Chapitre 22

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Le décompte est terminé. Les arbres défilent autour de moi. J'ose un rapide regard en arrière. Au loin, je vois trois points noirs s'agrandir au fur et à mesure. Je me remets à courir. Heureusement, je n'ai jamais été nulle en course. De plus, c'est vrai ce qu'ils disent, en cas de danger, l'adrénaline qui se libère dans votre corps décuple vos capacités. Mais le plus difficile reste de ne pas commettre l'erreur des débutants: me prendre les pieds dans une racine qui dépasse. Mes pieds qui, d'ailleurs, sont nus et me font un mal de chien. Il faut que j'arrive à passer au-dessus de cette douleur. Ils ont pire en tête me concernant...

J'ai l'impression de me retrouver dans un remake de Final Girl, un film dans lequel une bande de mecs enlèvent chaque année une fille pour la poursuivre dans les bois, armés de haches, de couteaux et j'en passe, pour la tuer. Sauf que la protagoniste s'est entraînée pour les battre, pas moi. À part quelques notions de self-défense, je n'y connais rien. Enfin, il va falloir faire avec.

Il fait noir, mais la pleine lune diffuse une lumière qui transperce les branchages et éclaire en partie le sol. Dans d'autres circonstances, j'aurais aimé cette atmosphère. Mais je ne suis pas prête de retourner dans une forêt si je m'en sors.

Je commence à fatiguer. Je n'ai plus de souffle. Mon cœur bat à cent à l'heure. Je dois m'arrêter... Je pousse un dernier sprint, en zigzaguant entre les arbres, et je me cache derrière un tronc épais.

Ma respiration est bruyante. Trop bruyante. Je pose ma main sur ma bouche pour m'empêcher d'émettre le moindre son.

À part le son ponctuel d'un hibou, je n'entends plus rien. Je sors le miroir que j'avais caché et je tente de regarder derrière moi grâce à lui. Il faut juste que je fasse attention à ce qu'aucune lumière ne se répercute dessus. Malheureusement, celui-ci est trop petit. Je le range à nouveau et me concentre sur mon audition. Après de longues secondes, j'entends des branchages craquer sous leur poids, à environ une dizaine de mètres de moi, ce qui me fait sursauter. Tout résonne dans la forêt. Presque comme si les arbres protégeaient le monde extérieur de ce qui se passe ici.

J'entends un des garçons siffloter au loin.

–Je connais la forêt comme ma poche. Tu ne sauras pas aller bien loin. Surtout que nous sommes trois et toi, tu es toute seule ! ricane Will.

Son rire se répercute dans la forêt en écho. Ça me glace instantanément sang. Eliott poursuit :

–Je t'avais bien dit que je t'aurais un jour, ma belle. Et quand on t'attrapera, t'imagines même pas les choses qu'on te fera.

Je n'ai pas intérêt à me faire attraper. Eliott est un pervers sadique, Will est un vicieux et Max... un menteur.

Je n'ose pas me décaler pour regarder s'ils avancent dans ma direction. Ils continuent à siffler, comme s'ils appâtaient une bête. Au fond, c'est ce que j'ai toujours été pour eux, leur proie.

–Même si tu t'échappes, tu te rappelles le sang qu'on a récolté, dans la fiole ? On l'a éparpillé partout sur la poignée de la pelle, et autour d'où Doug repose. Le pauvre. Il aurait dû savourer ce moment avec nous ! Si on plonge, on t'emmènera avec nous !

Ah quand ils ont dit qu'ils allaient tout me mettre sur le dos, ils comptaient le faire à fond. Je me demande ce qu'ils voulaient en faire de base. Rien de bon je suppose. Enfin, je suppose qu'ils n'ont pas tué Doug exprès pour avoir un moyen de pression sur moi ? Voilà que je me mets à douter de tout maintenant. Il faut que je continue à avancer.

Je réfléchis et trouve une idée. Merci à toutes ces séries et films d'action que j'ai regardés... Je ramasse à mes pieds un rondin de bois assez léger. Je me retourne et je le balance à ma gauche, entre eux et moi.

Initiation [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant