Chapitre 19

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Il m'emmène dehors. Je prends une profonde inspiration lorsque une brise légère nous entoure. Cela fait si longtemps que de l'air frais n'avait plus chatouillé mes narines...

Une étendue d'herbe verte entoure la maison rustique en bois. C'est étrange, ça ne correspond pas aux portes quasi blindées qu'il y a l'intérieur. Ni à sa cave de l'enfer d'ailleurs. Elle me fait un peu penser à ces garçons. Douce et belle à l'extérieur, mais remplie de secrets et d'endroits horribles à l'intérieur.

Au loin, à une trentaine de mètres, je distingue une forêt remplie de haut sapins à perte de vue. Serait-ce la même où ils ont.... où ils ont enterrés Doug ?

Une vilaine sensation s'empare soudainement de moi. Cette... cabane, cette forêt, tout cela alourdit l'atmosphère déjà plutôt glauque. Pourquoi l'ai-je suivi si aveuglément déjà ? Tes hormones en ébullition, telle une ado pré pubère, peut-être. N'en rajoute pas. Si j'y passe, toi aussi. Oups.

La lune forme un épais croissant dans le ciel. Elle éclaire l'endroit d'une faible lumière.

Je découvre une couverture d'une bonne épaisseur posée dans l'herbe, ainsi que quelques coussins.

Il s'installe dessus, allongé, sur les coudes.

Je le rejoins, et m'assieds en gardant une certaine distance entre nous. Il fait frais, mais l'adrénaline, encore omniprésente dans mon corps, me permet de ne pas avoir froid. Pour le moment du moins.

J'observe les nombreuses étoiles qui garnissent le ciel. C'est magnifique.

Après quelques minutes, il brise le silence :

–C'était pas... Je voulais pas....

Je le regarde, intriguée.

–J'voulais pas qu'on t'amène ici.

Je ne sais pas si je dois prendre ça comme un compliment ou non. J'attends qu'il poursuive. Il paraît assez ennuyé de devoir s'exprimer. J'en déduis que ce n'est pas dans ses habitudes. Remarque, ce n'est pas dans les miennes non plus.

–En gros, Will a toujours été jaloux de moi. On se connaît depuis qu'on est gosse et on a toujours été en compétition lui et moi. Qui aurait les meilleures notes, qui organiseraient les meilleures soirées, qui se taperait la plus canon.

Il fixe le ciel, l'air contrarié.

–Sauf que depuis quelques années, sur ce dernier point, il a eu moins de chance que moi. Chaque fille qu'il ramenait finissait par venir vers moi. Je peux te dire que ça l'a bien énervé.

Il soupire en secouant la tête.

–Il a décidé de créer sa fraternité en entrant à l'université. Il a accepté Doug, qui suivait un cours avec lui, moi et Eliott. Quelques jours après, il a mis en place ce « jeu » pervers, histoire de lui, garder le contrôle sur qui il voulait. Depuis, chaque soir, à la soirée de la rentrée, il choisit une première année. On l'enlève et on lui fait peur. Je te cache pas qu'au début, c'était fun, mais seulement parce qu'il n'était jamais allé aussi loin.

Il pose son regard sur moi. Je l'observe également.

–Seulement il t'a vue toi et il s'est dit que tu serais à lui, d'une manière ou d'une autre.

Il regarde brièvement le sol, juste le temps de dire ces phrases :

–Après, il m'a vu moi et le regard que je posais sur toi. À l'instant où tu as franchi cette porte, on t'a tous remarquée d'ailleurs. Mais j'ai été plus interpellé que les autres. Et quand tu t'es endormie dans mon lit, je t'ai observée. Tu semblais si paisible et si innocente...

Initiation [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant