours ? Je pensais que vous aviez laissé repartir les filles.

–L'air ne fait pas la chanson. Il fallait bien qu'on garde ce secret. Enfin, jusqu'à ce que Doug pète un câble. Parce que, tu vois, on n'est à chaque fois que trois pendant ce rituel final. Tout le monde n'est pas dans la confidence. J'ai voulu remplacer Doug par Dan, mais il s'y est opposé et il a voulu te libérer. Enfin, ce n'est pas grave. C'est un dommage collatéral. Max l'a remplacé.

Je suis frappée par sa dernière phrase. Au même moment, une des silhouettes toute la tête sur le côté.

–Max ?!

–Tu pensais vraiment qu'il était de ton côté ? ricane Will.

Lui répondre ne lui apportera qu'une trop grande satisfaction, je me tais donc. Je n'en reviens pas qu'il m'ait mené en bateau.

–Donc vous avez décidé de me tuer et de me faire porter le chapeau pour tout. Vous croyez vraiment qu'on va vous croire ? Je n'ai jamais été folle, ni commis de crime. Vous avez une cave capitonnée et cinq cadavres sur les bras.

–Oh, mais si ça ne fonctionne pas, avec mon argent, je pourrais même les convaincre de faire disparaître toutes les preuves et brûler le reste des os / des cadavres à l'acide. Il n'en resterait rien. N'essaie pas de nous dissuader d'une quelconque manière, on a déjà pris notre décision.

Sur le qui-vive, j'espère les observe tous les trois. Ils ont l'air si fiers, le dos droits, la hache à la main.

Will fait un pas en avant, en criant :

–Bouh !

Je fais un bon en arrière et retiens un cri.

Ils se mettent tous à rire de ma réaction. C'est bien, foutez-vous de moi. La colère ne fera qu'alimenter la rage qui bouillonne en moi. Me prendre pour une fille sans défense est leur erreur. Enfin, s'ils se mettent à trois sur moi, c'est sûr que c'est compliqué. Mais, en tête-à-tête, y a moyen que je m'en sorte. Pas vrai ? Non ? Argh... Will interrompt le fil de mes pensées :

–On te laisse une avance de 20 secondes. Ce n'est pas drôle si on ne te traque pas. Cours, cours le plus vite que tu peux. Mais tu ne pourras pas nous échapper.

Je les observe. Ils me laissent une avance. Où c'est encore une de leur ruse ?

–20, 19, commence Will.

Je comprends qu'il est sérieux. Je trouve les talons et commence à courir. En chemin, je me débarrasse de mes escarpins. Ça aurait été plus facile pour les frapper, mais je ne peux pas prendre le risque de ne pas être cachée quand ils se mettront à ma poursuite.

–16, continue-t-il.

Je m'engouffre dans la forêt. Je n'entends plus son décompte. Je ne sais pas s'il l'a arrêté ou s'il tiendra sa parole. Peu importe, je continue à compter dans ma tête afin de savoir plus ou moins à partir de quand je dois impérativement être silencieuse.

12.

Si je m'en sors, je n'irai définitivement plus dans la forêt après un long moment ! Il fait beaucoup plus sombre.

8.

Je me mets à prier, prier pour que je m'en sorte. Parce que c'est clair, à l'issue de cette nuit, il n'en restera qu'un (enfin, façon de parler).

5.
4.
3.
2.
1.
...
0.

Que la chasse commence...

Initiation [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant